” Qui s’y frotte s’y pique”» ou ” Cominus et eminus” qui signifie de près et de loin, avec pour icône un porc épic.
Cette expression qui date visiblement de la fin du XIVe siècle en France est passée depuis dans le langage courant, elle pourrait être la devise d’Israël.
On a laissé planer en Israël un certain trouble pouvant faire croire que le retrait américain était inquiétant et consternant, il constituait un revers inquiétant de Donald Trump, c’est exact, mais inquiétant pour qui ? Très certainement pour les intérêts américains dans la région et même ailleurs dans le monde, notamment des pays proches des États-Unis qui se disent que Washington n’est pas un parapluie sécuritaire fiable.
Ce n’est pas le cas pour Israël, son comportement face à la crise syrienne et surtout aux ambitions expansionnistes iraniennes au Proche- Orient, a toujours été lisible et exempt de peur paralysante.
L’ancien conseiller à la sécurité de Netanyahou de 2011 à 2013, Ya’akov Amidror ne s’y trompe pas, il affirme dans une interview au Times Israël : ” Nous pouvons nous défendre face au retrait américain. ”
Rappelons que le Premier ministre Netanyhaou a lui-même clarifié la situation. ”Comme en 1973, lors de la guerre du Kippour, nous apprécions énormément aujourd’hui le soutien important qui nous est apporté par les États-Unis et qui s’est considérablement renforcé ces dernières années, ainsi que les pressions économiques majeures exercées par les Américains sur l’Iran”.
Netanyahou a cependant insisté : « Même ainsi, nous nous souviendrons toujours et nous mettrons toujours en oeuvre la règle de base qui nous guide à travers le temps :”Israël saura se défendre, seul, contre toutes les menaces”, une référence explicite à la décision du président américain Donald Trump de retirer ses troupes du nord de la Syrie.
Il est très probable que le retrait des États-Unis entraînera un vide dans le pouvoir qui s’exerçait dans la région et qui pourrait revenir à l’État islamique, aux groupes jihadistes et bien évidemment qui renforcera l’Iran, la Syrie et la Russie.
Les Israéliens retiennent surtout dans le retrait de Trump de Syrie la marque d’une volonté dangereusement isolationniste. Un désir d’absence dans la région clairement affirmé par Donald Trump. Une attitude qui a été précédée par une défection apparente, celle du manque de volonté exprimé par le président Trump d’utiliser la force militaire pour répondre aux attaques contre les actifs américains et les alliés des États-Unis dans la région.
À Jérusalem, on ne nie pas le rôle positif joué par la seule présence des troupes américaines en Syrie dans la prévention d’une ligne iranienne ininterrompue, s’étendant de Téhéran à la méditerranée.
Le départ de ces forces augmente la probabilité que la guerre de l’ombre que se livrent Israël et l’Iran finisse par éclater au grand jour.
”Israël saura se défendre seul, c’est quelque chose que nous prenons très au sérieux”, affirme Ya’akov Amidror.
On ne peut nier toutefois que Jérusalem a besoin du soutien de Washington dans l’arène diplomatique.
Le soutien financier et la coopération technologique des Américains sont également très appréciables, mais tout le monde s’entend pour estimer qu’Israël n’a pas besoin des soldats américains sur le terrain ici, pour le défendre.
Selon des informations parues à l’étranger, Tsahal a frappé des objectifs iraniens en Syrie plus de 200 fois. Les États-Unis se sont abstenus.
Cette mission de combat contre les Iraniens et contre l’influence de l’Iran dans la région apparait donc assumée par Israël, ce qui en fait d’autant plus une cible pour l’Iran.
Cependant Israël a bien laissé comprendre qu’une attaque contre des objectifs israéliens entrainerait une réplique de pleine puissance.
Il n’est pas certain que les Russes soient intéressés à ce que l’Iran déstabilise toute la région, alors qu’ils ne voient plus maintenant après le départ américain et le désengagement de Washington, aucun obstacle sur la route que le Kremlin s’est tracée pour assurer une nouvelle gestion de la Syrie.
Peut- être faut- il prendre aussi en compte que les Kurdes abandonnés par les Américains et poursuivis par les Turcs, pourraient décider finalement faute d’alternative, de se blottir dans le giron syrien de Bachar El Assad.
Moscou, maître du jeu de la région, ne devrait pas encourager sauf accident ou dérapage imprévu, une provocation iranienne contre Israël, ce qui déstabiliserait gravement ses plans. Vladimir Poutine ne négligerait sans doute pas, la devise maintes fois démontrée par l’état hébreu ”Qui s’y frotte s’y pique”.