Pourquoi l’euro et le dollar ont augmenté fortement face au shékel ?

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Le shekel s’effondre face à l’euro : causes et conséquences économiques
La monnaie israélienne traverse une nouvelle période de turbulence. En l’espace de quelques jours, le shekel s’est nettement déprécié face à l’euro, atteignant un niveau de change proche des 4 shekels pour un euro — un seuil qui n’avait plus été observé depuis la mi-novembre, au plus fort des tensions régionales.

Depuis le début du mois de mars, la devise européenne a gagné près de 0,2 shekel. Cette dépréciation rapide intervient alors que de nombreuses familles israéliennes s’apprêtent à voyager en Europe durant les vacances de Pessa’h. Résultat : le coût des séjours à l’étranger va considérablement augmenter, rendant les vacances bien plus onéreuses qu’estimé initialement.

Des causes plus internationales que régionales
Contrairement à ce que l’on pourrait supposer, ce recul du shekel n’est pas directement lié aux risques sécuritaires dans la région, ni aux tensions avec le Hamas ou aux missiles des Houthis. Selon plusieurs analyses publiées dans la presse économique israélienne, la cause principale se trouve à l’international — et plus précisément du côté des États-Unis.

Le quotidien économique The Marker pointe du doigt la politique commerciale du président américain Donald Trump. Selon l’analyste Asa Sason, les tarifs douaniers imposés par Trump, dans une logique unilatérale et imprévisible, ont semé la panique chez les investisseurs. Ce climat d’incertitude économique les pousse à réorienter massivement leurs capitaux vers des monnaies perçues comme plus stables. L’euro, dans ce contexte, devient un refuge.

Initialement, les milieux financiers avaient interprété les menaces de Trump sur les taxes douanières comme un simple levier de négociation. Mais la mise en œuvre concrète de ces mesures, visant les produits en provenance d’Europe, du Mexique et du Canada, a accéléré le mouvement de fuite des capitaux. Le résultat est une hausse spectaculaire de l’euro sur les marchés internationaux, et un affaiblissement relatif du dollar.

L’impact des annonces allemandes
Un autre facteur renforce cette dynamique : l’annonce d’un ambitieux plan budgétaire de 1.000 milliards d’euros par le futur chancelier allemand Friedrich Merz. Ce plan de relance massif stimule la confiance des marchés dans la stabilité de la zone euro, contribuant à renforcer encore sa devise.

Le journal Kalkalist indiquait vendredi dernier que le dollar avait perdu environ 3 % de sa valeur par rapport à l’euro à l’échelle mondiale. Mais, paradoxe notable, en Israël, le dollar s’est lui aussi apprécié face au shekel.

Les investisseurs israéliens délaissent leur propre monnaie
Pourquoi ce phénomène ? Tout simplement parce que les grands gestionnaires de capitaux en Israël — fonds de pension, compagnies d’assurance, institutions financières — choisissent désormais de placer leurs milliards en dollars plutôt qu’en shekels.

Avant les turbulences politiques internes, ces fonds maintenaient une part importante de leurs investissements dans la monnaie locale. Mais la réforme judiciaire controversée, suivie de la guerre, a profondément ébranlé leur confiance dans la stabilité politique et économique du pays.

D’après The Marker, cette défiance croissante s’explique par une perception selon laquelle le gouvernement de Benjamin Netanyahou accorde davantage d’importance à sa survie politique qu’à la bonne gouvernance. Le budget de l’État, les décisions de politique publique, les lois adoptées à la Knesset — tout semble subordonné à des calculs politiques immédiats, plutôt qu’à une stratégie de développement à long terme.

Face à cette incertitude, les investisseurs préfèrent se tourner vers le dollar, jugé plus solide, afin de protéger leurs actifs des variations imprévisibles du marché intérieur.

Israël doit renforcer sa résilience économique
Ce contexte souligne l’urgence pour Israël de rétablir la confiance des marchés dans sa stabilité politique et économique. Une monnaie forte repose autant sur les fondamentaux économiques que sur la crédibilité des institutions. Face aux défis sécuritaires extérieurs, auxquels Israël répond avec détermination, il est essentiel que la sphère économique ne soit pas affaiblie de l’intérieur.

Si la faiblesse du shekel pèse sur le budget des familles israéliennes, notamment à l’approche des vacances de Pessa’h, elle fait aussi des heureux. En effet, ceux qui résident en Israël tout en percevant leurs revenus en euros ou en dollars profitent pleinement de cette situation. Dans un pays où le coût de la vie est déjà l’un des plus élevés au monde, le rapport de change actuel leur offre un pouvoir d’achat renforcé. Pour ces foyers, chaque baisse du shekel se traduit par un quotidien plus abordable, dans un contexte économique qui, pour beaucoup d’autres, devient de plus en plus contraignant.

Jforum.fr

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