Solidarité arabe ? C’est une blague, ou quoi ?

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La chronique de Michèle MAZEL

          Un peu moins d’une semaine après la présentation de «l’affaire du siècle», les ministres des affaires étrangères des pays membres de la Ligue Arabe se sont réunis au Caire à la demande de Mahmoud Abbas. Il a été question de solidarité et de fraternité. On a laissé le président palestinien se livrer à ses diatribes habituelles et fait semblant de le soutenir tout en se gardant bien d’attaquer l’occupant de la Maison Blanche dont plusieurs pays ont salué les efforts.  Tous ont pourtant ratifié le communiqué final rejetant le plan américain.

« S’ils l’ont fait », explique Ibrahim Fraihat, politologue palestinien basé à Doha cité par Le Monde du 2 février, «c’est qu’ils estimaient qu’il n’était pas dans leur intérêt de prendre position publiquement contre la Palestine. Cette cause, quoi qu’on en dise, conserve sa force dans l’opinion publique arabe». Et puis chacun est rentré chez soi. Le vieux leader palestinien s’est une nouvelle fois livré à des violences verbales tout azimut, n’épargnant même pas Ahmed Tibi et Ayman Odeh, deux Arabes israéliens membres de la Knesset qui lui ont toujours apporté leur soutien. : « On ne veut pas de vous chez nous » a-t-il déclaré, faisant allusion à l’une des propositions du plan de Trump d’inclure  plusieurs villes peuplées d’Arabes israéliens dans un éventuel Etat palestinien – proposition qui avait pourtant provoqué l’indignation des deux leaders en question.

            Ce lundi 3 février, l’Organisation de Coopération islamique, convoquée d’urgence à Djeddah en Arabie saoudite, a rejeté à son tour le plan. Cette organisation, qui comprend 57 membres, se targue de représenter plus d’un milliard et demi de Musulmans à travers le monde.

            Solidarité, fraternité arabe, coopération – de bien grands mots qui recouvrent une sinistre réalité. Un peu partout au Moyen-Orient, des Musulmans tuent d’autres Musulmans sans états d’âme et sans que la Ligue Arabe ou l’Organisation de Coopération islamique éprouvent le besoin de se réunir. Le Yémen est déchiré par une sanglante guerre civile, les belligérants étant soutenus par des États musulmans rivaux : d’un côté l’Iran et de l’autre les puissances sunnites. En Syrie la guerre civile déclenchée lors de l’éphémère Printemps arabe de 2011 s’est transformée en confrontation globale entre grandes puissances.

Personne ne semble s’offusquer de ce que Turquie et Russie cherchent à avancer leurs pions sur une terre arabe. Les massacres continuent et les civils sont pris pour cible dans l’indifférence générale. Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui les combats errent sur les routes, victimes impuissantes d’un conflit qui les dépasse. Des centaines de milliers d’autres ont pris le chemin de l’exil ; nombre d’entre eux ont péri en cherchant à traverser la Méditerranée pour gagner l’Europe.

            Alors que l’Organisation de Coopération islamique se réunissait, à quelques 1.500 kilomètres de là un «incident» a fait des dizaines de morts. Pour Le Monde : «Il pourrait s’agir de l’affrontement direct le plus meurtrier entre les Turcs, qui parrainent la rébellion syrienne, et le régime de Damas, soutenu par l’aviation russe, en Syrie. Des soldats turcs ont été pris pour cible, lundi 3 février, par des tirs d’artillerie du régime syrien dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, déclenchant une riposte de l’armée turque».

            On attend en vain l’indignation du monde arabe.

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