Par Guy Millière © Metula News Agency
Le commentateur politique conservateur américain Wayne Alyn Root a publié récemment un article affirmant que Donald Trump était le premier Président juif des Etats-Unis. Ce type d’affirmation est excessif, Donald Trump n’a pas cet honneur. Il n’est pas juif. L’affirmation de Wayne Alyn Root n’est, par ailleurs, pas à même de renforcer la popularité de Donald Trump dans un contexte mondial où Donald Trump est déjà largement détesté et où l’antisémitisme, sous différentes formes, ne cesse de rôder : elle n’en a pas moins une part de pertinence.
Donald Trump s’inscrit dans la lignée de son père, qui a non seulement été un bâtisseur, mais aussi un grand ami de la communauté juive. Fred Trump a, entre autres, donné des terrains à New York pour que des centres culturels juifs voient le jour. Il a ainsi concédé le terrain sur lequel est construit le Beach Haven Jewish Center de Flatbush, qui inclut une grande synagogue et un centre culturel. Donald Trump s’est lui-même comporté tout au long de sa vie en ami de la communauté juive américaine.
Il a toujours été un grand soutien d’Israël et du peuple juif israélien. Il a, discrètement, silencieusement, mais efficacement, procédé à des donations importantes. Celles-ci ont été particulièrement cruciales en deux occasions : l’abandon du Sinaï à l’Egypte, au début des années 1980, et celui de la bande de Gaza aux forces palestiniennes.
En ces deux occurrences, Donald Trump a œuvré pour que les Israéliens qui devaient être relogés puissent l’être. Pour le remercier, une plaque portant son nom et lui rendant hommage a été posée dans le Moshav Dekel, dans la région d’Eshkol.
Les relations amicales qui lient Donald Trump à Binyamin Netanyahu ne sont un secret pour personne. Binyamin Netanyahu, cela a été annoncé, sera le premier chef de gouvernement reçu par Donald Trump après que celui-ci aura été intronisé président le 20 janvier prochain.
Ce n’est pas un hasard, dans ce contexte, si Ivanna, fille de Donald Trump, a épousé un entrepreneur juif pratiquant, Jared Kushner, et s’est convertie au judaïsme, et si Donald Trump a dit plusieurs fois dans un passé proche qu’il appréciait de passer la journée de shabbat avec sa fille et Jared Kushner. Donald Trump est le grand-père de petits enfants juifs, élevés dans la tradition juive.
Ce n’est pas un hasard non plus si Donald Trump a choisi pour vice-président un homme, Mike Pence, qui est lui aussi un très grand ami d’Israël, et s’il compose une administration qui sera sans doute la plus pro-israélienne depuis longtemps. Cela ouvrira à Israël des opportunités économiques, géopolitiques et stratégiques sans précédents depuis longtemps.
Avoir nommé Steve Bannon responsable de la stratégie présidentielle est un geste significatif, dès lors qu’on sait qui est réellement Steve Bannon et que l’on regarde la réalité en face plutôt que les torrents de boue déversés contre Bannon : j’ai dit sur le sujet la semaine dernière tout ce qui devait l’être.
Ce qui est regrettable est que la communauté juive américaine n’ait pas perçu les opportunités que l’élection de Donald Trump ouvre à Israël et ouvre aussi aux Juifs du monde entier.
Soixante-dix pour cent des Juifs américains ont voté pour l’adversaire de Donald Trump, ce qui constitue certes une nette amélioration par rapport au pourcentage de Juifs américains qui avaient voté Démocrate lors des élections présidentielles précédentes, et qui avaient donc contribué à l’élection et à la réélection de Barack Obama, mais cela reste un pourcentage considérable.
La communauté juive américaine est à la croisée des chemins.
Elle peut rester obstinément du côté Démocrate, mais au vu de ce que devient le parti Démocrate, cette position relèvera de plus en plus de l’aveuglement suicidaire. Le parti Démocrate devient un parti antisémite, et si, comme c’est aujourd’hui probable, il porte à sa tête Keith Ellison, membre musulman et antisémite de la Chambre des représentants, disciple de Louis Farrakhan, le dirigeant de l’organisation antisémite The Nation of Islam, il sera pleinement un parti antisémite. Il sera aussi pleinement un parti anti-israélien, même s’il enrobera son anti-israélisme de formules hypocrites.
La communauté juive américaine peut aussi plus largement ouvrir les yeux, voir que le parti Démocrate d’aujourd’hui n’a plus rien à avoir avec le parti Démocrate d’il y a quarante ans ; discerner que tenter de faire encore de la défense d’Israël une question qui transcende les clivages politiques aux Etats-Unis est une tâche de plus en plus vaine ; assumer l’évidence qui montre que le parti qui défend Israël et qui combat l’antisémitisme est aujourd’hui, aux Etats-Unis, le parti Républicain ; regarder que si Donald Trump n’est pas juif, certes, il n’en est pas moins un homme remarquable, et digne du soutien des Juifs américains.
Je doute que les Juifs américains ouvrent les yeux en beaucoup plus grand nombre dans l’immédiat. Je veux continuer à espérer que ce sera le cas au fil du temps, même si je sais, hélas, que mes espoirs sont très minces.