Il y a de nombreuses années, vivait un rav qui s’appelait rav Yits’haq. Lui et sa femme étaient très pauvres. Certes, il travaillait, mais le peu d’argent qu’il rapportait chaque jour à la maison ne suffisait pas. Cette situation était devenue pénible, sans compter qu’un autre souci majeur les attristait : ils n’avaient pas d’enfants.
Rav Yits’haq et sa femme priaient sans arrêt pour que Hachem accepte enfin de leur confier une nechama pure, un bébé, qu’ils rêvaient d’élever dans le chemin de la Tora…
Le miracle
Un jour, rav Yits’haq rentra chez lui et annonça à sa femme : « Je suis désolé, je n’ai rien gagné aujourd’hui ! Je n’ai pas de quoi acheter du pain, ni même de la farine pour que tu pétrisses toi-même… » Il était triste. « C’est le deuxième jour que je n’ai pas un sou… Je ne sais plus quoi faire. »
Sa femme le consola tant bien que mal, et resta souriante, malgré la période difficile qu’ils traversaient : « Rav Yits’haq, Hachem n’est que bonté. Il a certainement prévu quelque chose pour nous, et de l’argent nous est réservé, j’en suis persuadée… Va donc au bord de mer. De nombreux commerçants y travaillent. Peut-être que l’un d’entre eux aura besoin de tes services. Ou peut-être qu’un bateau arrivera, et qu’on aura besoin de main-d’œuvre pour décharger les marchandises. »
Rav Yits’haq écouta le conseil de sa femme, et partit. Sur le bord de mer, il ne vit aucun bateau approcher. Personne n’avait besoin de lui. Il perdait visiblement son temps à chercher du travail, de l’argent, de quoi se nourrir et nourrir sa femme. Comme d’habitude…
Il se tourna vers le ciel et pleura : « Hachem, aide-nous ! Donne-nous la parnassa ! »
Quand il eut fini sa prière, il baissa les yeux et vit près de lui un objet qui scintillait. Certainement un bout de verre. Pourtant, il voulut en avoir le cœur net. Il le ramassa, et se rendit compte qu’il s’agissait d’un diamant ! Oui, les enfants ! Un vrai diamant qui valait certainement très cher !
Il courut raconter cela à sa femme : « Hachem nous a écoutés, et a décidé de nous aider ! Regarde ce beau diamant que j’ai trouvé dans le sable ! »
Sans tarder, rav Yits’haq partit chez l’orfèvre qui confirma : il s’agissait là d’un diamant très rare, qui valait beaucoup d’argent !
« Combien ? demanda rav Yits’haq.
- Beaucoup trop pour que je puisse te l’acheter ! » répondit l’orfèvre.
D’un côté, rav Yits’haq était heureux de posséder une telle fortune en poche, mais d’un autre, à quoi cela servait-il si personne ne pouvait lui en donner la contrepartie ?
Le roi est acheteur
Un jour, le roi de France entendit parler du diamant de rav Yits’haq. Cela tombait bien, puisque c’était bientôt son anniversaire. A cette occasion, il avait fait construire une immense statue, qu’il prévoyait d’inaugurer ce jour-là. Il ne lui manquait qu’une seule pierre, pour l’un des deux yeux !
Le roi envoya des soldats pour faire venir rav Yits’haq, avec son diamant, en vue de l’achat.
Cependant, lorsque rav Yits’haq comprit que son diamant servirait à orner une statue, il s’excusa : « Ecoutez, je suis désolé, mais je ne pourrai pas vendre le diamant au roi !
– Comment cela ? cria l’un des soldats. Vous ne pouvez pas ? Mais c’est un ordre ! Et si vous ne voulez pas le vendre, eh bien nous le prendrons de force, et vous serez puni pour votre impertinence ! Est-ce bien clair ? Suivez-nous immédiatement ! Montez sur le bateau et ne vous avisez pas de nous mettre en colère ! »
Rav Yits’haq embarqua avec les soldats, sans dire mot, mais il ne savait pas comment se sortir de cette situation. Il savait bien qu’il est interdit à un Juif de construire une statue, ou d’aider un goy à le faire. C’est la halakha ? où ?
Il réfléchit, mais n’envisageait qu’une seule solution possible : en chemin, il se promena sur le grand bateau et engagea la conversation avec un voyageur non-Juif. Il lui raconta, à voix basse, qu’il avait là un diamant de la taille d’une noisette.
« Quoi, vraiment ? Montrez-le moi ! »
Rav Yits’haq sortit l’objet de sa poche, délicatement, et le tendit au goy : « Attention, qu’il ne lui arrive rien, hein! »
Pendant que le goy contemplait le diamant, rav Yits’haq eut un mouvement brusque, « sans faire exprès » ! Le diamant glissa des mains du goy, pour tomber directement… dans la mer !
Pour que personne ne comprenne qu’il s’agissait d’une ruse, rav Yits’haq se mit à crier, à pleurer : « Oh non ! Qu’as-tu fait ? C’était là mon seul bien ! J’ai perdu toute ma fortune ! » Les soldats eurent pitié de lui et ne lui firent pas de mal.
Hachem vit ce que rav Yits’haq avait fait : il avait renoncé à la richesse pour éviter de faire une ‘avéra!
Il décida alors de lui donner une chose encore plus importante que la fortune : un enfant qui deviendrait talmid ‘hakham et éclairerait les Bené Israël de son savoir !
Savez-vous qui est cet enfant ? Un petit enfant nommé Chelomo, qui est devenu un grand tsaddiq… C’est Rachi ! Rabbi Chelomo bar Yits’haq !