Laurent Nuñez, nommé à la tête de la lutte contre le terrorisme en juin dernier, estime que la menace terroriste est intacte en France, et ce malgré le délitement de Daesh en zone irako-syrienne.
« La volonté de Daesh de frapper la France est intacte. » Le nouveau patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), nommé en juin dernier, fait le constat que la France reste une cible pour l’organisation terroriste et ce malgré la chute du califat en zone irako-syrienne.
« L’hypothèse qui dit que le délitement de l’Etat islamique n’affaiblit par la menace est une hypothèse qu’il faut effectivement prendre en compte, ne serait-ce que la menace endogène », confirme ce mardi Laurent Nuñez sur RTL.
Menace endogène
Estimant que « le risque zéro » ne peut jamais exister, le patron de la DGSI s’inquiète de cette menace endogène composée d’individus installés en France qui répondent à la propagande jihadiste en prenant les armes. Avec « des moyens rudimentaires », ils peuvent faire « énormément de victimes », comme à Nice le 14 juillet 2016 où 87 personnes ont été tuées après qu’un homme a projeté un camion sur la foule réunie sur le Promenade des Anglais. Une sorte de terrorisme « low cost » bien loin de l’organisation méticuleuse des attentats du 13-Novembre.
« L’hypothèse de l’équipe projetée est peut-être moins probable parce qu’il y a un délitement sur zone de l’Etat islamique, parce que les contrôles aux frontières ont été renforcés, parce qu’il y a une meilleure coopération », confirme Laurent Nuñez, tout en assurant que « jamais » il dira que les attaques de Paris et Saint-Denis ne se reproduiront pas.
4.000 individus suivis par la DGSI
Alors pour réussir à détecter les menaces et déjouer des attentats – « mission principale » de la DGSI – plus de 18.000 individus sont inscrits au fichier national de suivi de la radicalisation violente, des « objectifs » répartis entre les différents services de renseignement. Ne souhaitant pas dévoiler les méthodes de travail de ses services, Laurent Nuñez confirme que 4000 individus, considérés comme les plus dangereux, sont « suivis » par la DGSI dont les effectifs ont augmenté de 36% depuis 2013. Et seront renforcés d’ici 2018 avec le recrutement de 400 personnes pour atteindre le chiffre de 4400 agents.
Depuis 2013, 46 attentats ont été déjoués. Le dernier en date remonte à la semaine dernière avec l’interpellation de dix personnes dont huit ont été mises en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ». Cette opération est le fruit d’une coopération entre les services de renseignement nationaux et internationaux. Si cet exemple fait dire au patron de la DGSI que cette coopération est nécessaire, Laurent Nuñez est contre l’idée d’une fusion des moyens au niveau européen.
« On en peut pas confondre les moyens en matière de renseignement, conclut-il. En revanche, on doit échanger en permanence le renseignement intérieur. On évite des attentats grâce à ces échanges d’information. »