Avec l’éventuelle annexion par Israël de la vallée du Jourdain – qui depuis 1967 est définie comme la frontière de sécurité d’Israël- nous voyons ressurgir ces jours ci un slogan devenu une sorte de formule magique, un mantra, chargé à la fois d’expliquer la réalité et de la conjurer. En somme une pensée toute faite pour empêcher de penser.
Quatre Etats pour un seul peuple…
Déjà une réalité
« Deux peuples, deux Etats », c’est déjà une réalité sur un territoire, qui, à l’origine, fut défini par le droit international – qu’ignorent en général tous ceux qui l’invoquent -, comme la « Palestine mandataire », comprenant à la fois la Jordanie, la Judée Samarie, Gaza et le territoire israélien. Après la disparition de l’Empire ottoman la SDN avait confié à la Grande Bretagne le mandat d’y créer deux Etats, un Etat « arabe », et un Etat« juif ».
L’Etat arabe existe : la Transjordanie
L’Etat arabe fut le premier créé, ce fut la Transjordanie, aujourd’hui la « Jordanie », un Etat dont la majeure partie de la population et la reine sont d’origine palestinienne, quoi que le pouvoir soit aux mains d’une dynastie bédouine, les Hash2mites, que la Grande Bretagne avait voulu récompenser pour son soutien politique au Moyen Orient.
Naissance de la Cisjordanie
C’est quand cet Etat, la Transjordanie, a envahi et annexé la Judée Samarie durant la guerre de 1948, que ces territoires sont devenus la Cis-Jordanie, puisque la Transjordanie occupait désormais l’autre rive du Jourdain et donc devenait la « Jordanie » tout court (Transjordanie + Cisjordanie). L’Etat juif se créa en affrontant la guerre d’extermination que les Palestiniens et leurs alliés arabes avaient lancée contre lui.
D’où vient l’« Autorité palestinienne »
Ce que l’on appelle l’« Autorité palestinienne » fut créé par le bon vouloir d’Israël, vainqueur de la guerre d’agression contre lui de 1967. Les « Accors d’Oslo » sont allés chercher l’OLP, exilée à Tunis après la guerre civile qu’elle avait lancée au Liban, pour lui conférer un statut de quasi Etat : une véritable folie politique.
L’Etat de Gaza
Entre temps, sur le terrain un quasi Etat palestinien s’était de facto créé à Gaza, au lendemain du retrait israélien, un Etat qui a installé la guérilla permanente au cœur d’Israël.
Un deuxième Etat ?
De quel Etat palestinien s’agit-il donc dans le slogan de « deux peuples-deux Etats » ?
Ce serait de toutes façons un deuxième Etat arabe en Palestine mandataire, ce qui n’a aucun fondement dans le « droit international » qui prévoyait un partage territorial entre deux Etats sur la base de la Palestine mandataire. Si bien que la Jordanie est en fait déjà cet Etat « arabe » : le fait que la dynastie hashémite le gouverne constitue un problème interne à la population palestinienne majoritaire de ce pays. Ce n’est pas le rôle d’Israël de réajuster le pays réél au pays légal.
L’irrédentisme de l’Autorité Palestinienne
L’évolution des choses a fait que l’Autorité palestinienne, à l’instar de l’OLP, sa phase première, revendique non seulement la Cisjordanie et Jérusalem mais aussi le reste du terrritoire de la « Palestine mandataire », qualifiée d’« occupée » : la Jordanie est mise en sourdine par stratégie, seul l’Etat d’Israël est sur la sellette. Il n’y a que les « idiots utiles » qui n’ont jamais lu ni entendu ce que disent les Palestiniens.
Facteur de guerre
Cet Etat apportera-t-il la paix ? Certainement pas. C’est une absolue certitude, non seulement sur le plan des intentions avérées et proclamées de l’Autorité palestinienne qui considère que l’Etat d’Israël « occupe » toute la « Palestine », que plusieurs millions (sic) de « réfugiés » doivent réintégrer le territoire israélien, etc. Objectivement, enfermé dans un territoire exigu et pauvre, sans accès à la mer, ce territoire deviendra très vite une bombe à retardement posée au cœur du territoire vital d’Israël : Tel Aviv s’offre, à 15 km de distance, au bombardement panoramique depuis les hauteurs de Ramallah.
Le « couloir » de Gaza
Pour cet « Etat » palestinien, se pose avant tout la question de Gaza. La bande de Gaza en fera-t-elle partie ? Et si tel est le cas, comment établir une continuité territoriale entre l’Etat « palestinien » de Ramallah et ce territoire ? La communication entre ces deux entités couperait Israël en deux et remettrait en question l’avenir du Negev. Verra-t-on se constituer « le couloir de Gaza », comme il y eut le « couloir de Dantzig », une des causes de la Deuxième Guerre mondiale ?
L’irrédentisme devenu possible
Mais ce n’est pas tout, car cet Etat de Palestine, irrédentiste, cherchera à rameuter la population d’origine palestinienne. On peut être sûr qu’il fomentera une rebellion en Jordanie contre le régime des Bédouins et qu’il manipulera la minorité arabe d’Israël. Que fera-t-il au Liban ?
La rebellion programmée des Arabes israéliens
La minorité arabe d’Israël ne demande que celà : bien qu’elle bénéficie des droits de la citoyenneté israélienne elle se définit comme une minorité nationale palestinienne, rejette les symboles de l’Etat et dénie toute légitimité à l’Etat d’Israël et à sa déclaration d’indépendance. Elle vote surtout comme un seul homme à la Knesset à travers le consortium de plusieurs partis réunis en un seul parti ethnique, La Liste Unifiée (15 sièges), qui va des communistes aux islamistes. L’éradication du caractère juif de l’Etat est son objectif politique et elle est la première à mettre au ban l’Etat d’Israël pour le pseudo apartheid dont elle l’accuse. Si un Etat palestinien se crée, c’est plus l’évolution potentielle des Arabes palestiniens citoyens d’Israël qui représente un danger pour Israël que le système ingérable qui s’installera entre Gaza, Ramallah et la Jordanie. L’Etat croupion de Palestine s’efforcera de fédérer ses troupes en Jordanie comme en Israël sur de multiples scènes.
Quatre Etats : d’où ressort« la Palestine laïque et démocratique »
Ce ne sera plus « deux peuples pour deux Etats » mais « Quatre Etats pour un seul peuple », en un mot un remake du bluff de la « Palestine laïque et démocratique » promise par Arafat, sur les ruines fumantes de l’Etat d’Israël.
*sur la base d’une chronique sur Radio j, le vendredi 26 juin 2020