Le premier face-à-face du Président américain Donald Trump avec le Président égyptien Abdel Fattah-El-Sissi à la Maison Blanche, a focalisé sur quatre sujets principaux, selon Debkafile : le combat contre la terreur rampante de l’Etat Islamique dans le Sinaï égyptien et la Libye voisine ; la reprise de l’assistance militaire américaine au Caire, l’aide à l’Egypte pour faciliter son redressement économique, dans les conditions drastiques qui sont les siennes et, finalement, l’effort pour renforcer des relations normalisées entre le monde arabe (y compris les Palestiniens) et Israël.
Depuis l’instant où il a assuré la Présidence égyptienne en juin 2014, El-Sissi a poursuivi une guerre sans fin contre le terrorisme islamiste de l’Ansar Beit-al-Maqdis, qui a plus tard prêté allégeance au guide suprême de l’Etat Islamique, Abu Bakr Al-Bagdadi. L’Armée égyptienne, jusqu’à présent,ne parvient pas à prendre le dessus.
Le Président égyptien n’est pas sourd aux critiques des échecs de la Seconde et la 3ème Armée pour venir à bout d’une poignée de quelques milliers d’hommes armés, même s’ils peuvent, à un moment voulu, lever une armée de plusieurs milliers de djihadistes supplémentaires dans les tribus bédouines du Sinaï. Les renseignements américains évaluent les forces égyptiennes comme lentes et lourdes à se mettre en mouvement. Mais pour des percées limitées, ses contingents préfèrent s’asseoir en toute sécurité dans leurs baraquements plutôt que de risquer de se lancer à la poursuite de l’ennemi à travers toute la Péninsule.
Peu de temps avant le départ du Président El-Sissi pour Washington, les forces aériennes égyptiennes ont mené des bombardements intenses sur les zones de concentration de Daesh autour de la ville d’El Arish au Nord, tuant au moins 14 terroristes, en faisant 22 prisonniers et en s’emparant de vastes caches de mines et de bombes déposées sur les bas-côtés des routes. Mais ils ont reporté trop longtemps la nécessité d’aller tirer la barbe aux Islamistes dans leur principal bastion sommet du Mont Jabal al-Halal, dans le Sinaï Central. Daesh est, par conséquent, libre de se déplacer autour de ce territoire et de frapper à volonté, tout en étendant ses opérations en Egypte proprement dite.
Les frappes aériennes du week-end surviennent après des mois où Daesh a envahi des quartiers entiers d’El-h, la plus grosse ville du Sinaï (population : 100.000 habitants). Son emprise est telle que les forces égyptiennes n’osent plus s’aventurer dans ces quartiers sans foi ni loi, en particulier la nuit. Au début de l’année, de terribles persécutions, y compris par des exécutions se sont abattues sur les chrétiens indigènes, dont la plupart sont des coptes, forçant les quelques milliers de membres de ces minorités, à s’enfuir de leurs maisons d’El Arish. Les armées égyptiennes se sont avérées inégales dans la sauvegarde des bases de la Force Internationale des Observateurs (FMO) qui surveille depuis 1972 l’application du traité dex égypto-israélien dans une base proche d’El Arish.
L’aide militaire américaine à l’Egypte se situe aujourd’hui à 1, 3 milliard de $ par an. Même si le Président américain suggère de réduire drastiquement les programmes d’aide extérieure, il pourrait faire une exception dans ce cas et étendre son assistance militaire – probablement dans le domaine du matériel militaire lourd et sophistiqué, étant donné l’expansion continue de la ligne de front infinie du pays contre le terrorisme islamiste.
La présence de Daesh à El Arish, à 130 km de la frontière égypto-israélienne, implante ce péril au seuil de la porte des voisins de l’Egypte également : les frontières du Nord Sinaï avec Israël, des quartiers du nord-ouest qui partage une frontière avec la Bande Gaza, en s’appuyant à l’Est sur la Jordanie et à l’Ouest sur la Libye. Les villes de l’Ouest du Sinaï sont situées sur les rives du Canal de Suez.
La branche sinaïtique de l’Etat Islamique est étroitement allié aux organisations salafistes de la Bande de Gaza et elle travaille la main dans la main avec les dirigeants du Hamas Palestinien, en particulier dans le trafic lucratif d’armes clandestines.
L’an dernier, Al Baghdadi avait délégué un groupe d’officiers irakiens à son service au sein du contingent du Sinaï. Ils ont circulé à travers le Sud de la Jordanie atteindre la Péninsule. Les cellules islamistes en Libye, ont, en outre, fait de la chasse gardée de Daesh dans le Sinaï leur voie royale pour circuler sans être repérés vers leurs autres bastions à travers tout le Moyen-Orient.
Afin d’éradiquer cette menace à multiples branches tentaculaires, l’Administration Trump a besoin de rassembler l’Egypte, la Jordanie et Israël dans une coalition, en vue d’une campagne commune soutenue sur le moyen et long terme.
L’Administration Obama, qui a boycotté le Président El Sissi qui, prétendait-elle, persécute les Frères Musulmans d’Egypte, a tenté sans succès de bâtir un pacte anti-terroriste réunissant l’Egypte, la Turquie et Israël. L’Administration Trump pour qui les Frères Musulmans sont en anathème, a de bien meilleures chances de parvenir à ses fins. Mais, tout d’abord, les relations entre le monde arabe et Israël doivent trouver leur allure régulière. Les fondations existent déjà, à travers les relations militaires bilatérales, mais informelles qui relient l’Egypte, la Jordanie et Israël. Les sources militaires de Debkafile ont révélé, dans de précédents reportages, les relations limitées de donné pour un rendu, que maintiennent également l’Arabie Saoudite et Abu Dhabi avec Israël.
Les conseillers du Président américain reconnaissent qu’avant qu’un front large et efficace puisse être assemblé contre Daesh et Al Qaïda, à partir de ces relations partielles souvent secrètes, des progrès sont nécessaires, vers la normalisation de ces rapports entre les gouvernements arabes et l’Etat Juif, y compris en ce qui concerne le sentier étroit de la gestion du conflit palestino-israélien.
Trump voudra certainement entendre quel rôle son hôte égyptien entend jouer pour mener à bien ce processus global et régional. Il posera à son prochain visiteur venu du Moyen-Orient, le roi Abdallah II de Jordanie, la même question, lorsqu’il arrivera à Washington mardi. Tout comme vis-à-vis de l’autocrate palestinien Mahmoud Abbas, il lui a promis une invitation à la Maison Blanche, ce mois-ci, mais ne lui a pas encore proposé de date. On le laisse clairement patienter dans le vestibule en attendant que les acteurs importants et sérieux de la région aient eu leur mot à dire. Nos sources à Washington révèlent que le Président Trump a pour objectif de réaliser son plan visant à rassembler l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et Israël sur des positions rénovées d’ici au mois de septembre prochain.
DEBKAfile Analyse Exclusive 3 Avril 2017, 8:51 AM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski
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