Une fois par an, les Juifs d’origine tunisienne célèbrent, le jeudi soir précédant la lecture de la parachat Yitro, la se’oudath Yitro, le festin de Yitro. Il existe une allusion à cette cérémonie familiale dans la paracha quand Aharon et les anciens d’Israël viennent partager le repas de Yitro (Exode 18,12).
Origines :
La tradition de cette fête est ancienne et profondément ancrée dans la communauté juive de Tunisie. Une des légendes raconte qu’une épidémie de diphtérie sévissait au 19ème siècle et causait de nombreuses victimes surtout chez les petits garçons. Cette maladie cessa brusquement ses ravages la semaine de la parachath Yitro. Depuis, afin de commémorer ce miracle, on institua un grand festin le jeudi soir précédant la lecture de la parachath Yitro. Certains pensent que ce repas a été institué en l’honneur des jeunes garçons qui ont pour la première fois l’occasion de lire les Dix Commandements.
Déroulement:
Le jeudi, dans la tefila de Cha’harit et de Min’ha, on ne récite pas Ta’hanoun. Ce repas est un festin en miniature qui est servi dans des ustensiles de taille réduite que chaque famille possède et n’utilise qu’à cette occasion. Dans tous les repas familiaux tunisiens (le michté de Pourim, le repas de fin de jeûne de Kippour…), on prépare un macoud (omelette frite d’œufs et de poulet) et une poule farcie. A la se’oudath Yitro, le poulet est lui aussi miniature et on cuisine donc des pigeons, un par garçon de la famille. Le soir, on dresse une table décorée et illuminée de petites bougies.
On commence par une étude de la Tora et du Zohar puis Bar Yo’hay. Ensuite, on sert les mets dans des couverts miniature en verre ou en argile. Au dessert, on sert des douceurs et des petits gâteaux (yoyo, makroudes, manicotti, fruits et légumes en pâte d’amandes…). Les rabbins de Tunis ont tenté de lutter contre cet achat massif de pigeons qui était source d’une inflation temporaire, conseillant d’utiliser des coquelets.
Dans la hara de Tunis dans les années 1950, on éditait une « Ouarkate Yitro » dans laquelle étaient écrites toutes les bénédictions que les enfants qui allaient au Ketèb (Talmud Tora ) devaient avoir appris. Pendant ce repas, ils devaient les réciter, chacun selon son niveau d’étude. Cette feuille a été rééditée en Israël par le Makhon Aberman de Lod, avec l’aide du Gaon Rabbi Méir Mazouz. Elle est disponible à Paris auprès de l’association Kissé Rahamim.
La communauté de Djerba fête également se’oudath Yitro (Brit Kéhouna Orah Haim lettre samekh n°17 ).