Nous tentons, dans la présente rubrique, de rappeler à nos lecteurs les grandes règles des Halakhoth qui ont cours le mois de la parution du journal. Or, avant Pessa’h, c’est le plein qu’il faut faire. Nos Sages avaient du reste l’habitude, trente jours avant la fête, de se livrer au même exercice, ainsi que Moché rabbénou l’a instauré pour l’ensemble du peuple juif (Sanhédrin 12b). Tentons donc en toute modestie d’apporter notre part d’information, ou plutôt, tâchons de rafraichir nos mémoires dans le domaine des Halakhoth de Pessa’h.
Parlons des préparatifs, et n’oublions pas les Halakhoth de la fête elle-même.
Les préparatifs
Le peuple juif est saint : la preuve est que pour préparer la fête de Pessa’h, nos femmes entreprennent des travaux immenses, dépassant facilement ce qui est indispensable selon la Halakha. Mais il est vrai que s’ajoute à leurs bonnes intentions une autre idée, celle de profiter de ce moment pour faire un grand nettoyage du printemps, incontestablement important pour la salubrité d’une maison, mais risquant des fois d’amener fatigues et tensions dans le foyer…
Mais que faut-il faire en vérité ? Faire le tour de l’appartement, selon l’institution de nos Sages, pour chercher le ‘hamets qu’on aura pu déposer dans les coins et recoins de la maison, pas plus que cela. Théoriquement, cela doit être fait le soir de la bediqath ‘hamets, qui est très précisément instaurée dans ce but. Toutefois, dans la plupart des foyers, on préfère commencer bien plus tôt, parfois dès le lendemain de Pourim, pour assurer la propreté de pièce par pièce, jusqu’à épuisement de toute la surface de l’appartement. Il faut en tout cas savoir, en particulier quand la situation ne permet pas d’effectuer de tels nettoyages, que la Halakha est tout de même plus simple : il faut la veille de Pessa’h prendre une bougie et faire le tour de l’appartement, pour chercher l’éventuel ‘hamets oublié dans les armoires ou dans les sacs des enfants, c’est tout. En une ou deux heures, il est possible de terminer cela – quand l’appartement est petit, qu’il comporte peu de meubles et que les enfants sont grands…
En revanche, la cuisine et ses annexes nécessitent plus d’attention. En effet, tout ce qui est en contact avec la nourriture de toute l’année doit à présent être nettoyé et préparé pour Pessa’h : le réfrigérateur doit être fait de fond en comble et du papier, ou du plastique, doit être déposé sur ses étagères et ses parois ; la table doit être bien nettoyée, et recouverte de papier ; les armoires de cuisine, les tiroirs et les surfaces de travail doivent subir le même sort ; les éviers doivent être propres, et ébouillantés si l’on veut y mettre des casseroles de Pessa’h – mais en général, on préfère déposer une boîte en plastique dur avec un trou pour l’écoulement des eaux dans l’évier lui-même.
Le four doit être nettoyé et allumé à fond, sans qu’en vérité il soit possible de s’en servir pour Pessa’h : il faut juste veiller à détruire tout ‘hamets s’y trouvant. En général, on préfère avoir un four de petite taille uniquement pour Pessa’h.
Dans le temps, nos grands-mères parvenaient à effectuer tous ces préparatifs la dernière nuit avant la fête (il fallait bien servir le repas à table jusqu’à ce jour-là), mais les temps ont changé : de nos jours, on envoie les maris et enfants manger des sandwichs quelques jours avant Pessa’h ailleurs, afin de parvenir à effectuer cette partie des préparatifs dans les meilleures conditions.
N’oublions pas aussi les achats pour Pessa’h : il vaut mieux les effectuer à temps, mais il faut pour cela préparer le réfrigérateur et le congélateur auparavant, ou alors envelopper doublement la viande et le poisson avant de les congeler.
Cette partie, la plus difficile, étant derrière nous, voyons rapidement ce qui va se passer en veille de Pessa’h et le soir du séder.
La veille de Pessa’h
N’oublions pas tout d’abord le jeûne des premiers-nés la veille de Pessa’h, que pratiquement tout le monde résout en se rendant à un siyoum, fin d’étude d’un traité talmudique, que proposent pratiquement toutes les synagogues bien organisées.
La veille de Pessa’h a ceci de particulier que le ‘hamets est interdit à partir du milieu de la matinée (voir loua’h). En conséquence, il faut avoir pris son petit-déjeuner contenant pain et autres avant cette heure-là. Evidemment, puisque la cuisine est déjà prête pour Pessa’h, et le salon tout autant, où prend-on ce petit-déjeuner ? En Israël, c’est assez simple, avec les balcons, voire les cages d’escalier. Mais à l’étranger, c’est évidemment plus délicat. A priori, on peut manger du pain en le gardant soigneusement dans sachet, puis éventuellement balayer par terre, bien que les miettes moins grandes qu’un kazayith (25 gr) soient automatiques annulées. Le café peut être pris dans des verres en plastique, à jeter après usage.
Pour midi, il faudra prévoir un repas sans ‘hamets. Il est interdit de consommer de la matsa toute la journée durant.
Il faut également penser à préparer le plat du séder, outre le repas lui-même.
▶ Le karpas (en général, on prend du céleri) et de l’eau salée – un morceau petit de ce légume pour chacun.
▶ Du vin ou du jus de raisin – théoriquement, chacun doit boire une coupe entière de vin ou de jus, mais souvent les gens se contentent de ne boire que la majeure partie de la coupe ou du verre. Deux-trois conseils : mesurer la taille du verre (86 gr ou 150 gr, pas moins – ce que le public ignore souvent et se contente de goûter au verre, ce qui n’est pas suffisant –, ni plus) ; préparer tout de même des bouteilles en fonction du nombre de gens, et pas moins, pour ne pas se retrouver dans une situation désagréable ; enfin ne pas oublier de préparer des chaises pour tout le monde.
▶ Des matsoth. Avec les matsoth faites à la machine, c’est assez simple : il faut compter trois matsoth par personne pour la mitswa (sans parler du reste des matsoth mangée durant le repas, et le reste de la fête, bien entendu) ; avec celles faites à la main, c’est bien plus complexe, car même les peser ne sert pas à grand-chose – disons qu’en général, une grande matsa contient deux kazétim.
▶ Du maror et la ‘harosseth : en général, les gens prennent plutôt de la salade comme maror de nos jours, à condition qu’elle soit sous haute surveillance pour les insectes ; à défaut, il est tout à fait possible de n’utiliser que le tronc (duquel partent les feuilles), car les insectes n’y collent pas, et il est possible de l’éplucher. D’autres utilisent l’endive, qui pose moins de problèmes d’infection, mais ce légume n’a pas de filiation très sérieuse par rapport au maror. En revanche, le raifort est connu de tous pour être incontestablement du maror, mais il est très difficile d’en manger la quantité exigée (27 gr) !
▶ Il faut encore prévoir sur le plateau un os et un œuf.
La soirée du Séder
Il est important de commencer tôt, car, chez la plupart des gens, la soirée dure longtemps. Or il faut impérativement avoir mangé le dernier morceau de matsa avant ‘hatsoth, le milieu de la nuit (heure à vérifier sur le loua’h).
Le programme est en général connu de tous, insistons juste sur les éléments moins évidents.
Il faut boire les quatre coupes et manger la matsath mitswa accoudé, par exemple sur un dos de chaise, ou sur un fauteuil. Les femmes, en général, en font de même, et il est bon d’y habituer également les enfants avant bar-mitswa.
Pour les hommes, en cas d’oubli, il faut manger ou boire à nouveau !
Le récit du séder correspond à une obligation de la Tora, et le fait que les enfants posent les questions s’inscrit dans cette mitswa – ce n’est pas… un jeu d’enfants.
Il faut essayer de comprendre ce qui est dit, et, bien entendu, toutes les questions sont les bienvenues, surtout si elles visent à rendre plus claire la mitswa de raconter la sortie d’Egypte.
Dire « Matsa zou« et « Maror zé » est une partie essentielle du récit du séder.
Le repas commence par la consommation de la matsa, ce qui est une mitswa de la Tora. Il faut le faire en un minimum de temps (un kazayith en 2 ou 4 minutes), accoudé, sans s’interrompre (et ce, jusqu’à après la consommation du sandwich dont nous allons parler sous peu). Nous faisons de la manière suivante : nous prenons 3 matsoth (celle du milieu aura été coupée en deux), on dit la bénédiction sur le pain sur les 3, puis on lâche celle d’en-bas pour dire « ‘al akhilath matsa« . On consomme un kazayith de la première, et la seconde.
Après cela, on prend un kazayith du maror qu’on aura choisi, on le trempe dans le ‘harosseth, et on dit « ‘al akhilath maror« . On le mangera normalement assis.
Puis on prendra un kazayith de la matsa d’en-bas, et un kazayith de maror, et on mangera l’ensemble en sandwich, en disant : « Zékher lemiqdach ke-Hillel« , pour faire comme Hillel disait de le faire, de consommer ces éléments ensemble, en sandwich (selon sa compréhension des versets).
Il est important de se laisser de l’appétit pour la dernière matsa, le « afikoman« , qui est un élément essentiel du repas (les enfants ont l’habitude de le prendre et de le cacher – et il est important de terminer ce jeu avant ‘hatsoth). Il faut en consommer un ou deux kazayith, dans les délais précédemment indiqués (2 ou 4 minutes pour chaque kazayith), accoudé.
Après le afikomen, il est interdit de manger ou de boire, sauf de l’eau, jusqu’au lendemain matin.
Le Hallel que l’on commence à dire avant le repas et que l’on termine après ce dernier est également une mitswa importante de la soirée de Pessa’h, car nous remercions par lui l’Eternel de nous avoir fait sortir d’Egypte.■