Wase, un succès de l’Israël Walley

Wase, un succès de l’Israël Walley

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Daniel Rouach, professeur en intelligence économique à l’ESCP Paris et à l’université de Tel-Aviv, revient sur les particularismes qui font le succès de l’Israël Valley.

Le cas de Waze est-il représentatif de l’innovation à l’israélienne ?

Les ingénieurs formés ici ont une approche très pragmatique. Waze a été créé pour résoudre un problème de la vie quotidienne. Et même si l’entreprise a été rachetée par Google et a ouvert un siège aux Etats-Unis, c’est toujours en Israël que ça se passe. Ses fondateurs sont devenus de multi-investisseurs dans de nombreuses start-up ici, et ça aussi, c’est très typique de cet écosystème.

Vos élèves israéliens sont-ils différents des français ?

Les élèves français commencent par questionner les énoncés des problèmes, alors qu’ici les étudiants vont droit au but, ils sont très concrets. Si une idée venue d’ailleurs leur semble la meilleure, ils l’intègrent et la développent. Il n’y a pas, comme en France, de syndrome «NIH», «Not Invented Here» («pas inventé ici»). La religion joue aussi un rôle primordial dans la formation des esprits. Dans les Yechiva, l’étude du Talmud se fait toujours en binôme, c’est une sorte de ping-pong permanent entre deux étudiants. Cela entraîne un état d’esprit critique très caractéristique, qui rend parfois les ingénieurs israéliens difficiles à vivre ! Ils peuvent être trop directs.

L’armée joue aussi un grand rôle dans l’innovation ?

Oui, Tsahal est en quelque sorte la méga-université d’Israël. Tous les jeunes passent par le service militaire, de leurs 18 à leurs 21 ans et ils y sont repérés en fonction de leurs aptitudes. Les plus brillants peuvent être aiguillés, par exemple, vers l’unité de recherche 8.200 de l’armée, consacrée à la cybersécurité. D’une manière générale, la R&D du pays est fortement portée par les besoins en sécurité : on peut penser au «dôme de fer» antimissile qui recouvre Tel-Aviv, à la recherche de pointe dans les drones, dans les biotechnologies…

Comment sont articulées l’université et l’industrie ?

Le pays a développé des universités de premier plan, réalisant pour cela de lourds investissements : l’institut Weizmann, ou encore le Technion à Haïfa. Comme à Stanford, cette université est aussi un centre de R&D, qui intègre un institut de transfert technologique. Son rôle est d’aider les chercheurs à transformer leur recherche fondamentale en recherche appliquée, et donc en brevets qui profitent aux entreprises. C’est un des secrets de cette «Israël Valley».

Daniel Rouach est co-auteur également d’Israël Valley (Ed. Pearson).

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