Cette histoire est rapportée par le rav Beifuss chlita dans le feuillet Mimichnata chel Torah, par le protagoniste du récit, rav Reich chlita :
La difficulté des personnes hospitalisées en isolement dans les hôpitaux d’Israël était connue. Les malades du Covid-19 qui étaient hospitalisés passaient des journées et des nuits éprouvantes, au cours desquelles ils luttaient pour chaque respiration, espérant se tirer d’affaire, alors qu’à droite et à gauche, des malades étaient intubés, et même mouraient, que D’ préserve…
L’un d’eux était le rav Reich. Allongé dans son lit dans ce service, avec un appareil mesurant l’oxygène à ses côtés, il tentait de respirer à grand peine. Il réussit quelque peu, mais d’un instant à l’autre, sa respiration devenait de plus en plus laborieuse. À ces instants, décrit-il, il pensa aux millions de personnes qui circulaient dehors et respiraient sans difficulté, oubliant que la respiration de l’homme ne va pas de soi et que c’est un cadeau du Maître du monde !
Dans la soirée, il ressentit que la tâche de respirer devenait de plus en plus difficile, et exigeait un grand effort de sa part. Oui, cette action simple que nous réalisons plusieurs fois par minute sans y penser, exigeait de lui une véritable concentration et des forces. Il observa le lit à ses côtés, et se rappela que quelques heures plus tôt, un homme qui souffrait de la même maladie, y était allongé. Son état se détériora au point qu’on le conduisit dans l’unité des soins intensifs, sous assistance respiratoire et coma artificiel. Or, notre homme était déterminé à ne pas subir le même sort.
D’un autre côté, il avait du mal à respirer, chaque respiration lui coûtait beaucoup d’efforts. Il appuya sur la sonnette pour appeler à l’aide, et une infirmière lui suggéra de mettre le respirateur au maximum. « J’ai déjà appuyé sur le maximum, répond le rav Reich, et je respire encore avec peine ! Que faire ?!»
«Voulez-vous être intubé ? » proposa l’infirmière, pour le soulager. «Oh, non, surtout pas ça ! répondit-il. S’il n’y a pas le choix, d’accord, mais a priori, passer à l’intubation… Beaucoup ont été intubés et n’ont jamais respiré ensuite ! » «Alors essayez de continuer avec l’oxygène encore un peu, » suggéra l’infirmière, et il décida de s’efforcer dans ce sens…
Pendant de longues heures de la nuit, il fit des efforts pour respirer. L’oxygène à ses côtés l’aida, et il avait beaucoup de temps pour réfléchir…Il pensa au sens de ce texte de nos Sages : « Que tout ce qui respire loue Hachem » ; en effet, chaque respiration est une histoire, chaque prise d’oxygène est un événement. Il se remémora ce qui était advenu dans le service la veille : un Juif ne respirait plus et eut besoin d’une réanimation, qui lui sauva la vie. Le lendemain matin au réveil, il s’écria : Modé ani Lefanékha… chéhe’hezarta Nichmati avec émotion et joie, avec une ferveur intense, comme dans la prière de Ne’ila de Yom Kippour !
Ce Juif récita ensuite Elokaï Nechama en remerciant Hachem de lui avoir restitué son âme. Il pleurait à chaudes larmes, et tout le service l’observa avec émotion. En effet, le fait de récupérer son âme chaque matin ne va pas de soi, c’est un miracle extraordinaire. Il nous incombe donc de remercier le Maître du monde, de nous réjouir du mérite de vivre !
En réfléchissant à ces idées, alors que sa vie était en suspens, il ressentit soudain une envie de danser. Lorsqu’il comprit que quelques heures plus tard, il pourrait être intubé, il ressentit soudain une grande joie et un bonheur et s’engagea à faire le récit de la délivrance de Hachem lorsqu’il serait délivré, pour remercier Hachem de Sa bonté et de Ses prodiges.
Lorsqu’il s’attarda, avec douleur, sur l’option de passer au stade de l’intubation, d’où l’issue était incertaine, il vit sa famille accompagner son cercueil et pleurer sa disparition avant l’heure. Soudain, comme un rayon de soleil qui éclaire l’obscurité, une pensée lui traversa l’esprit : toute la vie, jusqu’à présent, n’allait pas de soi, c’est un cadeau d’un Père généreux. Les respirations qu’il a faites jusque-là, la famille qu’il a eu le privilège de fonder, les amis, la communauté, ce sont tous des cadeaux de valeur, dont il a bénéficié gracieusement !
À cet instant, les sombres pensées qui lui avaient traversé l’esprit furent remplacées par une vague de joie, des pensées de bonheur et d’allégresse, du mérite de vivre, d’être né de parents juifs, d’accomplir tant de Mitsvoth, d’avoir le privilège de réaliser la volonté du Créateur, de Le remercier et de Le louer ! Il eut à l’esprit des phrases extraites de la tefila, qu’il récitait depuis des dizaines d’années sans en approfondir le sens. Il saisit soudain le sens de celle-ci : « Oui, Béni soit notre D’ Qui nous a créés en Son honneur et nous a distingués de ceux qui errent ! » Quel bonheur et quelle joie ! Grâce à ces pensées positives, son cœur était allègre et son esprit s’emplit de positivité. Il ressentit soudain qu’il avait une chance de se lever !
C’est ce qu’il fit : il se leva, puis récita les bénédictions du matin sur un ton joyeux, mit même les Tefilinnes et pria ! Tout ceci, grâce aux forces qu’il avait déployées !
L’après-midi, lorsque le médecin lut dans les notes de l’infirmière que M. Reich pourrait avoir besoin d’une intubation, il lui demanda des explications. « Hier, vous avez demandé une assistance respiratoire, et aujourd’hui, vous êtes déjà debout et circulez dans le service ?! »
« Oui, répondit-il sur un ton joyeux. J’ai passé un début de nuit difficile, mais par la suite, c’était extraordinaire, ma pensée a basculé. Je n’ai plus besoin d’assistance respiratoire, le Maître du monde m’a donné la vie !»
Le rav Reich ajouta : « Chaque père veut prodiguer du bien à ses enfants et le gâter, mais s’il remarque que le visage de son fils est sombre, alors, il n’a plus envie de lui donner…Mais lorsque ses enfants sont joyeux, le remercient et sont contents d’être ses fils, il est heureux de leur prodiguer des bienfaits avec largesse ! »
Pour échapper à tout malheur, il suffit d’adopter cette approche : « Aussi, avec joie, vous vous mettrez en marche » : nos Sages nous enseignent que par la joie, un Juif peut échapper à tous les malheurs et épreuves. Lorsqu’un Juif est heureux, il ouvre une possibilité pour l’influx divin de se déverser, il obtient des forces et une puissance lui permettant de se hisser à des hauteurs inégalées, d’échapper à tout mal et de réussir extrêmement bien !
Chers frères, c’est le moment de faire appel à la faculté de la joie. Réfléchissons chaque jour au bonheur d’être juifs, d’être les enfants du Maître de l’univers, au fait que nous vivons, respirons, sommes en bonne santé et actifs. Plus nous intégrons la joie dans notre vie, avec un sourire aux lèvres et un éclat dans le regard, avec de la joie dans le cœur et dans l’esprit, plus nous mériterons que le Maître du monde nous ouvre Son trésor, nous sauve de tout mal et nous accorde la réussite dans toutes les domaines !