Pour la deuxième fois cette année, les autorités russes ont expulsé du pays où il vivait depuis des années un rav ‘habad n’ayant pas la nationalité russe.
Cette semaine, un tribunal de district de Moscou a ordonné à Yosef Khersonsky, un rav affilié à ‘Habad de nationalité israélienne qui dirige une des communautés de la capitale, de quitter la Fédération de Russie en raison de sa « mise en place sans permission d’une entité étrangère à but lucratif », a déclaré l’agence de presse RIA Novosti.
Le tribunal n’a pas précisé la nature de l’entité en question.
A l’audience, le rav Khersonsky a repoussé l’allégation, arguant qu’il avait agi en tant que consultant en matière religieuse pour les institutions juives existantes. Il a l’intention de faire appel de la décision.
En mars, une cour d’appel russe avait confirmé une ordonnance d’expulsion prononcée contre un rav américain travaillant à Sotchi, ce qu’un chef local du mouvement ‘Habad avait qualifié de «journée sombre» pour les Juifs.
Dans sa décision contre Ari Edelkopf, la Cour d’appel de Krasnodar avait accepté la décision d’un tribunal de Sotchi selon lequel Edelkopf, qui travaillait comme émissaire de ‘Habad dans la ville, constituait une menace pour la sécurité nationale.
Boroukh Gorin, un rav dirigeant de ‘Habad en Russie, a déclaré à l’agence de presse AFP que les deux ordres d’expulsion faisaient partie d’une tentative des autorités russes de «remplacer nos rabbanim étrangers par des Russes à la tête des communautés pour pouvoir mieux les contrôler. »
Environ la moitié des 70 rabbanim travaillant pour la Fédération des communautés juives de Russie, affiliée à ‘Habad, sont étrangers. Au moins huit d’entre eux ont été privés d’autorisation de travailler en Russie au cours de la dernière décennie, a déclaré Gorin à la Jewish Telegraphic Agency en mars.
Sous le règne du président Vladimir Poutine, les Juifs russes ont connu un renouveau culturel dans lequel ‘Habad a joué un rôle de premier plan. Des dizaines de synagogues et d’immeubles ont été restitués aux communautés, tandis que les autorités et le pouvoir judiciaire ont été relativement intolérants contre la violence antisémite et les discours de haine contre les Juifs.
Mais Poutine a également mené une répression contre les droits de l’homme et les groupes religieux en général, en particulier ceux qui ont des affiliations internationales. Depuis 2012, la Russie a glissé dans le classement international de la liberté d’expression et des droits de l’homme.
En vertu de la législation de 2012 qui imposait des limitations majeures au travail des groupes à financement étranger, un groupe de charité juif de Ryazan, près de Moscou, a été signalé en 2015 par le ministère de la Justice comme un «agent étranger» en raison de son financement par le American Jewish Joint Distribution Committee et de sa diffusion dans son bulletin d’information des éditoriaux politiques publiés dans l’hebdomadaire juif L’Chaim.