Quand « la Table du Chabbath » fait dans le « Monsieur Tournesol »…

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Autour de la table du Chabbath, n° 475 Yitro

Ces paroles seront étudiées le-‘ilouï nichma de Odayah Nathalie Kamra bath Danielle תנצבה (Rabbanith Benchetrit)

Cette semaine nous avons la chance de lire dans la section hebdomadaire le passage du don de la Tora. Le 3ème mois de la Sortie d’Egypte : Roch ‘Hodech Sivan. Nous sommes arrivés devant la montagne sainte du Sinaï. Six jours plus tard, nous recevions la Tora des Mains de Hachem par l’intermédiaire de Moché notre Maitre.

Le phénomène mérite d’être analysé, car il montre que nous ne sommes pas sortis de l’esclavage uniquement pour vivre une vie libre des contingences du labeur ou pour faire partie de la vaste famille des peuples de la planète avec son drapeau, son hymne et sa population. Notre peuple se distingue du fait qu’il a accepté la Tora, les Mitsvoth de Hachem Yitbarakh. Et le fait que nous avons reçu la Tora avant même notre entrée en Terre sainte montre que l’installation en Erets est subordonnée à la pratique des Mitsvoth. C’est une condition préalable. Nécessairement tous les idéaux politiques (sionistes, laïques) qui soutiennent l’idée qu’une vie en Israël soit éloignée de la pratique sont en porte à faux avec cet axiome de base qui date depuis plus de 3200 ans, monsieur Tournesol (excusez-moi pour cette digression) … De plus, la Tora nous enjoint de servir Hachem de la meilleure des façons comme on le dit deux fois par jours : « Tu aimeras ton D’ de tout ton cœur, de tout ton âme et de toute tes capacités« . C’est-à-dire que mes lecteurs, qui ont un souci de la vérité historique, doivent prendre en considération ce texte trois fois millénaire (la Tora écrite et orale). Cqfd.

Ces axiomes évidents pour tout croyant sont peut-être la meilleure manière de défendre la position de la communauté face au monde et à nos proches voisins (et je pense que c’est ce nouveau langage qui est développé outre Atlantique (par le Président Trump et ses proches) pour défendre Israël. Donc si le président des USA comprend déjà cela, alors pourquoi le quidam de Tel-Aviv ne veut pas entendre et comprendre ce message si simple ?).

Lors du grand dévoilement du Sinaï, Hachem a énoncé les 10 commandements et les deux premiers ont été entendus par les oreilles de toute la communauté soit près de 3 millions de personnes. C’est un fait remarquable car, si je ne m’abuse, il n’existe pas une seule religion sur terre qui peut prétendre que tous ses adeptes en même temps ont entendu la voix de D’ qui leur propose un nouveau mode de vie (c’est toujours un « prophète » qui dit à ses disciples qu’il a entendu la Divinité lui parler…). Or c’est marqué noir sur blanc dans les rouleaux de la Tora qui sont lus toutes les semaines depuis déjà des millénaires, bien avant les 9 années d’existence de votre feuillet préféré « Autour de la magnifique Table du Chabbath, n’est-ce pas ? C’est un fait remarquable qui n’a pas son égal dans l’histoire humaine. Cette constance unique au monde de ces parchemins véhiculés dans toutes les communautés de par le monde, sont un témoignage de la véracité de l’évènement (ce beau développement me rappelle les paroles du regretté rav Claude Lemmel zatsal lors de ses conférences de Arakhim-France, il y a fort longtemps, que son souvenir soit source de bénédictions à sa descendance et à ses élèves).

Dans les 10 commandements on s’attardera, une nouvelle fois pour ceux qui me suivent, sur le 5ème commandement qui est la Mitsva d’honorer ses parents. Cette Mitsva est fondamentale dans la vie d’un homme car la Guemara (Nida 30) enseigne que les parents sont associés avec D’ dans la création de l’enfant. Le père donne les os (la partie blanche du corps humain) tandis que la mère donne la chair (le rouge) et Hachem donne la Nechama (l’âme). Sans ces trois associés il n’existe pas de vie, et grâce à eux le monde perdure.

Il existe deux Mitsvoth : celle de craindre ses parents (par exemple de ne pas les contredire) et de les honorer (dans leurs grands jours : les vêtir, leur donner à manger, etc.). La Guemara (Kiddouchin 31.) donne un cas d’école. Lorsque le père demande au fils une chose à faire tandis que la mère demande autre chose, le fils devra commencer à accomplir l’ordre du père. Et le Talmud donne son explication : bien qu’au niveau des honneurs le père et la mère soient identiques, comme la mère est l’épouse du père, elle est assujettie à son mari (cela fait partie des obligations du mariage au même titre que le mari doit nourrir sa femme et lui accorder son nécessaire). Seulement la Guemara expose le cas où les parents sont divorcés : existe-t-il une préséance (puisque dorénavant l’ex-épouse n’est plus assujettie à son mari) ? Le Choul’han ‘Aroukh (Yoré Déa’ 240.14) tranche le dilemme que dans un cas pareil, le fils pourra faire à sa guise, il peut choisir sa mère au détriment de son père. Le rav Ben Tsion Felman zatsal pose une intéressante question. La Michna dans Horayoth (à la fin du traité) enseigne : « L’homme passe avant la femme pour la subsistance (Tsedaka) et l’aide dans la recherche d’un objet perdu (perte d’argent). Par contre, dans le cas où la femme a besoin d’être vêtue (par les dons communautaires) on fera passer la femme en premier (par pudeur). Autre cas, pour la libération de captifs, la femme passe avant l’homme (car la femme est faible vis à vis de ses ravisseurs). Continue la Michna, dans le cas où il y a à craindre une abjection terrible des kidnappeurs vis-à-vis de l’homme (lo ‘alénou), on devra faire passer l’homme en premier. Fin de la Michna. (C’est-à-dire que dans le cas d’un rapt, si on le choix à faire sortir en premier certains otages on choisira les femmes. Dans le cas où il y a à craindre que les ravisseurs aient d’autres tendances que D’ nous en garde, alors on préféra faire sortir l’homme avant, car son rabaissement est bien plus grand. (En filigrane de notre développement on voit de cette Michna une réponse à tous ceux qui mettent encore en doute la profondeur et la véracité de l’enseignement de la Tora, car cette Michna a été compilée par rabbi Yehouda Hanassi il y a plus de 2000 ans et notre tradition fait remonter son enseignement au Mont Sinaï. Elle reste une lumière qui vient éclairer nos jours difficiles et si tragiques dans la marche à suivre. Et par la même occasion la « Table du Chabbat » souhaite à tous nos otages à Gaza une longue vie et une bonne santé pour bientôt retrouver la liberté).

De cette Michna on apprend que d’une manière générale l’homme passe avant la femme sauf lorsqu’il y a une cause particulière (pudeur). Les commentaires expliquent que puisque l’homme a plus de Mitsvoth à accomplir que la femme, il est plus « sanctifié » et donc lui revient une préséance sur cette dernière. D’après cela, demande le rav : pourquoi la loi tranche que le fils choisit celui qu’il veut (entre son père et sa mère) ? Or d’après cette Michna le fils devrait faire passer son père devant sa mère, car l’homme passe d’une manière générale avant la femme ?

La chose demande approfondissement mais on peut répondre que le Choul’han ‘Aroukh apprend un peu différemment cette Michna. En effet certains expliquent (‘Hazon Ye’hezkel Baba Metsia 2.13 rapporté dans Michnayot Artskrol 3.8 I’younim 4) qu’il n’existe d’honneurs que vis-à-vis de ses parents ou d’un érudit (Talmid ‘Hakham), dans tous les autres cas il n’y a pas d’honneurs particuliers (d’après la Tora). Donc lorsque la Michna enseigne que l’homme passe avant la femme c’est lorsqu’il s’agit de choisir une seule personne (par exemple les caisses communautaires n’ont pas la possibilité d’aider tout le monde) : on choisira l’homme avant la femme. Mais lorsqu’il s’agit uniquement d’un ordre de préférence et que dans tous les cas tous les pauvres seront aidés, il n’y a pas d’ordre à suivre (sauf lorsqu’il il y a une crainte particulière comme dans le cas du kidnapping). D’après cet éclairage, le fils pourra choisir celui qu’il veut.

Cqfd et ‘hazak pour ceux qui m’ont suivi jusqu’au bout (pour mes lecteurs assidus j’ai rapporté d’autres réponses du rav Felman Zatsal dans le feuillet « Yitro » de la 2ème année).

Le sippour

Comme cette semaine on vous a parlé des 10 Commandements qui ont été donnés avec tonnerre et feu céleste, on a décidé de vous rapporter ce magnifique et véritable sippour nous montrant que, des fois dans la vie, il peut avoir des moments équivalents à ce grand dévoilement. Il s’agit de l’illustre rav El’hanan Wasserman, Hachem yikom damo, qui était le Roch Yechiva à Branovitch en Lituanie avant la Deuxième Guerre mondiale. En plus de sa fonction de donner les cours de Tora aux élèves, il s’occupait de ramasser des fonds pour la Yechiva. Comme la situation financière n’était guère brillante, il partit jusqu’à la lointaine Amérique pour essayer de remonter la situation. A l’époque, le voyage n’était pas aisé : il fallait prendre le train jusqu’à Hambourg, puis emprunter le paquebot destination… New York. Pas moins de trois semaines de voyage. Mais, que ne fait pas un Roch Yechiva pour la Tora ?

Arrivé en Amérique il fut hébergé par des anciens amis et élèves de Branovitch. Le travail de récolte des fonds commença. Cependant malgré le déroulement des semaines et le travail fait, la situation du compte bancaire de la Yechiva restait désespérément en dessous de tous les pronostics. L’argent ne venait pas. Une fois, un élève du rav annonça une bonne nouvelle, il avait pris contact avec le richissime Mister Jacob, un des Juifs les plus riches du pays, qui possédait une grande manufacture de vêtements. Cependant, restaient deux problèmes :

1- il était complètement détourné du judaïsme

2- il était très pingre.

Le rav El’hanan s’enquerra de l’identité de ce Jacob. D’où venait-t-il ?

Après une courte enquête, il s’avère que dans leur petite enfance, le Roch Yechiva et ce Mister Jacob ont étudié ensemble dans le même Talmud Tora. A l’époque il s’appelait Yankelé. Aussitôt l’identité de Jacob établie, le rav El’hanan dit de suite à son élève de convenir d’un rendez-vous. L’élève, connaissant l’avarice de ce Jacob, refusa de l’appeler. Cependant, la persuasion du Roch Yechiva l’emporta, et voilà que Jacob répond. Bonne surprise ! Au téléphone, Mister Jacob est ravi de l’idée et de suite, il envoie un taxi. Rav El’hanan et son élève montent dans la voiture, et arrivent promptement devant le haut building de la société de Jacob. Après avoir demandé à la réception de voir le boss, ils sont tous deux conduits jusque chez le patron. A la vue de rav El’hanan, Jacob se lève et le salue très chaudement : « Cholom Aleikhem reb Onki » En effet, dans les petites classes, rav El’hanan avait pour diminutif Onki. Passées les salutations, Jacob fait visiter au rav El’hanan sa splendide entreprise de vêtements, les différentes salles de travail, les énormes machines etc. De retour au bureau, les deux parlent de la lointaine Lituanie. A la fin de cet échange de paroles, Jacob demanda à son ancien ami la raison de sa venue. Le rav El’hanan lui répond qu’il avait besoin de recoudre les boutons de son manteau qui étaient très fragiles. Aussitôt dit, Jacob appelle son ouvrier spécialisé afin de renforcer la couture, et au bout de quelques minutes, l’ouvrier, tout fier de son travail, remet le manteau au rav El’hanan. Sur ce, le rav reprend un taxi direction la maison de son hôte. A peine arrivé, il reçoit un coup de fil. Au téléphone, Jacob, lui redemande cette fois-là avec un peu plus d’empressement la vraie raison de son déplacement jusqu’à New York ? Là encore la réponse du Roch Yechiva fusa de la même manière : pour réparer les boutons de son manteau. Et les deux raccrochent. Le lendemain un taxi attend rav El’hanan à sa porte, il est dépêché par le grand boss pour faire venir à nouveau le rav El’hanan à sa firme. Là encore, le Roch Yechiva aura une courte discussion avec le magnat Jacob : « Oui, oui « c’est bien pour réparer mon manteau. Et comme tu dois le savoir, en Lituanie, le froid est tellement grand qu’il faut bien être chaudement habillé. Merci pour tout « Bye Bye ». Fin de la deuxième entrevue et retour à la maison. Le surlendemain le téléphone sonne de très bonne heure dans la maison de l’hôte de rav El’hanan. Au bout du fil c’est Jacob mais cette fois, sa voix est méconnaissable. Et pour cause, il lui dit au bout du fil qu’il n’a pas dormi de la nuit : de deux choses l’une, soit je suis fou soit c’est le Roch Yechiva… On ne fait pas 8000 km de la lointaine Lituanie vers l’Amérique pour réparer ses boutons. Ça, on ne peut pas me le faire avaler. Un homme normal ne dépense pas des milliers de dollars pour la retouche de son habit. Après ces paroles, rav El’hanan répondit tout calmement : « Si, si, j’ai bien fait tout ce voyage pour réparer mon manteau… », puis raccroche. Le troisième jour, de bon matin on frappe à la porte de la maison où réside le Roch Yechiva. A la porte, ce n’est pas moins que le milliardaire Jacob qui a les yeux rougis de ne pas avoir dormi deux nuits consécutives.

A nouveau il demande, supplie le rav El’hanan: « Ce n’est pas possible qu’on vienne en Amérique pour réparer des boutons de manteau ! » Cette fois le rav El’hanan répond de manière magistrale : « Tu as RAISON Jacob, un homme ne vient pas en Amérique pour les boutons de sa veste, mais dis-moi, reb Jacob, ton âme qui descend tout droit du trône divin qui est situé à des millions de km de la terre, dis-moi, est-ce que tu trouves normal que cette âme qui a fait tant de kilomètres pour venir sur terre, s’occupe uniquement de BOUTONS DE CHEMISES TOUTE LA JOURNEE ! Est-ce que c’est normal ? Tu as bien compris que je ne peux pas être venu d’Europe pour juste des boutons et toi, qu’est-ce que tu fais pour ton âme ?’ La réponse de rav El’hanan sortait tout droit de son cœur et alla tout droit dans le cœur de Mister Jacob… Sans dire mot il repartit chez lui, et au fond de lui s’est rallumée une petite braise de son âme, qui petit à petit a répandu sa lumière à tout le reste de sa personne. Voilà que Mister Jacob est redevenu le Yankélé du shtetel (bourgade) de Lituanie. Fini de passer son temps à amasser des millions, voilà que Yankelé reprend le chemin de la choule et aussi d’ouvrir son grand porte-monnaie à toutes les bonnes causes de la communauté. Il a compris la leçon magistrale qu’un homme ne vient pas sur terre pour faire des boutons à longueur de journée. Bravo ! Et pour nous, c’est aussi de réfléchir, comme ce Jacob, si vraiment on est venu sur terre pour faire du business ou bien autre chose ? Quel est le but de ce grand voyage ? Qu’en dites-vous ? (pour ceux qui ont des bonnes réponses, on se fera un plaisir, etc.)

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine.

David Gold

Tél : 00972 55 677 8747

E-mail : dbgo36@gmail.com

Une bénédiction aux familles Cohen (Paris), Melloul (Raanana) et Albala (Villeurbanne) dans tous ce qu’ils entreprennent et dans l’éducation des enfants.

Une bénédiction au rav Gabriel Lemmel chelita et à son épouse (Kiriat Sefer) dans ce qu’ils entreprennent.

Une très belle demeure vous est proposée à Yavniel (10 km au sud de Tibériade) pour passer de très bons moments et Chabatoth. Pour tout renseignement : 052 767 24 63

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