Quand l’Iran est sur la sellette

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La chronique de Michèle MAZEL

                     Le capital de sympathie dont semble disposer l’Iran en Europe n’avait pas été érodé par les derniers épisodes de la guerre larvée qui l’oppose aux États-Unis. D’ailleurs l’Union européenne n’a pas hésité à détourner le mécanisme des sanctions imposées à Téhéran en lui envoyant du matériel destiné à combattre le Coronavirus. La situation des Droits de l’Homme au pays des ayatollahs aurait pourtant dû interpeller l’Occident.

            Il est vrai que d’autres pays se livrent à de semblables violations mais la communauté internationale est sélective dans ses condamnations. Ce qui est permis aux riches monarchies pétrolières comme l’Arabie saoudite ou le Qatar ne l’est pas pour l’Égypte, souvent épinglée pour la façon dont elle traite les opposants alors qu’elle ne pratique ni les exécutions sommaires, ni la flagellation publique et encore moins la lapidation.

            Or ces jours-ci, on assiste à ce qui ressemble fort à un retournement de situation, le résultat semble-t-il d’une série de facteurs d’apparence isolés mais dont le poids s’accentue. Il y a eu l’affaire de l’avion ukrainien abattu en janvier dernier par les défenses aériennes iraniennes alors qu’il décollait de Téhéran.  Il n’y a eu aucun rescapé parmi les 167 passagers, en majorité iraniens, et les 9 membres d’équipage. Les autorités ont commencé par dénier les faits et ont évoqué une défaillance technique de l’appareil mais n’ont pas pu longtemps dissimuler la vérité. La vague de protestation populaire qui a suivi a été réprimée dans le sang.

            Il y a eu ensuite plusieurs cas de chercheurs étrangers arrêtés pour de prétendues affaires d’espionnage, en réalité pour servir de monnaie d’échange, le régime cherchant à récupérer certains de ses ressortissants condamnés pour des faits réels. Il y a eu surtout une cyberattaque contre le système d’approvisionnement en eau d’Israël qui aurait compris une tentative d’empoisonnement de l’eau potable susceptible de faire des milliers de victimes. Décelée à temps, l’attaque n’a pas eu d’effets ; en représailles, ce serait Israël qui a lancé la cyberattaque qui a paralysé pendant plusieurs jours le plus grand port iranien.

            Les médias ont peu parlé de cette histoire, mais les services de sécurité occidentaux, qui en ont eu vent, n’ont pas manqué de prévenir leurs gouvernements. Enfin les débordements verbaux de l’Ayatollah Khamenei lors de la «journée de Jérusalem», le mois dernier, ont entraîné des propos d’une dureté inhabituelle du journal Le Monde du 31 mai sous la plume de Jean-Pierre Filiu : «La propagande iranienne s’est souvent surpassée dans le mauvais goût, surtout quand il s’agit de nier l’existence même de l’État d’Israël, un des actes de foi de la République islamique…. Khamenei a cette fois osé tracer un parallèle entre le sionisme et le coronavirus».

            Rappelons que l’Union européenne avait fermement condamné les propos de Khamenei. Reste à savoir si l’Europe va se contenter de cette réaction «épidermique» ou si nous voyons se dessiner une réévaluation de sa position vis-à-vis de l’Iran. 

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