Autour de la table de Chabbath n°479 Pourim, Ki Tissa
J’ai un ami qui m’a confié dernièrement : « Tu sais David, une fois j’ai eu une bonne et agréable conversation avec ma femme. J’étais assis dans le salon, tranquillement, avec elle. Je lui ai proposé de faire telle et telle chose…. A chaque parole prononcée, mon épouse acceptait de tout cœur, tout ce que je lui disais c’était OK… J’étais aux anges… » Puis je me suis réveillé…
Pourim ou ne plus faire de courbettes à tout à chacun…
L’histoire de Pourim nous est connue. Il s’agit d’une monarchie du Moyen-Orient de la période antique où le Premier Ministre en place (Haman) était antisémite notoire. Il ne s’agissait pas d’un simple poste ministériel mais à l’époque le vice-roi avait des prérogatives immenses sur tout l’Empire. Et Haman n’a pas perdu l’occasion puisqu’il exigera que le roi (Assuérus) signe un édit d’extermination du peuple juif du royaume ! Or Assuérus était un des trois rois dans l’histoire humaine qui régnait sur tout le monde civilisé. C’était donc un décret scélérat qui n’avait pas son pareil dans toute l’histoire juive (par exemple la Shoa a touchée l’Europe mais l’Amérique, et certains pays ont été épargnés). Et comme, certains de mes lecteurs, qui se sont bien égarés sur le net, et sont tombés sur mon feuillet, peuvent se dire : « il n’y a pas de fumée sans feu », il est évident que le Peuple du Livre en est (encore une fois) pour quelque chose… Le texte de la Meguila est catégorique : Haman est sorti du palais du roi et a rencontré sur son passage Mordekhai (le rav de la communauté). Alors qu’il ne s’est pas prosterné devant son altesse – Aman avait institué avec l’appui du roi que toute la population locale devait se prosterner à sa rencontre. Or le fourbe portait une petite idole en pendentif afin de faire trébucher par la même occasion le Clal Israël dans la faute de l’idolâtrie (les Poskim se sont penché sur ce problème à savoir : « A-t-on le droit de se prosterner devant un homme alors qu’il porte une effigie : est-ce que cela ressemble à l’acceptation de sa divinité ou non ? Voir les développements de votre feuillet préféré des années précédentes »). Mordekhai considérait qu’il était interdit de faire des courbettes dans de pareilles conditions et cela entraina la furie de Haman qui réclamera au roi-pantin de faire porter le parjure sur toute la communauté (pas uniquement sur Mordekhai). Les évènements tragiques se déroulèrent au début du mois de Nissan. Haman reçut alors l’aval du roi pour son plan diabolique et tira un goral (tirage au sort) pour connaitre la date d’extermination. Il tombera le 13 Adar de l’année suivante soit 12 mois plus tard. Seulement le gardien d’Israël ne dort pas ni ne somnole, et par un renversement fantastique la potence qui a été préparée pour Mordekhai sera utilisée à très bon escient pour Haman et ses 10 fils ! Tandis que le 13 Adar, ce sont les Juifs qui ont pris les armes pour combattre les Amalécites et les faire passer vers l’autre monde : celui du Guehinom très profond dans les abimes du feu dévorant. D’ailleurs ils attendent toujours patiemment leurs frères d’armes du Hamas de Gaza, du Hezbollah du Liban sans oublier ceux d’Iran… La Guemara enseigne qu’il y a beaucoup plus de place dans les enfers que sur toute la terre… Avis aux (nombreux) amateurs.
Il existe à Pourim une Mitsva particulière : les Sages ont institué de boire (de l’alcool) au point de ne plus distinguer entre « Béni soit Mordekhai » de « Maudit soit Haman »(le Rama -695.2- tranche que l’on pourra être « quitte » de la Mitsva en faisant un petit somme après avoir un peu bu, car durant le sommeil on ne distingue pas non plus Mordekhai de Haman…). Or vous le savez, le judaïsme se caractérise par un grand souci d’éthique et de devoir du cœur comme craindre Hachem, l’aimer, etc. Ces nobles traits demandent un esprit clair et une bonne perception des évènements de sa propre vie, tout le contraire de celui qui abuse des alcools. Le rav Shimshon Pinkous zatsal explique que cette Halakha innovante vient nous apprendre qu’à Pourim nous devons mettre notre esprit de côté et laisser la place à Hachem ! En effet, lorsque Mordekhai a dévoilé les plans terribles de Haman il n’a pas mis en place un réseau hyper sophistiqué de bippers qui devaient exploser les épées de toute la garde prétorienne de Haman au même instant et dans les 127 provinces du royaume… Il a uniquement mis le silice et a appelé ses frères à ce qu’ils jeûnent. Pendant trois jours consécutifs le Clall Israël jeûnera (cela tombait les 3 premiers jours de Pessa’h) afin que Hachem les prenne en miséricorde. Ce qu’on appelle placer son existence dans les Mains de Hachem. Le Clall Israël a fait preuve d’une grande Emouna (foi) et confiance en D’. Les trois jours de jeunes consécutifs étaient une grande prière, un cri vers Hachem afin qu’Il les délivre.
On apprend de ces évènements plusieurs choses.
Premièrement que même dans la grande obscurité, lorsque toutes les portes sont fermées, il n’y a pas à perdre espoir. Il faut se tourner vers Hachem et par la force de notre prière sincère, le Ciel voilé se dégagera et laissera place aux rayons du soleil.
Deuxièmement, Mordekhai n’a pas eu peur de se mesurer à Haman. Pire encore, il a attiré le courroux de la communauté (voir Meguila 13.) : comment le rav orthodoxe attise la haine de Haman ! Et pourtant Mordekhai fit fi de toutes les récriminations et grâce à sa droiture et sa sagesse (il faisait partie du Sanhédrin de Jérusalem) il s’est élevé seul contre le despote. Donc nous pouvons apprendre que bien des fois il n’y a pas avoir peur du « quand dira-t-on ». Par exemple on pourra puiser des forces dans Mordekhai et prendre de bonnes résolutions pour progresser dans la pratique même si c’est mal vécu par ses proches (parents ou amis). Le ‘Hovoth Halevavoth (Cha’ar Yi’houd Hama’assé 4) écrit que celui qui est influencé par son entourage et s’abstient de tel comportement alors que c’est dicté par le judaïsme, montre qu’il sert les hommes et pas Hachem (attention votre bulletin préféré ne pousse pas ses fidèles lecteurs à partir en croisade contre les hérétiques… Il faudra demander l’avis de Rabbanim pour savoir comment agir de la meilleure des manières).
Troisièmement il est intéressant de remarquer qu’après ce grand retournement de situation, Mordekhai a institué l’année d’après que chacun devait offrir à son prochain des Michloa’h Manoth (denrées alimentaires) et Matanoth Laévionim (aides au pauvre). Nous voyons que l’intransigeance de Mordekhai n’avait qu’un seul but : faire régner la paix entre Hachem et les hommes.
Coin Halakha : Jeudi soir prochain et vendredi on devra lire par deux fois la Meguila d’Esther : hommes, femmes et enfants doivent l’écouter. On fera attention de ne pas perdre un seul mot de la lecture. Si le cas se présente, on devra rattraper notre retard en lisant sur notre livre (même imprimé) les mots qui manquent pour rattraper la lecture. Forcement on fera attention de ne pas parler durant toute la lecture et bien sûr de ne pas déranger son voisin (par des pétards et autre gadgets). La coutume est de frapper des pieds lorsqu’on mentionne le nom de Haman (c’est une façon d’effacer son souvenir). Le vendredi on réitérera la lecture de la Meguila et on pourra la lire depuis le lever du soleil jusqu’au coucher du soleil. A priori il faudra écouter sa lecture au plus tôt de la journée. De plus il sera interdit de manger du pain (plus que 60 grammes) avant d’avoir accompli la Mitsva de la lecture.
Michloa’h Manoth : On enverra à son ami (de la communauté) au moins deux mets différents. Par exemple un aliment et une boisson (à l’exception d’une bouteille d’eau). Certains préconisent de l’envoyer à l’aide d’un émissaire. L’intention de cette Mitsva est de multiplier la fraternité donc on veillera à faire connaitre l’identité du donneur au receveur.
Matanot Laévionim : Le jour de Pourim on veillera à donner à au moins deux pauvres un don. C’est de la nourriture mais cela peut être de l’argent. Les Poskim préconisent de donner à chaque pauvre au moins de quoi s’acheter un repas (fallafel et Coca) l’équivalent d’une quinzaine de shéquels pour chacun (le rav Elyachiv zatsal disait de donner 50 shéquels par pauvre). On sera quitte en donnant notre don à un organisme de Tsedaqua qui lui-même reversera les sommes reçues durant Pourim (on pourra faire le virement à l’association quelques jours avant Pourim en précisant que c’est pour transmettre le jour même). Le Rambam enseigne qu’il est souhaitable de multiplier les dons aux pauvres plus encore que de faire un somptueux festin !
Festin : durant le jour de Pourim on devra faire un repas en l’honneur du jour. Comme cela tombe cette année le vendredi on a l’habitude de le faire en matinée avant la moitié de la journée afin d’honorer le Chabbath (Choul’han ‘Aroukh 695.1 dans le Rama). A la fin du repas on n’oubliera pas de mentionner « Al Hanissim » dans le Birkat. Dans le cas où on a fait son Birkat en oubliant de faire la mention de Pourim, on ne recommencera pas (idem pour la prière). A Pourim on boira du vin plus qu’à son habitude (car tout le miracle du jour était basé sur le vin) seulement on fera attention de ne pas transformer ce jour saint en une grande kermesse ! Si la personne sait que sous le coup de l’ivresse elle viendrait à dire toutes sortes de médisances, elle sera dispensée de boire !
Chabbath Chalom, Pourim Saméah pour tout le Clall Israël et pour la libération des otages de Gaza.
A la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold
E-mail : dbgo36@gmail.com
Tel : 00972 55 677 87 47
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