Un juge juif bloque l’expulsion d’un activiste pro-palestinien

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Une décision judiciaire controversée

Notre photo : Mahmoud Khalil, étudiant algérien aux USA

L’affaire de Mahmoud Khalil, ressortissant palestinien arrêté récemment à l’Université de Columbia, continue de susciter un vif débat aux États-Unis, particulièrement au sein de la communauté juive. Alors que des cercles pro-israéliens saluent l’arrestation comme un acte légitime contre un sympathisant du terrorisme, d’autres voix juives, plus progressistes, dénoncent ce qu’elles perçoivent comme une atteinte aux libertés constitutionnelles. Dernier rebondissement : le juge fédéral Jesse Furman a temporairement bloqué l’expulsion de Khalil, apportant une nouvelle dimension judiciaire à cette affaire déjà fortement politisée.

Ce lundi, Jesse Furman, magistrat de la Cour fédérale du district sud de New York, a pris la décision de suspendre toute procédure d’expulsion visant Mahmoud Khalil. L’ordonnance vise à garantir que le tribunal conserve la main sur l’affaire tant que la procédure judiciaire est en cours. Le document, relayé par Politico, précise que « le requérant ne sera pas expulsé des États-Unis sauf si la Cour en décide autrement ».

Les autorités américaines, sous l’impulsion d’une législation remontant à l’ère Trump, ont argumenté que les actions de protestation de Khalil pouvaient être interprétées comme un soutien implicite à des activités terroristes — motif suffisant pour envisager une expulsion, même s’il est détenteur d’une carte verte. Les avocats du militant ont immédiatement déposé une requête en habeas corpus afin de contester juridiquement son arrestation. Une audience est prévue ce mercredi pour débattre des fondements légaux de cette expulsion.

Un juge engagé dans la tradition juive
Le juge Jesse Furman, nommé en 2012 par l’ancien président Barack Obama, est reconnu non seulement pour sa rigueur juridique, mais aussi pour son attachement profond aux traditions juives. Observant strictement le Shabbat, Furman avait suspendu une audience dans une affaire impliquant l’avocat Michael Avenatti à 16h un vendredi pour respecter le début du repos sabbatique. Il avait également fermé son tribunal durant Roch Hachana, une décision qui témoigne de son engagement religieux assumé.

Marié à Ariela Dubler, directrice d’un établissement scolaire juif réputé à Manhattan, Furman est également impliqué dans la communauté conservatrice d’Ansché ‘Hésed, dans l’Upper West Side. Le couple soutient également des institutions juives comme le Camp Ramah dans les Berkshires, lieu emblématique des vacances communautaires juives aux États-Unis.

Le parcours familial de Furman reflète une histoire ancrée dans l’influence et la philanthropie. Son père, Jay Furman, fut un promoteur immobilier de renom, tandis que sa mère, Gail, psychologue et mécène, a activement financé des causes progressistes par le biais de la Fondation Furman, critiquée aujourd’hui par certains milieux pro-israéliens en raison de ses soutiens à des ONG pro-palestiniennes.

Une décision au carrefour du droit et de la politique
Cette suspension d’expulsion, bien que temporaire, soulève des tensions palpables au sein de la communauté juive américaine. Certains la considèrent comme un recul face à ce qu’ils estiment être un activisme pro-terroriste, tandis que d’autres y voient une démonstration de l’indépendance judiciaire. Fait notable, l’Anti-Defamation League (ADL), bien qu’elle ait soutenu l’arrestation de Khalil, a insisté sur le respect strict des procédures légales d’immigration.

Avant d’accéder à la magistrature, Jesse Furman avait occupé un poste stratégique comme avocat au sein du district sud de New York. Il y a dirigé des poursuites dans des dossiers de haute importance, incluant les collaborateurs de Bernie Madoff ou encore Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau des attentats du 11 septembre. Cette expérience renforce sa légitimité auprès de ceux qui défendent une application ferme de la loi.

Récemment, le district a également fait parler de lui avec la démission remarquée de Danielle Sassoon, procureure fédérale et diplômée d’une école juive, qui a refusé d’abandonner les charges de corruption contre le maire de New York, Eric Adams, malgré des pressions politiques liées aux dossiers d’immigration.

Il est essentiel de replacer cette affaire dans un contexte plus large. Les militants pro-palestiniens, souvent proches idéologiquement du Hamas, ne se contentent pas de contester les politiques israéliennes : ils glorifient ouvertement des organisations terroristes et justifient, voire célèbrent, les massacres barbares perpétrés par le Hamas, notamment celui du 7 octobre dernier. Paradoxalement, ces activistes rejettent avec virulence les principes des démocraties libérales, tout en exploitant habilement les failles et la permissivité de ces mêmes systèmes juridiques pour avancer leur agenda radical. Il est temps que les États occidentaux prennent la pleine mesure de cette réalité. Il ne s’agit pas seulement de préserver l’ordre public, mais aussi de défendre les valeurs fondamentales de nos sociétés contre des courants idéologiques dangereux, qui détériorent l’image des institutions universitaires et menacent la cohésion sociale.

Jforum.fr

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