Pourquoi Yossef n’a pas donné de signe de vie à son père pendant 22 ans ?

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Autour de la table de Chabbath, n° 470 parachath Vayé’hi

Ces paroles de Tora seront dites pour la refoua cheléma de Yehoudi ben Esther famille Cherbit.

 Pourquoi Yossef n’a pas donné de signe de vie à son père pendant 22 ans ?

Cette paracha parle des bénédictions que Ya’akov donne à ses enfants et petits-enfants (Efraïm et Menaché), la promesse qu’il demande à Yossef de l’enterrer en Israël et la fin de ses jours qui sera le prélude au début de l’exil d’Egypte. Notre feuillet traitera de quelques versets.

Avant de commencer l’étude de la paracha, voici la question posée par notre ami Ya’akov Melki à savoir pourquoi Yossef, lors de toutes ses années en Egypte, n’a pas envoyé une lettre ou un missive à son père Ya’akov pour lui épargner toutes ses souffrances car il croyait avoir perdu son fils tant aimé ? Plusieurs explications ont été apportées, on en sélectionnera deux.

La première c’est celle du Ramban dans la paracha Mikets sur le verset  « ויזכור יוסף את חלומותיו  » qui enseigne que sa volonté était d’accomplir les rêves qu’il a eu, de voir ses frères se prosterner devant lui. Il faut rajouter à cela le commentaire du Gaon de Vilna qui dit que Yossef savait que ses rêves avaient le niveau prophétique et que donc ils devaient obligatoirement se réaliser.

C’est pourquoi il a ‘manigancé’ pour faire descendre tous ses frères afin qu’ils se prosternent devant lui, comme dans ses rêves.

Une autre explication est donnée par le Mé’am Lo’èz, basée sur le Zohar Hakadoch et le Midrach, c’est que lors de la vente de Yossef aux caravanes du désert, ils ont fait un tribunal de 10 juges en excommuniant quiconque informerait Ya’akov sur le fait que Yossef a été vendu en esclave et nos sources disent qu’ils ont inclus… Hachem dans le compte des 10 (car ni Reouven ni Binyamin n’étaient présents). Donc la raison pour laquelle 22 années se sont écoulées jusqu’à ce que Yossef se dévoile c’est la contrepartie des 22 années pendant lesquelles Ya’akov étant chez Lavan n’a pas honoré ses parents. Yossef qui était Sage connaissait cette promesse, et, lui aussi n’a rien dévoilé…comme quoi les ‘Hechbonoth (comptes de Hachem) sont profonds.

 » אשר לקחתי מיד האמורי בחרבי ובקשתי « . Après que Ya’akov bénit les fils de Yossef au début de la Paracha, il vient à son tour bénir Yossef et lui donner une part supplémentaire dans l’héritage d’Erets Israël. C’est la ville de Chekhem en récompense de la promesse que Yossef fait à son père de l’enterrer en Erets Israël. Ya’akov dit alors qu’il a conquis cette ville à l’aide de son glaive et de son arc, et les Sages dans la Guemara Baba Bathra (146) et aussi le Targoum Onquelos interprètent que c’est par le biais de sa prière et sa supplication que Ya’akov a dominé la ville de Chekhem, aujourd’hui Naplouse, une ville où je vous déconseille de vous promener…. Le rav de Brisk (le Griz) explique la différence entre le glaive et l’arc, c’est que le premier est tranchant des deux côtés et avec peu de force on arrivera à ses fins destructrices tandis que l’arc n’est dangereux que si on tend de toutes ses forces la corde et aussi on a besoin d’une grande précision de l’archer, pour aller droit au but. Lorsque le Targoum a traduit notre verset par וביעותה צילותה qu’on traduit par la prière de la Amida et la supplique, le rav explique que c’est précisément l’image de notre prière qui est donnée car on sait que ce sont les derniers prophètes du Sanhédrin qui ont institués notre Tefila et il suffit d’un peu de concentration dans les trois premières bénédictions pour que notre prière soit acceptée par Hachem, tandis que la Bakacha (supplique) comme c’est une prière personnelle, nécessite une beaucoup plus grande ferveur pour qu’elle soit acceptée. En effet la Guemara dit que s’il y a un malade dans sa maison, c’est à ses proches d’aller voir le Sage (rav) pour qu’il prie pour lui, et c’est précisément la traduction de l’arc par « supplique » pour nous dire que de la même manière qu’il faut beaucoup de dextérité pour lancer sa flèche, aussi il faudra beaucoup de ferveur et de mérite pour que sa supplique soit acceptée. En effet il est dit d’aller voir un Sage c’est à dire quelqu’un d’élevé spirituellement. Dans la Berakha que Ya’akov donne à tous ses enfants avant sa fin, il a dit à Zevoulon qu’il sera heureux dans ses voyages de commerce tandis que Yissakhar étudiera dans les tentes. On sait tous l’importance fondamentale de l’étude de la Tora pour tout le Clall Israël et aussi sa centralité dans nos vies juives, donc pourquoi est-il dit que Zevoulon est joyeux dans ses voyages d’affaires aux quatre coins du monde ? La réponse peut être donnée par le Tour et le Choul’han Aroukh (Y.D 246) : « Tout un chacun doit étudier la Tora, qu’il soit pauvre ou riche, en bonne santé ou non, jour et nuit…. Et s’il n’a pas les possibilités d’étudier il veillera à subvenir aux besoins de ceux qui l’étudient et ce sera considéré comme si LUI-MEME l’avait apprise et le verset de dire : « Heureux est Zevoulon dans ses voyages quand Yissakhar étudie dans la tente ». Là, est notre réponse, c’est parce que Zevoulon permet à Yissakhar d’étudier la Tora alors il est associé à son étude et reçoit son mérite comme si lui-même avait étudié.

Le Gaon de Vilna note que le verset commence par Zevoulon avant Yissakhar, pour dire qu’il aurait encore un plus grand mérite. Pour comprendre cela, il faut savoir que l’étude de la Tora est comparée à de la lumière « מצוה נר כי אור ותורה « . Donc pour que la lumière se diffuse il faut de l’huile et une mèche et c’est justement la part de ceux qui investissent dans les Yechivoth et Collelim pour qu’il y ait la voix de la Tora en Israël et que sa lumière se propage dans le monde entier. On rapporte au nom du ‘Hafets ‘Haïm qu’il a donné la raison pour laquelle les Raché Yechivoth et Collelim devaient se déplacer aux quatre coins du monde pour ramener un peu de cette huile aux Talmidé ‘Hakhamim, afin justement de propager la voix de la Tora même aux gens les plus éloignés et ainsi de leur donner le mérite, d’être associé à l’étudiant en Tora de El’ad ou de Jérusalem, et c’est cette même Tora qui leur redonnera vie pour T’hiath Hamétim (la venue du Machia’h et la résurrection des morts).

Le sippour

Quand un jeune enfant d’à peine treize ans nous donne une grande leçon…

Cette semaine je vous ferais partager un sippour extraordinaire (en deux parties… mais cela vaut le coup de commencer sa lecture), déjà connu pour certains de mes lecteurs mais je rajouterais cette fois quelques détails qui enrichiront grandement ce récit véridique.

Cette histoire nous apprend que dans la vie, même s’il existe pour certains de grandes difficultés, il reste que nous avons en nous beaucoup de forces enfouies profondément dans notre personnalité. Il ne faudra pas désespérer de chaque situation et garder confiance en Hachem qui vient nous aider au plus profond de l’exil.

Il s’agit d’un garçon, Ya’akov Potach, de famille ‘hassidique habitant à 20 km de Varsovie. Dès son jeune âge (11 ans et demi), il sera envoyé dans la Yechiva de rav El’hanan Wassermann Hachem Yikom Damo à Branovitch puis rejoindra la Yechiva ‘hassidique du Rabbi de Stolyn. Lorsque la guerre éclate, le jeune Ya’akov a 13 ans. Le rabbi de Stolyn envoie ses élèves vers la Lituanie (Vilna) qui était indépendante tandis que le rabbi décida de rester avec la communauté qui avait besoin de sa présence. Ya’akov prendra donc la route vers Vilna avec un groupe d’élèves. Dans la capitale de la Lituanie se retrouvèrent de nombreux Ba’houré Yechiva qui provenaient de toutes les zones conquises par la Wehrmacht. Ya’akov continua son étude sous la tutelle de rabbi Aharon Kottler zatsal (qui deviendra plus tard le Roch Yechiva de la Yechiva de Lakewood aux USA). En 1941 les nazis de mémoire maudite sont entrés en Lituanie et commencèrent leur carnage avec l’appui de la population locale. En pleine nuit le jeune Ya’akov partit, une seconde fois, avec un groupe de Ba’hourim. Ils prirent la direction de la frontière avec l’URSS alors qu’il faisait un froid glacial. Le groupe voulait rester en vie à tout prix alors que les nazis grouillaient à côté de la frontière. Les élèves faisaient des signes muets entre eux pour ne pas se faire entendre des patrouilles et gardaient le silence tout au long de la route. Ils savaient que s’ils étaient pris en flagrant délit, ils seraient abattus sans pitié. D’après leur programme, chacun devait traverser la frontière individuellement et se retrouver de l’autre côté. Ya’akov commença à ramper par terre pour ne pas se faire repérer. Il avançait très lentement mètre après mètre. Au loin il entendait les tirs des mitraillettes. Il respirait à peine pour ne pas se faire remarquer par les gardes-frontières. Avec l’aide de Hachem il réussit à franchir la frontière et attendit la venue de ses amis qui tardaient. Au loin les chiens aboyaient et il entendit des cris de soldats. Ya’akov continua son attente, mais en vain. Il était seul et reprit son chemin. Il se répétait sans cesse : « Un Juif n’est jamais seul dans ce monde, je ne suis pas seul… (Ndlr, pour les nouveaux qui me lisent, Ya’akov, âgé de 13 ans, sait qu’il est dans les Mains de Hachem). Apres quelques temps de marche, il choisira de se cacher dans un champ et s’enfonça dans un sommeil profond. Le matin pointa, il n’avait toujours pas de nouvelles de ses amis, mais il savait qu’il devait déguerpir au plus vite de la zone : mais dans quelle direction ? Il n’avait ni carte ni boussole. La faim le tiraillait, il plaça son chapeau sur sa tête et commença sa longue marche. Il dira, longtemps plus tard à sa famille : « je priais Hachem qu’Il m’oriente dans la bonne direction. Je marchais dans des coins désertiques fatigué et seul, loin de mes parents et de mes Rabbanim de la Yechiva ». Le soleil se leva et réchauffa un peu son corps du froid de la nuit. Soudainement il vit devant lui un vieillard avec une longue barbe blanche. Ya’akov lui demanda en polonais son chemin mais le vieillard ne comprenait pas ses paroles, alors, il sortit un papier et un crayon de sa poche et lui fit un croquis fléché de la route à prendre. Ya’akov dira plus tard : « j’ai ressenti que ce plan m’était tombé droit du ciel et j’étais persuadé que ce vieillard était le prophète Eliyahou de mémoire bénie. » Ya’akov commença son périple incroyable depuis la Lituanie du nord jusqu’au lointain Ouzbékistan à plus de 1000 km au sud dans les terres ! Cet endroit faisant partie de la Russie avait accueilli durant ces années de guerre de nombreux Juifs. Durant ce de périple incroyable de plusieurs mois, Ya’akov changea d’aspect d’un jeune Ba’hour Yechiva à celui d’un adulte (voir mon sippour des années précédentes qui relatait certaines péripéties de son voyage). Au final, il arriva dans un Kolkhoze (un genre de Kibboutz à la mode communiste des années 40) au fin fond de l’Ouzbékistan en terre musulmane. Les gens du village étaient primitifs et analphabètes. Ils voyaient dans le jeune Ya’akov une recrue de choix puisqu’il était plein de force et de volonté. Ya’akov savait que son seul espoir de survie, c’était de travailler dans cette ferme et de manger les produits de la terre. Il voulait survivre coûte que coûte afin de revoir sa famille restée en Pologne (il n’était pas du tout au courant du carnage qui sévissait en Pologne). Ya’akov apprit à conduire le tracteur du village. Ya’akov était très intelligent et dégourdi, et savait faire les réparations adéquates du moteur, chose que les gens du village ne savaient pas. C’était lui l’expert du tracteur du village. Toute la journée il était sur son engin à labourer les immenses champs et le soir Ya’akov dormait, seul, loin de tous les autres travailleurs du Kolkhoze car ils étaient tous plein de méchanceté. Il dormait avec une lampe à pétrole et lorsque s’approchaient toutes sortes de bêtes féroces (chacals, loups etc.) il allumait sa lampe et les faisait fuir. Il racontait : « Dans ma grande solitude j’essayais de me rappeler mes années passées à la Yechiva et de mon étude. Une fois en pleine journée, j’ai eu un grand coup de fatigue. Je me suis assoupi sur mon tracteur, alors que mon supérieur était bien loin, et je fis un rêve. Je voyais ma mère qui était en train d’allumer les bougies du vendredi soir avec ses doigts boursoufflés par le travail (elle travaillait en semaine chez un meunier pour concasser le blé et faire de la farine). Elle faisait une prière. Le fils, dans le rêve, questionna sa mère : pourquoi pleures-tu ? Elle répondit : je veux que tu restes juif. Je fais tout ce travail (de meunier) afin que tu ailles dans le droit chemin ». Ya’akov se réveilla en sursaut de son rêve et il était rempli de sueur et de tremblement. Au moment même où il ouvrit les yeux, il vit un chacal à côté de lui. Il eut juste le temps de lui lancer un objet lourd pour le faire déguerpir. Dans son for intérieur il remerciait sa mère de l’avoir réveillé.

Le Kolkhoze est une ferme collective, et à l’époque les denrées étaient rares. Les fermiers recevaient des bons d’achat pour recevoir un bout de viande. Ya’akov faisait bien attention de ne pas mettre dans sa bouche des aliments non cacher. Durant tout le temps de son exil, il ne mangera pas une seule fois de la viande et garda précieusement ses coupons de viande en se disant qu’un jour cela l’aidera. (Fin de la première partie).

Et pour ceux qui n’ont pas la patience d’attendre la semaine prochaine, l’histoire de ce jeune Ya’akov a été magnifiquement chanté par le chanteur émérite Avraham Fried (il me semble qu’il l’a appelé « Ya’akov »)

Coin Hala’ha « Amira lenokhri ».

La semaine dernière nous avons vu que pour les besoins d’un malade, un Gentil peut allumer la lumière et les bien portants pourront en profiter. Autre permission, dans le cas où il y a de jeunes enfants à la maison qui ont peur de rester dans le noir, on pourra demander à un Gentil d’allumer la lumière pour leur besoin et en ricochet les adultes pourront en profiter.

En hiver, lorsqu’il fait très froid, on pourra demander explicitement au Gentil d’allumer le chauffage (car vis-à-vis du froid nous avons tous (les adultes) le statut de malade). Dans le cas où le froid n’est pas si intense, on ne pourra pas le demander. Par contre s’il y a des jeunes enfants, se sera permis (Choul’han ‘Aroukh 676.1 et .5)

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.

David Gold

Tel : 00972 55 677 87 47, e-mail : dbgo36@gmail.com               

Une très belle demeure est mise à la disposition du public (16 lits) pour passer de superbes vacances et Chabatoth à Yavniel (10 km au sud de Tibériade). Pour tout renseignement contact : 052 767 24 63.

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