Un mensonge forwardé 150 mille fois par BDS devient vérité

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Illustration : Re’hov Ben Yehouda après l’attentat du 

La marche du retour et le retour du refoulé

Le « peuple palestinien » est constitué de gens qui déclarent avoir eu un ancêtre vivant sur le territoire de la Palestine mandataire pendant une période inscrite dans les deux ans qui ont précédé la déclaration d’Indépendance d’Israël, le 15 mai 1948. À la même date, il était prévu qu’un État arabe de Palestine voie le jour, mais la Ligue arabe l’a refusé, au nom des Arabes locaux, qui s’identifiaient comme « Arabes » tout court, ou Syriens du sud.

De ce refus date le plus long conflit depuis la Guerre de Cent ans, un conflit irréductible puisque le « peuple palestinien » n’existe qu’à travers l’amour inconditionnel que lui portent les antisionistes et que cet amour excède de très loin l’influence de l’histoire et du Droit international sur le réel.

Le peuple palestinien n’a d’autre histoire que celle qui a commencé en 1967, lorsque l’État juif est sorti victorieux de l’annihilation que lui promettait l’Égypte. Alors il s’est construit, et continue de s’inventer en permanence sur des calques de l’histoire juive : la Naqba, la catastrophe originelle, est l’indépendance d’Israël, élevée en miroir de la Shoah. Quant à la Marche du retour, elle veut s’accaparer « le droit au retour », qui permet aux Juifs de recevoir automatiquement la nationalité du seul État juif de la planète. En France, on dit « plus jamais ça » et des « loups solitaires à antécédents psychiatriques » tuent des Juifs parce qu’ils sont juifs. Israël a pris la mesure concrète d’accueillir tous les membres du peuple juif, afin qu’ils ne dépendent plus de gouvernements indifférents ou hostiles en cas de persécution.

La marche du retour a été initiée par le Hamas, le 30 mars 2018, dans la Bande de Gaza. Elle consiste à envoyer, tous les vendredis, des manifestants armés briser la clôture de sécurité pour pénétrer en Israël et y perpétrer des attentats. Le jour de la première édition de cette « manifestation pacifique et spontanée » (nom donné aux violences par les médias occidentaux), le chef du Hamas a déclaré que « les manifestations se poursuivront jusqu’à ce que la frontière disparaisse.[1] »

À part les islamistes du Hamas eux-mêmes, les plus acharnés à défendre un « droit au retour » des Palestiniens là où ils n’ont jamais mis les pieds sont les adeptes de la religion BDS : Boycott Désinvestissement Sanctions contre Israël.

« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose » (Voltaire)

Lors d’une des manifestations d’un vendredi de 2018, le long de la ligne verte qui sépare Gaza de l’État juif, une bénévole palestinienne, Razan el-Najjar, est morte des suites de blessures par balles. À ce jour, on ne sait pas qui a tiré, mais ce n’est pas une raison pour ne pas en accuser Israël : diffamer Israël est le sport le plus populaire au monde, plus que le foot, plus que le Tour de France.

Sous le titre : « Razan el-Najjar, emblème d’une Palestine blessée à mort », Politis a donc publié sans conditionnel : « Tuée par un sniper israélien à la frontière de la bande de Gaza, la jeune secouriste est le sujet d’un documentaire qui va être montré dans une vingtaine de villes françaises. … La situation est confirmée et déplorée par les institutions : Achraf al-Qodra, porte-parole du ministère de la Santé palestinien, confirme le jour même les circonstances de la mort de la jeune femme et son statut. »

Confirmée par LES institutions ? Non : par UNE institution, la même qui avait évalué à 50.000 le nombre des morts de Jénine (dont l’Autorité palestinienne a finalement recensé, au total, 53), la même qui a organisé l’enterrement du mort qui est remonté tout seul sur sa civière, la même qui accuse Israël de détruire les hôpitaux, pendant qu’en réalité, il forme leurs soignants.

« Les journaux sont les chemins de fer du mensonge » (Jules Barbey d’Aurevilly)

Gideon Levy est une figure emblématique de Haaretz et de alencontre.org/ un site violemment antisioniste qui, dans sa rubrique « Moyen-Orient », consacre deux pages à l’Arabie saoudite, une seule au Liban, à l’Irak et à la Libye, 17 à la Palestine et 28 à Israël. Alencontre.org est aussi l’un des derniers sites possédant une rubrique « Marxisme ».

Gideon Levy est bien plus célèbre en France qu’en Israël, dont il a la nationalité, car il est de ces « alterjuifs » qui souffrent d’une monomanie anti-israélienne. À propos de Razan el-Najjar, il a écrit : « Une médecin avec sa blouse de soignante a été abattue par des tireurs d’élite de l’armée israélienne, comme le furent des journalistes portant des gilets de presse et un amputé en fauteuil roulant. Si nous estimons que ces tireurs savent ce qu’ils font, si nous admettons que leurs tirs sont les plus précis du monde, alors ces personnes ont été tuées délibérément. Si l’armée avait réellement cru que la campagne militaire qu’elle mène à Gaza était juste, elle aurait certainement assumé la responsabilité de ces meurtres, exprimé des excuses et des regrets et offert une compensation (Presse toi à gauche). »

Si nous estimons que ces tireurs savent ce qu’ils font, si nous admettons que leurs tirs sont les plus précis du monde… Euh… et si nous estimons que nous pouvons mettre Paris en bouteille, nous arriverons à des conclusions tout aussi fantaisistes que celui qui part de ses sentiments et arrive à ses certitudes sans passer par la station « Démonstration et preuves ».

« Beaucoup de têtes sont trop étroites pour contenir la vérité » (Pierre-Claude-Victor Boiste)

Si effectivement l’armée israélienne tire volontairement sur des infirmiers et des journalistes, quel est son objectif ? Se faire encore plus détester par l’opinion publique mondiale ? Au point où elle en est, c’est impossible. Et si nous admettons que son objectif n’est pas d’être encore plus haïe que la plus haïe des institutions mondiales (c’est déjà elle qui détient le titre), peut-être peut-on envisager que la balle perdue qui a touché la jeune femme n’a pas été perdue par tout le monde, et en tout cas pas par ceux à qui le crime profite si bien qu’ils ont systématisé la méthode du sniper abrité derrière un bouclier humain.

Pour le savoir, rien ne sert de parcourir la presse mainstream, il faut lire InfoEquitable à point :

« J’ai vu de mes propres yeux des hommes du Hamas entrer au domicile de familles pauvres à Gaza. Ils leur donnaient une aide en nature ou même de l’argent. Ils demandaient à ces gens d’aller se rassembler à un point de rendez-vous dans Gaza, puis ils faisaient monter les enfants dans des bus pour les amener à la frontière entre Gaza et Israël. Et je le répète avec insistance : ils recrutaient essentiellement des enfants de moins de 12 ans (InfoEquitable). »

Dans Le carnet d’un émigré, en 1973, Jean Dutourd notait : « La vérité se présente toujours masquée. Ce masque, c’est le préjugé, l’idée reçue, le poncif, le lieu commun. Il faut surprendre la vérité par le côté ou par-derrière. » InfoEquitable traque la vérité avec bien du courage, devant les préjugés, les poncifs et les idées reçues, tous derrière et lui devant !

« Le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion » (Paul Valéry)

De la certitude que l’infirmière a été tuée par « des Israéliens » à l’accusation d’UNE Israélienne en particulier, il n’y a qu’un pas dans la mauvaise foi, que BDS et consorts ont franchi à Mach 3. Cela a commencé par la juxtaposition de deux photos dont les sujets n’ont, comme le remarque le texte, rien à voir l’une avec l’autre, avec comme commentaire : « La jeune soldate qui sourit sur la photo de gauche est Rebecca Rum, photographiée en Israël, peu après son incorporation. Quand la jeune infirmière de la photo de droite est morte, Rebecca avait fini son service militaire… » Mais qu’importent les faits quand on tient un si bon mauvais objet !

Suhair Nafal, activiste du BDS, en juxtaposant ces deux photos, a fait comprendre aux deux millions d’antisém… d’antisionistes qui ont partagé son message, que la « sioniste américaine partie en Palestine pour participer au nettoyage ethnique » avait tué la sainte « infirmière bénévole qui manifestait pacifiquement pour demander le respect des droits humains les plus basiques, refusés pendant 70 ans d’une colonisation brutale (Jerusalem Post) ».

« Un mensonge ne peut jamais être effacé. Même la vérité n’y suffit pas. » (Paul Auster)

Rebecca Rum avait émigré en Israël en 2012 et elle a été appelée sous les drapeaux pour son service militaire la même année. Elle a servi trois ans et a fini commandant dans le corps Éducation & Jeunesse.

En 2018, Suhair Nafal, militante BDS de Chicago, a lancé la campagne virale faisant de Rebecca la meurtrière de Razan Ashraf al-Najjar, tuée près de la barrière Gaza-Israël à l’extérieur de Khan Yunis. Sauf que la photo de Rebecca avait été prise des années auparavant et qu’elle était à des kilomètres de la barrière frontalière de Gaza, le jour de la mort de Suhair.

Après son service militaire, la jeune américano-israélienne est revenue aux États-Unis et c’est là qu’elle s’est retrouvée visée par des milliers de menaces de mort et qu’une récompense de 5 millions de dollars a été offerte pour sa tête (morte, pas vive).

La campagne de calomnie s’est révélée contre-productive : la jeune ex-soldate a intégré une ONG de réservistes de Tsahal, Reservists on Duty, qui lutte pour rétablir la réputation de cette armée, définie par BDS comme un ramassis de nazis et décrite par les professionnels, notamment le colonel Richard Kemp, qui a servi sous le drapeau britannique en Bosnie, dans le Golfe, en Afghanistan et en Irak, comme l’armée la plus éthique du monde (YouTube).

« Un seul mensonge fait plus de bruit que cent vérités » (Georges Bernanos)

Une organisation basée à Jérusalem, Shurat ha-Din, représente maintenant Rebecca Rum dans une action en dommages-intérêts contre Suhair Nafal. Elle demande 6 millions de dollars : un de plus que sa mise à prix. « Combattre BDS, c’est plus que défendre Israël. C’est défendre la vérité contre complots et mensonges. C’est se battre pour que ceux qui conspirent à répandre la haine et la désinformation soient punis et que leurs victimes reçoivent justice. » Tel est le leitmotiv de Shurat ha-Din.

La victime, elle aussi, est combative : « Après ce qui m’est arrivé », a-t-elle expliqué au Jerusalem Post« j’ai ressenti la nécessité d’en apprendre plus sur Israël et de transmettre mes connaissances. J’étais devenu un symbole de haine. Je voulais utiliser ma voix pour contrer ce récit. »

Elle s’est inscrite à RoD, pour s’opposer à BDS et aux autres nouvelles formes d’antisémitisme qui se propagent à toute allure sur les campus universitaires américains : Semaine de l’apartheid, campagnes de délégitimation, stands pour le Boycott, conférence de terroristes…

« Beaucoup d’étudiants à qui j’ai parlé ne savaient rien sur Israël, à part la propagande anti-israélienne qu’ils avaient entendue scander sur le campus » s’est étonnée Rebecca. Elle n’aurait pas dû s’étonner : la propagande ne s’embarrasse pas de faits, c’est ce qui la rend si simpliste et donc si attractive et, par conséquent, si efficace.

Une étude récente aux États-Unis a montré que les plus ardents antisionistes sont aussi ceux qui en savent le moins sur Israël. Ils sont, notamment, incapables de situer le pays sur une carte ou d’évaluer le nombre de ses habitants, à deux ou trois zéros près.

D’après un sondage IPSOS réalisé à la demande de l’Union des Étudiants Juifs de France en mai 2018, 54 % des 18-24 ans considèrent que le sionisme est une organisation internationale qui vise à influencer le monde et la société au profit des juifs. (NB : Le sionisme est ni plus ni moins que le mouvement de libération nationale du peuple juif.) Sur cette même tranche d’âge, 52 % considère que le sionisme est une idéologie raciste. 57 % des Français disent avoir une mauvaise image d’Israël et, pour 71 % d’entre eux, l’État porte une lourde responsabilité dans l’absence de négociation avec les Palestiniens. Seuls 33 % des Français connaissent la date de création de l’État d’Israël, alors que 22 % des sondés pensent que cette date est postérieure à 1980. On peut supposer que 100 % des personnes interrogées n’avaient pas connaissance des 3 NON de Khartoum, que la Ligue arabe a opposés à la proposition israélienne d’échanger la terre contre la paix, en 1967 : « Non à la paix avec Israël – Non à toute négociation avec Israël – Non à la reconnaissance d’Israël (Wikipédia) ».

Avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour (proverbe juif)

Dans le documentaire sur Razan el-Najjar, le père de Razan demande « une position claire de la France pour soutenir le peuple palestinien, et réclamer son droit au retour. » Sa femme Sabreen ajoute le besoin de « dévoiler les crimes d’occupation israéliens commis contre le peuple palestinien ».

Quel espoir peuvent effectivement porter ceux qui réclament la fin de l’occupation à Gaza, puisque cette occupation a pris fin en juillet 2005, il y a plus de quinze ans aujourd’hui ?

Quel espoir peuvent avoir les Palestiniens d’un droit au retour dans chacun des logements où ont séjourné les 500.000 réfugiés de 1948, dont il reste aujourd’hui moins de 30.000, mais qui sont 5,6 millions à le revendiquer grâce à la définition du « réfugié palestinien (ONU) » de l’ONU, radicalement différente de celle que les Nations-Unies donnent au « réfugié (UNHCR) » normal, puisque transmissible sans limitation du nombre de générations ?

Quel espoir de constituer un peuple peuvent avoir les Palestiniens de Gaza, d’origine égyptienne, et les Palestiniens de Cisjordanie, dont un recensement de 1931 établissait que les Arabes musulmans « utilisaient 23 langues différentes et les Arabes chrétiens 28 autres et que leurs lieux de naissance se situaient dans 25 pays autres que la Palestine : la Syrie ou la Transjordanie, parmi lesquels l’Égypte, Chypre, l’Irak, le Yémen, l’Iran, la Turquie, l’Inde, l’Algérie, le Maroc, la Libye, la Tunisie, l’Albanie, Malte, etc.[2] » ?

Le mensonge des « antisémi-sionistes » les a emmenés si loin du réel qu’ils n’ont effectivement aucun espoir de retour. Mais les BIMI (Bien Intentionnés Mal Informés) ne sont pas dans la même dynamique.

Les Juifs viennent de célébrer leur entrée dans l’année 5781. D’ici que les chrétiens et les musulmans y arrivent, peut-être auront-ils été touchés par la grâce du réel ?

Le titre de l’hymne israélien est : Hatikva. Cela se traduit en français par « l’espérance ». LM♦

Liliane Messika, MABATIM.INFO

[1] « Jour de la Terre à Gaza : plusieurs Palestiniens tués par l’armée israélienne » sur RFI, 31 mars 2018.
[2] Census of Palestine, Vol. I, Report by E. Mills, cité in Joan PETERS, From The Time Immemorial, Harper & Row, New York, 1984.

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