« Booking.com et d’autres entreprises contribuent à pérenniser un régime discriminatoire en poursuivant leurs activités en Cisjordanie », écrivent Human Rights Watch (HRW) et l’ONG israélienne Kerem Navot dans un rapport publié mardi et intitulé « Bed and Breakfast en terre volée ».
La plateforme de réservation de logements en ligne Airbnb a annoncé lundi qu’elle renonçait à faire des offres en Judée Samarie, provoquant la colère et les menaces de sanctions israéliennes.
« Des Israéliens et des étrangers peuvent louer des logements en Judée Samarie, ce qui est dans la pratique interdit aux détenteurs de papiers d’identité palestiniens », affirment HRW et Kerem Navot.
En conséquence, les propriétaires louant leur logement sur Airbnb n’ont « pas d’autre choix que de pratiquer la discrimination à l’encontre de leurs hôtes en raison de leur origine nationale ou ethnique », notent les deux ONG.
Le rapport a répertorié 139 logements proposés par Airbnb en Judée Samarie entre mars et juillet 2018 et 26 annonces pour Booking.com.
Dix-sept de ces logements ont été construits sur des terrains reconnus appartenir, par les autorités israéliennes, à des Palestiniens avant d’être saisis, ajoute le rapport.
Interrogé par courrier électronique par l’AFP sur l’éventualité d’imiter Airbnb, Booking Holdings, basé aux Etats-Unis et propriétaire de Booking.com, n’a pas indiqué si sa politique allait être modifiée, affirmant que « la mission de Booking.com est de permettre à chacun de voyager à travers le monde » et ceci, « toujours en conformité avec les lois du pays ».
Moria Shapira, une Israélienne habitant Adei Ad en Judée Samarie et propriétaire d’un appartement qu’elle loue sur Airbnb, se dit « sous le choc » après la décision de la plateforme.
« Juste à côté de nous, à Ramallah et Rawabi, il y a des annonces de location sur Airbnb et ça ne me pose aucun problème », déclare-t-elle à l’AFP. « Mais on ne doit pas m’interdire de faire de même ».
Nati Rom, un avocat israélien vivant à Esh Kodesh, souligne que la région a vu affluer des touristes depuis l’Italie, la Suède ou encore Singapour.
« C’est dommage de voir des organisations israéliennes nous causer du tort et encore plus dommage de voir Airbnb se soumettre à cette pression antisémite », a-t-il déploré, faisant référence à l’ONG Kerem Navot.
Le ministre israélien du Tourisme Yariv Levin a évoqué mardi des sanctions contre Airbnb sur la radio publique, qualifiant d' »hypocrite et révoltante » la décision de cette plateforme.
Il a brandi la menace de plaintes qui seraient déposées aux Etats-Unis contre Airbnb dans les Etats où cela est possible.
Le gouvernement israélien, considéré comme le plus à droite de l’histoire du pays, combat farouchement depuis des années tout ce qui ressemble à une entreprise de boycott, qu’il dénonce comme une remise en cause de la légitimité d’Israël.
Environ 430.000 israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec plus de 2,5 millions de Palestiniens en Judée Samarie et environ 200.000 Israéliens résident à Jérusalem-est.
Source Romandie