Un appel désespéré des Alaouites syriens à Israël

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Dans une Syrie ravagée par les conflits internes, une minorité discrète mais profondément éprouvée tente de se faire entendre. Les Alaouites, communauté religieuse longtemps marginalisée, sont aujourd’hui confrontés à une vague de violence sans précédent. Persécutés par les forces extrémistes affiliées au nouveau régime d’Ahmad Al-Sharaa, ils appellent désormais Israël à l’aide, espérant une protection contre les atrocités qui les frappent au quotidien.

Des témoignages glaçants parvenus de la région côtière de la Syrie révèlent un tableau apocalyptique. E., un entrepreneur civil originaire de Jableh, décrit une situation alarmante : des femmes enlevées, des enfants exécutés et des villages entiers vidés de leurs habitants. « Il ne s’agit pas simplement de guerre, mais d’un véritable nettoyage ethnique. Ils n’épargnent personne, et les scènes les plus insoutenables sont filmées et diffusées sur les réseaux », confie-t-il, bouleversé.

Selon lui, l’idéologie djihadiste radicale est à l’œuvre : « Ils considèrent les femmes, les enfants, les civils – tout le monde – comme des infidèles à exterminer. » Les rares survivants se réfugient dans les montagnes, fuyant la barbarie qui se répand comme une traînée de poudre.

Depuis l’effondrement du régime de Bachar el-Assad, la désorganisation est totale. Les anciennes structures militaires se sont effondrées, laissant place à une terreur anarchique. Le nouveau pouvoir, loin de rétablir l’ordre, multiplie les arrestations arbitraires et les répressions violentes contre la population. « Ceux qui osent contester sont abattus, les protestations pacifiques sont réprimées dans le sang », ajoute E.

Les villes côtières, autrefois peuplées, sont devenues méconnaissables. Des quartiers entiers comme Banias, Al-Qusur ou Al-Muruj sont aujourd’hui des zones fantômes, marquées par les stigmates de la violence. « Les habitants ont été enlevés, certains traînés dans les rues, morts ou vivants, attachés à des véhicules. D’autres ont simplement disparu. Les corps, parfois rejetés en mer, ne peuvent même pas être récupérés par les familles. »

E. accuse sans détour les forces d’Al-Sharaa, affirmant que les groupes armés et le régime sont en réalité indissociables. Il déplore également la manipulation médiatique du régime, qui tente de masquer l’ampleur du drame en orientant les observateurs internationaux vers des zones calmes et sans activité.

Dans ce climat d’horreur, une lueur d’espoir semble résider dans l’aide israélienne. E. en appelle directement aux autorités de l’État hébreu : « Nous avons besoin de secours. Israël doit nous aider à sauver nos familles, nos villes, notre peuple. Sous l’ancien régime, nous vivions dans la misère. Aujourd’hui, c’est la terreur qui nous ronge. »

Ce cri d’alarme trouve un écho du côté d’Israël, au sein même de la communauté alaouite locale. B., médecin issu du village de Ghajar, seul village alaouite d’Israël situé sur les hauteurs du Golan, exprime sa solidarité. « Nous sommes un peuple pacifique, tourné vers la tolérance et le respect des autres croyances. Chez nous, vous verrez des symboles juifs, chrétiens et musulmans réunis dans un Jardin de la Paix. »

Il rappelle que les Alaouites, depuis longtemps victimes de discriminations, partagent une culture de coexistence qui s’oppose aux dérives extrémistes. « Notre religion prône l’harmonie, pas la violence. Et nous savons qu’Israël est un pays qui défend les minorités, qui protège ceux qui cherchent la paix. »

B. espère désormais convaincre les autorités israéliennes de soutenir cette communauté assiégée de Syrie. « Il y a cinq millions d’Alaouites là-bas. Beaucoup supplient Israël d’intervenir. Comme pour les Druzes, Israël pourrait offrir un refuge, une protection, une chance de vivre dignement. »

Aussi insoutenables soient les atrocités commises aujourd’hui contre les Alaouites de Syrie, il serait réducteur d’en ignorer les racines profondes. Le régime Assad, issu de cette même minorité religieuse, s’est longtemps présenté comme le dernier rempart face à l’extrémisme islamiste – une posture qui, au fil des ans, a alimenté une guerre civile d’une brutalité inouïe. Si cette guerre s’est construite autour d’enjeux politiques et géostratégiques complexes, elle fut aussi, dans une large mesure, menée pour préserver l’existence même de cette communauté alaouite, perçue comme menacée dans un pays à majorité sunnite.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que ceux qui ont vu leurs proches emprisonnés, torturés ou massacrés expriment aujourd’hui un profond désir de justice – voire de vengeance. Cela n’excuse en rien les exactions commises, mais permet d’en comprendre les ressorts humains et communautaires. À l’heure où la Syrie s’enfonce dans le chaos, le cri d’alarme des Alaouites survivants mérite d’être entendu, et leur quête de protection – y compris auprès d’Israël – interpelle sur l’urgence d’une réponse internationale équilibrée, lucide et fondée sur le respect de la dignité de chaque minorité.

Alors que l’Occident détourne souvent les yeux face aux massacres internes en Syrie, la communauté alaouite trouve en Israël un possible allié. Dans un Moyen-Orient miné par l’idéologie islamiste radicale, Israël demeure, pour ces populations minoritaires, un rempart de stabilité et d’espoir.

Jforum.fr

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