Nous y sommes. Les islamo-gauchistes ne pouvaient pas résister longtemps à la tentation de faire de Mohammed Merah un héros. Voilà la première pierre posée avant pourquoi pas une rue à son nom dans une municipalité communiste. Une pièce de théâtre lui est consacrée pour humaniser le monstre. Après tout, lorsqu’on honore Yasser Arafat et Marwan Barghouti, des tueurs de juifs, rien n’interdit d’honorer Mohammed Merah. C’est fait – Jean-Patrick Grumberg.
Mais le député Meyer Habib ne l’entend pas de cette oreille. Il a écrit une lettre que nous reproduisons ci-dessous à la ministre de la Culture Françoise Nyssen pour protester contre cette mascarade, cette mise en scène jouée au Festival off d’Avignon, qui offre un visage humain à Mohammed M., le terroriste de Toulouse et de Montauban.
Meyer Habib
Député de la 8e circonscription des Français de l’étranger.
Paris, le 11 juillet 2017,
Madame la Ministre,
C’est avec consternation que j’ai appris la mise en scène, ce soir 11 juillet 2017, dans le cadre du Festival off d’Avignon, d’un spectacle intitulé « Moi, la mort je l’aime comme vous aimez la vie »*, inspiré des dernières heures du terroriste islamiste Mohammed M., assassin des soldats de Toulouse et Montauban et des enfants et père de l’École Ozar HaTorah. Conçue comme un dialogue entre les forces de l’ordre et le terroriste lors de la nuit précédant l’assaut, il semble que la pièce ait pour objet d’offrir au public un visage plus « humain » du criminel.
L’autorisation de ce spectacle interroge d’abord la politique du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme. Sans vouloir remettre en question la liberté d’expression ni accuser auteur et metteur en scène d’apologie, force est de reconnaître que ce spectacle a pour effet d’offrir une tribune posthume au terroriste, comme en témoigne le titre de la pièce, qui reprend une formule récurrente du credo djihadiste. Dans un pays comme le nôtre, ou plus de deux mille jeunes se sont embrigadés dans le djihad et ont porté la mort jusqu’au cœur de nos villes, analyser, expliquer, humaniser l’assassin de Toulouse et Montauban, c’est déjà un peu l’excuser et même légitimer son discours de haine.
Tous les moyens doivent être engagés pour éviter qu’un nouvel attentat soit commis en hommage à ce criminel
Ensuite, alors que 250 de nos compatriotes ont été assassinés depuis cinq ans par des djihadistes, l’Etat ne peut autoriser une entreprise qui vient nourrir, même involontairement, un risque terroriste déjà très élevé. Ancien vice-président de la Commission d’enquête sur les filières djihadistes en 2015 puis de celle sur les attentats de Paris en 2016, j’ai participé à des dizaines d’heures d’audition. Je sais que l’assassin de Toulouse et Montauban constitue, hélas, une source d’inspiration pour une jeunesse en mal de repères et en voie de radicalisation. Tous les moyens doivent être engagés pour éviter qu’un nouvel attentat soit commis en hommage à ce criminel, qui était, par exemple, une référence pour la cellule djihadiste, dite de Cannes-Torcy, responsable notamment d’un attentat contre une épicerie cachère de Sarcelles en 2012.
Enfin, ce spectacle constitue une intolérable injure à la mémoire des victimes et au deuil des familles. J’ai accompagné en 2012, dans une douleur indicible, les familles Sandler et Monsonégo, admirables de dignité et d’humanité, dans l’avion qui acheminait les dépouilles des victimes de l’attentat de l’école Ozar HaTorah vers leur dernière demeure, en Israël. A ce titre, je sais combien elles souffrent de la glorification posthume dont jouit cet assassin, qui ne mérite aucune clémence et dont les actes inhumains ne sauraient être expliqués. C’est dans cet esprit que le 26 juillet 2016, nous avons déposé avec Marine Brenier une proposition de loi visant à interdire la diffusion des photographies et l’identité des terroristes sur Internet et dans les médias. Est-il concevable, Madame la Ministre, de sensibiliser le public aux raisons qui ont conduit, par exemple, cet assassin à poursuivre et exécuter parce que juive une petite fille de 7 ans, Myriam Monsonégo, dans la cour de son école ? Par-delà l’enjeu moral de respect envers les morts et leurs familles, la liberté d’expression s’arrête là où elle provoque de manière évidente un dommage moral d’une extrême gravité. Un gouvernement qui a supprimé le secrétariat d’Etat à l’Aide aux victimes doit bien cela aux familles.
Pour toutes ces raisons, je vous demande de donner sans délai instruction aux préfets d’interdire la production de cette pièce à l’avenir ainsi que tout spectacle ayant pour effet de légitimer, même indirectement, le terrorisme et de porter atteinte à la mémoire des victimes.
Meyer HABIB
* Ecrite par le dramaturge algérien Mohamed Kacimi et mise en scène par Yohan Manca