Autour de la table du Chabbath, par le rav David Gold
Les jours de Roch Hachana et de Kippour sont à nos portes. La plupart le savent, ces jours fixent la qualité et la … quantité des jours de l’année à venir. Comme on le dit dans le Ma’hzor (livre de prière des fêtes) : » Qui sera tranquille, qui sera perturbé… qui par le glaive, qui par l’épidémie… » Tout cela est fixé ce Chabbath à venir et le lendemain dimanche. Donc le travail (spirituel) est grand, afin de faire de ces jours saints un tremplin vers plus de spiritualité : de la Tora et des Mitsvoth… moins de jalousie, de suspicion et de rancunes…
On le sait, il existe les jours de jugement de Roch Hachana et ceux d’expiation du jour de Kippour. Comme c’est enseigné dans la Gueémara (Roch Hachana) : « A Roch Hachana l’humanité passe en jugement et trois livres sont ouverts. Celui des Tsadikim (hommes droits et pieux), des mécréants et des indécis. A Yom Kippour le jugement céleste est scellé. » Or les Sages de mémoire bénie enseignent qu’il n’existe l’expiation des fautes que vis à vis du Ciel (par exemple avoir mangé non-cacher au « MacDo » du coin de rue… C’est une faute qui n’engage que l’homme avec son Créateur). Mais en ce qui concerne les fautes vis-à-vis des hommes (faire du mal, voler, conspuer..), il faudra obtenir le pardon de son ami. Plus encore, les Poskim (décisionnaires) enseignent que même vis-à-vis du Ciel, il n’y aura expiation (de la même faute) qu’après avoir demandé le pardon de son ami. Donc si la demande du pardon est si fondamentale, pourquoi la coutume est d’attendre le Kippour et non la veille de Roch Hachana ? (Par exemple un homme qui aurait volé son prochain –en lui vendant du virtuel qui est resté très virtuel …- devra rembourser la facture débiter injustement -avec la TVA- et décrocher le téléphone et dire: » Dis-moi, Daniel –ami d’enfance- est- ce que tu me pardonnes la petite entourloupe du 17 juin dernier…? ». Car sans ce coup de fil -même si notre très mauvais publiciste a remboursé l’arnaque- il restera une tache indélébile dans les cieux…). Puisqu’il n’existe Techouva que s’il y a pardon de la victime, pourquoi les Sages ne mentionnent pas la date butoir de Roch Hachana et non celle de Kippour ? La réponse que je vous propose est celle du rav Salanter zatsal (tiré d’un feuillet « Maadné Acher » du rav Anshel Schwarts). Dans une de ses lettres célèbres, il demande pourquoi la Tora fixe Rocha Hachana (jour de jugement) avant le jour de Kippour (celui de l’expiation des fautes) ? L’ordre aurait dû être l’inverse ! En effet, lorsqu’un accusé monte à la tribune et présente des faits devant le tribunal, il aura d’abord fait un repentir sincère. Car il le sait, s’il est accusé des pires crimes et qu’il se présente avec son costume Hugo Boos dernier cri, parfumé etc… le juré verra dans sa désinvolture que l’accusé n’a rien à se reprocher sur sa conscience… il risque fort d’écoper la peine maximale… N’est-ce pas, mes chers lecteurs ? Idem, Yom Kippour (jour d’introspection et de Techouva) aurait dû précéder Roch Hachana (jour de jugement) ! La réponse qu’il donne : à Roch Hachana un homme prend conscience de l’enjeu du deal… Les Sages –de mémoires bénies- nous dévoilent que le monde entier est jugé, que l’année à venir soit vécue en toute quiétude, ou dans toute l’inquiétude… Donc, en acceptant –à Roch Hachana- la royauté divine (car on sait que l’on est jugé), on aura fait un grand chemin. Donc ce jugement aide l’homme à réfléchir sur sa vie afin, qu’il prenne conscience qu’il existe une royauté divine sur terre. Après ce premier pas, un homme sera beaucoup plus enclin à faire un véritable repentir à Yom Kippour (c’est pourquoi Roch Hachana précède Kippour) ! Pareillement, la demande du pardon de la victime n’est pas une mince affaire. Il faut d’abord être persuadé qu’il existe un Juge suprême (dans le monde) pour aborder sérieusement la question du repentir vis à vis de son prochain…
Il existe aussi une autre manière de voir ces jours. Le Midrach enseigne qu’à Roch Hachana Yossef (Joseph, le fils de Ya’akov) est sorti des geôles égyptiennes le jour de Roch Hachana pour devenir le vice-roi d’Egypte. Autres événements qui se sont déroulés à Roch Hachana: deux mères du Clall Israël ont attendu leur enfant après des années de stérilité. C’était notre sainte mère Sara (épouse d’Avraham) qui enfantera Yits’hak, et Hanna qui enfantera le prophète Chemouel. Le dénominateur commun de ces trois événements c’est la date de Roch Hachana. Pour nous apprendre qu’à Roch Hachana les choses se décident dans le Ciel. Car en acceptant librement la royauté de Hachem, c’est un tremplin pour nous hisser vers plus de spiritualité, vers un monde plus clair, plus lumineux. Quand Yossef est sorti des geôles égyptiennes, cela faisait des années qu’il purgeait une peine dans un trou profond au Caire ou à Ramsès… Or, du jour au lendemain il sera hissé vice-roi d’Egypte (la plus grande puissance du monde). Pareillement, un homme qui acceptera la royauté divine, jouira d’un nouvel éclairage dans sa vie et comprendra le sens de ses épreuves. Il s’élèvera et amènera la bénédiction sur lui et sur sa famille (petite exemple de cette lumière dont je parle…
Ces derniers mois on parle de corona à longueur de journée… Or j’ai lu une anecdote intéressante. Il s’agit d’un Talmid ‘Hakham d’Israel, rav Menaché Raïzman qui a écrit tout dernièrement (la semaine dernière) sur son beau-père âgé de 92 ans (rabbi Eliézer David Ben Yéhezquiel Zéev Gantsfried) a rendu l’âme après avoir écopé le corona… On aurait dit : »Encore une victime du Corona… » Or ce noble vieillard un mois avant de partir -alors qu’il était en parfaite santé- a dit à son gendre qu’il sentait sa fin proche et qu’il voulait préparer son testament (chose qu’il n’avait jamais fait durant sa longue vie). Or ce Tsadik à pareil date ne souffrait d’aucune fièvre ni de toux… Ce n’est que trois semaines après qu’il ait écrit son testament auprès d’un juge du Beth Din- qu’il attrapera le Covid 19… N’est-ce pas que c’est le Roch Hachana de l’année passée qui a décidé du sort de ce Tsadik ? De là on comprendra que ce n’est pas les aléatoires statistiques du corona qui fixeront le sort de la communauté ni de tout à chacun… Autre point à cogiter ; le taux de mortalité de l’année dernière est plus important que celui de cette année (avec le corona). Donc c’est bien une autre preuve que la vie reste dans les mains miséricordieuses du Ribon chel Olam et non des bureaux des ministères de la santé en Israël et d’ailleurs…).
Les pleurs qui feront naître la délivrance !
C’est le rav Ménahem Stein qui rapporte cette histoire véridique.
Ce Talmid ‘Hakham est connu dans tout Israël pour son grand dévouement à dévoiler la parole de la Tora auprès de tous les publics.
Il y a déjà quelques années de cela, il avait été contacté par une ancienne élève qui lui demanda l’autorisation de se joindre à lui passer les fêtes de Roch Hachana.
En effet, cette jeune fille était mariée, mais les années passaient et elle n’avait toujours pas eu la joie de donner naissance à une progéniture.
Sa peine était très grande, c’est pourquoi elle demanda à son rav, le rav Stein, de lui faire retrouver des forces et du courage avec son mari en passant les fêtes auprès de lui et de sa famille.
C’est avec plaisir que le rav accepta de recevoir ce couple à sa table.
La fête se passa magnifiquement bien, la se’ouda était remplie de paroles de Tora et d’encouragements.
Puis le lendemain, la tefila se déroula dans la grande Yechiva de Pétah Tikva, « Or Israël ».
Le Ba’al Koré/lecteur de la Tora commença la lecture de la Haftara du premier jour de Roch Hachana.
C’est le passage du livre de Chemouel qui traite de la prière de ‘Hanna, la femme d’Elkana, pour avoir un enfant, car elle attendait depuis de nombreuses années de devenir mère.
Et lorsque le Ba’al Koré arriva au passage : ‘Et (Hanna) était en grande TRISTESSE, elle PRIA Hachem et pleura…’
À ce moment, on entendit des cris déchirants sortant de la ‘Ezrat Nachim ! (salle de prière réservée aux femmes)
Notre jeune dame qui s’écroula en pleurs au moment de la lecture de la prière de Hanna !
La panique fut tellement grande du côté des femmes, que tout le monde s’écarta de cette pauvre femme en sanglots !
Dans la synagogue, en bas, la lecture s’était arrêtée, car comment poursuivre la lecture alors qu’on entendait des cris et des pleurs provenant de la Ezrat Nachim ?
On est allé questionner le Roch Yéchiva si on devait continuer ou non.
Sa réponse fut d’en arrêter la lecture jusqu’à ce que cette femme retrouve son calme…
C’est près de 300/400 Bahourim (élèves) ken Yirbou et invités qui avaient attendu que ces pleurs cessent !
Cela durera… 7 minutes (!) de larmes et de sanglots déchirants au milieu de la lecture du livre de Chemouel qui avaient réussi à transpercer le cœur de tout un public !
Les 400 Bahourims s’en souviendront encore longtemps de ce Roch Hachana !
Le Roch Yechiva dira que ces larmes avaient fait beaucoup pour que toute la communauté puisse connaitre une vraie Techouva en ce jour de Roch Hachana !
Et pour finir, conclut le rav Stein, son élève l’appela au cours de la même année au mois de… Tamouz pour lui annoncer la bonne nouvelle que son épouse avait mis au monde un beau petit garçon !
Et toutes les années suivantes, cette femme eut la chance d’avoir encore sept (!) autres enfants !
Fin de l’histoire vraie.
Et pour nous, c’est de savoir comme le dit le Talmud que ‘Toutes les portes peuvent être fermées, mais la Porte des Larmes dans le Ciel n’est JAMAIS fermée ! » A plus forte raison à Roch Hachana et Yom Kippour.
Coin Halakha: Cette année Roch Hachana tombe le Chabbath et dimanche (19/20 Sept.). On écoutera le son du chofar que le dimanche. La Mitsva (d’écouter le Chofar) est en journée depuis le lever du soleil jusqu’à son couché. Tout celui qui n’est pas redevable de la Mitsva ne pourra pas rendre quitte son ami (ou la collectivité). Donc un enfant de moins de treize ans ne pourra pas sonner. Si le garçon est Bar-Mitsva (plus de treize ans), il faudra être sûr qu’il ait les signes de puberté pour nous rendre quitte. Une femme adulte ne peut pas rendre quitte les hommes car c’est une Mitsva qui dépend du temps (tous les 1° du mois de Tichri) et les femmes sont exemptes de toutes les Mitsvoth qui dépendent du temps. Cependant la coutume Ashkénaze c’est qu’elles feront la bénédiction avant l’écoute (Ora’h ‘Haim 589.1). Comme toute Mitsva, il faudra que l’assemblée pense se faire acquitter par l’officiant et que ce dernier ait l’intention de les rendre quitte. Nouveauté: un homme seul qui prie sans la collectivité (par exemple en cas de confinement) devra attendre la fin de la troisième heure de la journée pour prier la prière de Moussaf (ce qui revient à l’heure limite du Chema’du matin soit en Erets/Elad : 9h29). L’explication est que durant les trois premières heures de la journée de Roch Hachana, Hachem juge le monde avec sévérité. Nécessairement un homme seul devra attendre l’heure où les communautés ont l’habitude de dire le Moussaf afin qu’il s’associe à leurs prières. (592.8).
LeChana tova, Ketiva et ‘Hatima tova pour le Clall Israël et tous mes lecteurs. Que vous soyez inscrit dans le livre de la vie, de la santé et de la parnassa avec toutes vos familles. A la semaine prochaine si D’ le veut
David Gold
Une bénédiction à la famille Lelti Gabriel et son épouse (Villeurbanne) pour leur soutien en particulier à la parution du livre.
Je tiens à votre disposition avec plaisir, mon ouvrage : « Au cours de la Paracha » qui vient de paraitre : contact en France : 06 60 13 90 95.
Je tiens à la disposition du public dans la ville d’Elad – Israël, des exemplaires de mon livre. (Tout celui qui est intéressé à m’aider dans sa parution en France peut aussi me contacter). Mon téléphone : 00972 055 6778 747.