Terrorisme: pourquoi les auteurs d’attentats sont souvent des « déséquilibrés mentaux »?

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Selon une étude israélienne, près des deux tiers des auteurs d’attentats palestiniens commis ces dernières années souffraient de troubles psychologiques avérés. Les groupes terroristes les recrutent en priorité. En France, le « déséquilibre mental » a été souvent invoqué pour nier le caractère terroriste d’agressions récentes.

Trois ans après les attentats de Paris, la France continue d’être sous la menace du terrorisme islamiste. La violence s’est installée dans le quotidien des Français. Il ne se passe guère de semaine où ne se produit une attaque au couteau ou à la voiture bélier.

Le 23 août dernier, un homme armé d’un couteau a tué sa mère et sa sœur et a blessé grièvement une troisième personne à Trappes, dans les Yvelines, avant d’être abattu par les policiers. Fiché S, l’individu avait déjà été condamné pour « apologie du terrorisme ». L’attentat a été revendiqué par Daesh.

Pourtant, dans les heures qui ont suivi l’attentat, le ministre de l’Intérieur a voulu écarter la thèse de l’attentat terroriste en préférant retenir celle d’un acte commis par un « déséquilibré ».

La presse lui a rapidement emboîté le pas.

A l’appui de cette thèse du « déséquilibré », le journaliste de Libération, qui s’est rendu sur place, rapporte les témoignages des habitants du quartier qui connaissaient l’assassin.

« Tout le monde le connaît. C’est quelqu’un de notre collège. On a grandi avec. Ça nous étonne. C’est pas dû à la religion. Il n’était pas religieux. Je l’ai vu il y a deux jours on s’est croisé, il était à vélo. C’était monsieur Tout-le-monde, il sortait sur Paris. Si demain je lui avais dit de venir en boîte avec moi il l’aurait fait. C’est un truc familial. Il a dû se prendre la tête avec sa sœur. »

… confie ainsi Saïd, qui avait fréquenté le même établissement scolaire.

« Je l’avais croisé avant-hier. Ces derniers temps, il était un peu renfermé, je me doutais qu’il avait des problèmes psychiatriques. Il buvait des bières à l’occas’, fumait des joints. Il n’était pas religieux. Je l’ai connu dans le quartier, on faisait partie de la même bande. Entre 2000 et 2005, on se retrouvait sur le parking pour fumer des joints. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je ne connaissais pas sa sœur ni sa mère mais son petit frère. Un gars poli. Il a dû avoir une contrariété, il a pété un câble. Ça ne peut pas être terroriste. Je le vois pas terroriste. »

… témoigne Adam, qui fait partie de la même bande d’amis.

En Israël aussi, les proches des terroristes font souvent valoir qu’il s’agit de « déséquilibrés »

Le 17 août, Ahmed Muhamad Mahameed (24 ans), a été abattu par des policiers israéliens qu’il avait tenté de poignarder dans la vieille ville de Jérusalem.

Sa famille a immédiatement indiqué qu’Ahmed Muhamad Mahameed souffrait de troubles mentaux.

Ce qui ne l’a pas empêché d’un enterré comme un shahid (« martyr ») à Uhm el-Fahm, bastion de l’islamisme des Arabes israéliens, comme en témoigne cette vidéo :

Une étude israélienne a étudié ce lien entre terrorisme et maladie mentale

Le supplément hebdomadaire du journal Israel Hayom a révélé le 23 août le contenu d’une étude réalisée par deux universitaires israéliens de renom, spécialisés dans le terrorisme : le Professeur Ariel Merari, qui fut entre 2002 et 2009 directeur scientifique de l’étude sur le terrorisme palestinien par suicide menée par le Conseil national de sécurité, et le professeur Boaz Ganor, fondateur et directeur de l’Institut de lutte contre le terrorisme et doyen de l’École de la Lauder School of Government and Diplomacy du Centre interdisciplinaire (IDC) d’Herzliya.

JOURNAL ISRAEL HAYOM : « SURPRENANTES DONNÉES SUR LES NOUVEAUX ATTAQUANTS-SUICIDES : QU’EST-CE QUI A MOTIVÉ LES RÉCENTES VAGUES DE TERRORISME ? »

  Réalisée sous l’égide du ministère israélien de la Sécurité intérieure, cette étude n’a pas été encore rendue publique mais Israel Hayom en a exposé les grandes lignes.

Il s’agit d’une enquête approfondie sur le phénomène croissant des terroristes isolés, ceux que l’on appelle les « loups solitaires ».

Les deux chercheurs se sont intéressés aux vagues d’attaques terroristes qui ont frappé Israël entre octobre 2015 et décembre 2017. Ils avaient à leur disposition une base de données qui comprenait 700 terroristes ayant participé à 560 attaques. Ces derniers semblaient avoir agi seuls ou avec l’aide de leurs proches, mais sans appartenance établie à une organisation terroriste particulière.

Les équipes de Merari et de Ganor ont interrogé des dizaines de terroristes incarcérés, ont rempli des questionnaires et mené de longs entretiens personnels, avec l’assentiment de l’administration pénitentiaire et des prisonniers eux-mêmes.

« Les terroristes que nous avons interviewés ont coopéré volontairement et nous n’avons rencontré que peu de refus. Chaque prisonnier sélectionné dans l’échantillon a bénéficié d’un entretien psychologique de plusieurs heures, bien plus approfondi que ce qui est d’usage dans un examen psychologique classique. Il a été invité à raconter en détail ses origines personnelles et sociales, sa famille et ses antécédents mentaux. La conversation avec chaque prisonnier est détaillée dans l’étude », ont expliqué les responsables de l’enquête à Israel Hayom.

Le principal enseignement de cette étude est édifiant : 67% de ces Palestiniens ayant commis un attentat isolé souffraient à des degrés divers de troubles psychologiques ou de pathologies mentales allant jusqu’à la psychose. Beaucoup d’entre eux manifestaient des tendances suicidaires. 54% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles auraient préféré mourir lors de l’attentat.

 

LES PROFESSEURS ARIEL MERARI ET BOAZ GANOR, AUTEURS DE L’ÉTUDE RÉALISÉE SOUS L’ÉGIDE DU MINISTÈRE ISRAÉLIEN DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE

Les sondages d’opinion réalisés depuis la seconde Intifada indiquent qu’une grande majorité de Palestiniens – entre 70 et 90% selon les périodes – soutiennent les attentats terroristes contre les Israéliens. « Mais en pratique, ils ne sont que quelques centaines à passer à l’acte. C’est pourquoi nous nous sommes intéressés à leur motivations profondes », souligne le Professeur Merari. « Notre question de recherche était : pourquoi eux ? Pourquoi sur la centaine de milliers de ceux qui haïssent Israël, si peu commettent réellement des attentats ? Qu’est-ce qui pousse un Palestinien en particulier et non pas un millier d’autres, à se lever le matin et à décider qu’aujourd’hui il poignardera ou écrasera un Juif ? » Voilà concrètement les questions de base de l’étude.

L’enquête souligne la prévalence des problèmes familiaux chez les femmes ayant commis des attentats isolés. Il s’agit le plus souvent de femmes animées d’idées suicidaires, qui sont passées à l’acte parce qu’elles avaient été mariées avec des hommes contre leur gré, ou parce que leur mari avait demandé le divorce et la garde des enfants. Lors d’une tentative d’attentat récente, la terroriste s’est adressée à un soldat qui gardait un poste de contrôle en Cisjordanie et lui a demandé de lui tirer dessus. « Je ne veux pas te faire de mal, lui a-t-elle dit, mais s’il te plait, tue-moi ». Le soldat stupéfait s’est reculé et n’a pas tiré. Ce n’est que lorsque la femme s’est approchée de lui dans un geste menaçant, avec un couteau à la main, que le garde lui a tiré dessus et qu’il l’a blessée.

EN JANVIER 2016, RUKAYA ABUID, UNE PALESTINIENNE DE 13 ANS, A ÉTÉ ABATTUE APRÈS AVOIR TENTÉ DE POIGNARDER UN AGENT DE SÉCURITÉ AU POSTE DE CONTRÔLE D’ANATOT

Les candidats au « martyr » se recrutent également dans des familles où règne un climat de violence et de mésentente. D’autres subissent un ostracisme social plus large après avoir été accusés d’« acte immoral » tel que l’adultère ou la violation de l’honneur familial. L’état dépressif d’adolescents en échec scolaire ou d’étudiants ayant raté leurs examens est aussi un facteur déclenchant.

L’attentat terroriste permet aux personnes en souffrance psychologique ou aux laissés pour comptes de la société palestinienne d’échapper à leur destin et d’acquérir le statut du shahid auquel sont pardonnées toutes ses mauvaises actions.

Selon l’universitaire israélien, la société palestinienne a ainsi depuis des décennies légitimé et même valorisé cette forme de suicide « L’islam, comme les autres religions monothéistes, interdit de se donner la mort. En revanche, mourir lors d’un attentat, ce n’est pas interdit, c’est même souvent recommandé pour celui qui veut mourir » explique-t-il. « L’incitation à la haine joue un rôle déterminant. Il faut y ajouter aussi le mécanisme d’imitation. Chaque attentat incite les candidats potentiels au martyr à en commettre un à son tour. Lorsqu’une femme ayant de graves problèmes familiaux souhaite mourir pour des raisons tout à fait personnelles, la première chose qui lui vient à l’esprit c’est :  ‘J’irai tuer un soldat israélien et j’aurai alors une légitimité sociale. La société va me légitimer en reconnaissant chez moi une attitude positive’. L’exaltation constante de ces comportements dans les médias palestiniens légitime le kamikaze potentiel à choisir un tel chemin vers la mort. »

L’incitation à la haine « contre les Juifs » est également un facteur déterminant. L’enquête souligne que la volonté de « tuer des Juifs » entrait en ligne de compte chez 60% des adolescents masculins, 28% des hommes et 11% des femmes.

L’Europe n’est plus épargnée par ce phénomène

Selon le Professeur Ariel Merari, ce « terrorisme des déséquilibrés » n’est pas un phénomène limité à Israël. « Dans les études sérieuses menées en Europe et aux États-Unis sur les attentats isolés, on a aussi trouvé un taux assez élevé – plus d’un tiers – de troubles mentaux, et, dans un nombre non négligeable de cas, des antécédents criminels », explique l’universitaire à Israel Hayom. 

On le voit, les déclarations lénifiantes des responsables français sur le profil « déséquilibré » des auteurs d’attentat ne recouvrent que très partiellement la réalité. Le déséquilibré peut aussi être un terroriste. Le mérite de l’étude israélienne est de décrypter les mécanismes grâce auxquels la propagande djihadiste incite les « loups solitaires » à passer à l’acte.

NDLR : Cet article néglige un autre aspect, ce nous semble: l’intérêt financier que peuvent avoir les candidats à l’attentat, à savoir les immenses paies délivrées à ces gens et à leurs familles, leur permettant de voir l’avenir avec sérénité…

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