Après l’agression de supporters du Maccabi Tel-Aviv dans les rues d’Amsterdam, plusieurs élus ont cherché à minimiser ou expliquer ces violences, s’indigne l’avocat Gilles-William Goldnadel.
Les députés insoumis, franchissant un nouveau palier dans l’infamie, en sont à justifier la chasse aux juifs dans la ville d’Anne Frank. À Fabien Roussel, peu soupçonnable d’allégeance excessive au sionisme, qui écrivait sur X : «Hier soir à Amsterdam, des supporters ont été chassés, menacés et lynchés dans la rue d’une ville européenne, car ils sont juifs», la députée France insoumise d’Ille-et-Vilaine, Marie Mesmeur a répondu sans honte : «Ces gens-là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs, mais bien parce qu’ils étaient racistes et qu’ils soutenaient un génocide».
Avec une remarquable célérité, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a saisi le Parquet pour apologie de crime. Avocats Sans Frontières et plusieurs citoyens israéliens blessés vont également saisir le procureur de la République.
Avec une égale rapidité, ses camarades Insoumis ont fait montre d’un bel esprit de solidarité. Au reste, les députés Boyard, Panot et consorts auront déployé une belle activité pour tenter, sinon de faire interdire la rencontre de football France-Israël à venir, au moins de faire en sorte qu’elle se déroule dans les pires conditions de sécurité. Ceux-ci ont évidemment applaudi la banderole «Free Palestine» déployée par les supporters ultras du Paris Saint-Germain, avec la complaisance de celui-ci, et mensongèrement considérée comme «pro palestinienne» et pacifique alors qu’elle illustre de manière martiale un guerrier en keffieh.
Les réactions médiatiques à la chasse aux Juifs dans les rues de la ville d’Anne Frank ont épousé assez sensiblement les sensibilités politiques. Si la presse de droite et du centre a été irréprochable, on notera que Libération a cru devoir, sans excuser, insister sur le fait que des supporters du Maccabi Tel-Aviv se seraient, la veille de ce qu’il est difficile de nommer autrement qu’un pogrom, méconduits, qui en s’en prenant à un drapeau palestinien, qui en tenant des propos déplacés.
De son côté, l’audiovisuel de service public a évoqué lourdement au début de la séquence des «affrontements» et une journaliste de France Info a parlé vendredi «d’ultras du Maccabi poursuivis par des pro-palestiniens» sans qu’on sache comment elle savait que tous les supporters israéliens poursuivis avaient des opinions excessives.
Certes, il n’est pas de notre désir de faire passer tous les supporters de football pour des pianistes distingués, mais ce type de propos sont de nature à vouloir édulcorer la responsabilité de bandes islamistes haineuses, qui se sont livrées à une chasse aux juifs organisée et préméditée, notamment grâce aux renseignements obtenus par des chauffeurs de taxis qui ont indiqué dans quels hôtels résidaient les Israéliens.
Un article documenté du Daily Telegraph daté du 8 novembre décrit par le menu cette préméditation du lynchage : «Les attaques contre les supporters Juifs ont été planifiées et coordonnées à l’aide de boucles Whatsapp et Telegram.» L’un des messages dit «Demain, après le match, la nuit, deuxième partie de la chasse aux juifs». Un autre : «Demain, on s’occupe d’eux». Les participants désignent les supporters israéliens comme des «chiens cancéreux». Pour le reste, le Telegraph décrit les scènes de violence et de haine extrêmes qui justifient le terme que j’ai employé plus haut et dont je suis ordinairement économe.
Mon imagination est impuissante à décrire la réaction médiatique ou politique si, par hypothèse hardie, un observateur tentait d’excuser une «ratonnade» par le fait que quelques supporters de l’Algérie se seraient méconduits… Je n’envie pas son sort social ou professionnel. Ainsi, lors des incidents du match France-Algérie, où la Marseillaise a été copieusement conspuée et où des supporters de l’Algérie violents ont envahi le terrain, qu’auraient dit les Insoumis si des députés avaient justifié une chasse aux Arabes en plein Paris ?
Mais, c’est ainsi. Sartre, dans ses Réflexions sur la question juive, expliquait bien le phénomène antisémite. Au prétexte qu’il existait des Juifs voleurs, il fallait châtier tous les Juifs. À l’extrême-gauche, dans la mouvance insoumise, ce type de raisonnement consubstantiellement raciste appliqué à quelques supporters ultras a même autorisé à se réjouir de la correction administrée à tous les Juifs.
La réaction du personnel politique, hormis le parti d’extrême-gauche précité dont l’antisémitisme n’a plus à être documenté, ne saurait être critiquée tant la condamnation a été unanime.
On s’arrêtera tout de même sur celle du chef de l’État. Emmanuel Macron a évoqué, sans barguigner «les heures les plus indignes de l’Histoire». Mais la dure vérité nous oblige à confesser que les zig et les zag de sa parole nous donnent le tournis et le fait que celui-ci ait refusé de marcher contre l’antisémitisme islamique font que nous ne marchons plus.
Reste sans doute l’essentiel. Depuis trop longtemps je dis et j’écris que la haine orientale du Juif occidental ne saurait être découplée de la haine du blanc. La détestation de l’Israélien de celle du Français originel. Je ne discerne aucune espèce de différence dans la détestation entre frapper un Israélien dans les rues d’Amsterdam et frapper un Français, juif ou non, dans les rues de Paris. Et ce sont les mêmes délinquants politiques qui excusent les mêmes frappes ici comme là-bas.
Il n’est que temps de leur barrer la route sans merci. Il est minuit moins cinq à Amsterdam. Il est la même heure à Paris.