Le 17 mars dernier, un rapport accusant Israël de soumettre les Palestiniens à un régime d’apartheid est retiré sur demande expresse du nouveau Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Un article publié dans Le Monde daté du même jour s’en émeut et, sous le coup pressé de l’indignation mécanique à l’égard d’Israël, omet les éléments clefs du dossier. Quelques mots sur le co-auteur du rapport, Richard Falk, et sur le sort très particulier réservé à Israël au sein des instances onusiennes auraient pourtant éclairé cette décision d’un jour tout à fait différent.
Richard Falk, professeur de droit international à l’université de Princeton nommé Rapporteur spécial des Nations-Unies pour traiter la question palestinienne en 2008 (jusqu’en 2014), a témoigné à plusieurs reprises d’une addiction pour les théories du complot.
S’il défend les poncifs classiques du conspirationnisme ordinaire relatif aux attentats du World Trade Center, Richard Falk voit aussi dans le terrorisme islamiste un acte de résistance et opère une sinistre inversion des victimes et des bourreaux.
En avril 2013, il n’hésite pas à mettre les attentats de Boston sur le compte du «projet de domination globale des États-Unis », complices d’Israël. Grâce à la campagne intense menée par l’ONG UN Watch auprès des ambassades et des médias, l’ancien Secrétaire général Ban Ki-moon condamne finalement ses propos.
Connu également pour avoir posté des caricatures antisémites sur son blog et accusé Israël d’intentions génocidaires, Richard Falk, ouvertement favorable à l’organisation terroriste du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, a même suscité par ses prises de position l’inquiétude de l’Autorité palestinienne, laquelle aurait secrètement demandé sa démission. Peu étonnant donc de voir que le rapport dont il est l’inspirateur appelle les États-membres des Nations-Unies à soutenir la mouvance «Boycott – Désinvestissement – Sanctions» (BDS) ; plus surprenant en revanche est de constater que Benjamin Barthe, correspondant du Monde à Beyrouth, n’y détecte aucun signe manifeste d’un parti pris violemment anti-Israël — les campagnes BDS, savamment orchestrées mais reposant sur une rhétorique antisioniste mensongère et belliqueuse ont pourtant été déclarées illégales en France, en 2015, par arrêt de la Cour de cassation.
Le rapport co-écrit par Falk semble en outre aussi avoir été le premier à qualifier Israël d’État d’apartheid, un autre élément que l’article du Monde prend à la légère, comme si cette accusation n’était qu’une confirmation juridique d’un état de fait connu et reconnu depuis bien longtemps.
C’est oublier de rappeler que l’association du terme apartheid au nom d’Israël — outre ce qu’elle contient de mépris pour les victimes de l’authentique apartheid en Afrique du Sud — n’exprime qu’un «fait alternatif», c’est-à-dire une désinformation sous forme, ici, de slogan.
N’en déplaise à ses détracteurs, Israël demeure la seule démocratie au Moyen-Orient où tous, Juifs et Arabes, jouissent de leurs droits civiques. Le seul cas où ces deux mots pourraient toutefois être accolés correspondrait au résultat de l’hypothétique menace pesant sur Israël si la solution à deux États venait par malheur à être écartée.
N’en déplaise à ses détracteurs, Israël demeure la seule démocratie au Moyen-Orient où tous, Juifs et Arabes, jouissent de leurs droits civiques. Le seul cas où ces deux mots pourraient toutefois être accolés correspondrait au résultat de l’hypothétique menace pesant sur Israël si la solution à deux États venait par malheur à être écartée.
Avec de si graves accusations formulées par le fumeux «spécialiste du droit international» Richard Falk, expulsé en 2012 de l’organisation Human Rights Watch pour ses penchants antisémites et conspirationnistes, très certainement choisi comme co-auteur en raison de l’honnêteté intellectuelle bien connue dont il a su faire preuve tout au long de sa carrière, on comprend mieux pourquoi la cheffe de la Commission économique et sociale pour l’Asie (ESCWA), Rima Khalaf, a préféré publier ledit rapport dans le secret, sans se référer aux services compétents ni le soumettre à l’autorisation du Secrétaire général avant d’utiliser la bannière officielle de l’ONU.
Ce ne serait pourtant pas la première fois dans son histoire qu’Israël est placé ouvertement au ban des Nations… unies : rappelons la résolution votée en 1975 assimilant le sionisme à un racisme (révoquée en 1991) et, quarante ans plus tard, la mascarade du Sommet de Durban. Seul État-membre rejeté par tous les groupes géographiques prévus par l’organisation pour faciliter son fonctionnement jusqu’en 2013, Israël est a contrario le seul État à faire l’objet d’une thématique distincte parmi les thèmes transversaux (et non nationaux) débattus à l’ONU, en particulier au Conseil des droits de l’Homme à Genève : la moitié des résolutions y concerne Israël, laissant peu d’espace à la condamnation des crimes génocidaires commis hier contre les musulmans en Bosnie ou les Tutsis au Rwanda, aux massacres de masse et atrocités perpétrés aujourd’hui contre les Syriens, les Chrétiens d’Orient ou les musulmans rohingyas de Birmanie, contre les populations civiles au Soudan ou au Burundi. Sans parler des droits de l’homme bafoués en Chine, en Russie, au Venezuela…
Un rapport retiré en 48 heures sous la pression des États-Unis et d’Israël, nous dit-on ? What the Falk[1], Le Monde ? Des calomnies identifiées et rejetées in extremis avant qu’une instance onusienne se fasse à nouveau l’écho d’un universalisme à deux vitesses, oui !
[1] Titre de l’article publié par le Wall Street Journal au moment où les propos conspirationnistes de Richard Falk sur les attentats de Boston ont été dévoilés. Jeu de mots sur «What the fuck ?», qu’on peut traduire par «C’est quoi ce bordel ?» ;
Source : La règle du jeu
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