Pegasus : le PDG de la firme NSO forcé à la démission...

Pegasus : le PDG de la firme NSO forcé à la démission !

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L’affaire Pegasus n’est pas terminée !

Le placement sur liste noire par les Etats-Unis fragilise le groupe NSO dont le PDG démissionne 12 jours après sa nomination.

Le cadre choisi pour prendre la direction générale de la firme israélienne NSO, créatrice du logiciel espion Pegasus, a démissionné à la suite du placement de la firme sur la “liste noire” du département américain du Commerce, a annoncé jeudi NSO.

Isaac Benvenisti, qui avait rejoint NSO en août dernier, avait été nommé le 31 octobre comme successeur de l’actuel PDG et cofondateur du groupe, Shalev Hulio, lequel devait prendre d’autres fonctions dont celle de président mondial de NSO.

Un départ discret, douze jours à peine après son entrée en fonctions : Isaac Benvenisti, le tout nouveau PDG de NSO Group, l’entreprise israélienne qui édite le logiciel espion Pegasus, a annoncé son départ de la société, révèle le quotidien Haaretz, jeudi 11 novembre. Ce vétéran de l’industrie des nouvelles technologies israéliennes, qui a notamment dirigé pendant six ans l’opérateur téléphonique israélien Partner, avait rejoint NSO Group il y a trois mois comme vice-président, avant d’être nommé PDG de la société le 31 octobre.

Shalev Hulio va poursuivre ses missions de PDG pour le moment, tandis qu’Isaac Benvenisti va quitter l’entreprise.

Dans sa lettre de démission, dont des extraits ont été communiqués par un porte-parole, Isaac Benvenisti a déclaré au président de NSO, Asher Levy, qu’il n’était pas en mesure de diriger la compagnie “à la lumière de circonstances particulières” apparues après la décision de Washington, se disant incapable de mener à bien sa vision pour NSO.

NSO, qui compte dans ses rangs d’anciens hauts représentants des services du renseignement militaire israélien, se trouve au coeur d’un scandale depuis une enquête publiée en juillet dernier par plusieurs organisations de presse internationales selon laquelle le logiciel Pegasus a servi à espionner dirigeants, politiciens, journalistes et activistes dans plusieurs pays.

NSO dans la tourmente depuis juillet dernier

NSO Group est dans la tourmente depuis la publication, en juillet, d’une série de révélations par un consortium de rédactions internationales, dont Le Monde. L’enquête du « Projet Pegasus » avait montré que le très puissant logiciel espion de l’entreprise était massivement utilisé pour espionner illégalement des militants des droits humains, des avocats ou des journalistes. En France, Emmanuel Macron et plusieurs membres du gouvernement ont été ciblés par Pegasus.

La société, qui conteste une partie des informations du « Projet Pegasus », avait annoncé le 31 octobre un changement majeur dans sa direction : son fondateur et PDG, Shalev Hulio, avait quitté ses fonctions exécutives pour prendre la tête du conseil d’administration du groupe et se concentrer sur les projets d’entrée en Bourse de l’entreprise à Tel-Aviv. Il avait été remplacé par M. Benvenisti et reprend, à titre temporaire, la direction exécutive de l’entreprise, a annoncé NSO Group ce 11 novembre.

Placement sur liste noire par les Etats-Unis

Quatre jours plus tard, et à la surprise générale, le département du commerce américain plaçait NSO Group et son concurrent Candi sur sa liste noire d’entreprises soumises à d’importantes restrictions en matière d’exportations et d’importations, liste sur laquelle figurent essentiellement des sociétés de pays ennemis des Etats-Unis, vendeurs d’armes ou d’outils de piratage.

Ce placement envoyait un signal très fort aux clients, actuels ou futurs, de NSO Group. L’administration américaine le justifiait par l’existence de « preuves » montrant que les utilisateurs de Pegasus ont « ciblé de manière malveillante des fonctionnaires, des journalistes, des hommes d’affaires, des activistes, des universitaires et des employés d’ambassade ». M. Benהenisti n’a pas donné publiquement d’explications à son départ, mais cette sanction américaine a vraisemblablement joué un rôle dans sa décision, tant le placement sur cette liste noire complique la poursuite de l’activité de NSO Group.

Le 6 novembre, le gouvernement israélien avait également pris ses distances avec NSO Group, qui dispose d’une licence d’exportation validée par le ministère israélien de la défense, et dont les liens officieux avec les services de sécurité du pays sont bien connus – de nombreux employés de l’entreprise ont été formés au sein de la division de l’armée israélienne spécialisée dans le renseignement électronique. « NSO est une entreprise privée, ce n’est pas un projet gouvernemental et donc, même si elle est désignée [par le département du commerce américain], cela n’a rien à voir avec le gouvernement israélien », avait estimé le ministre des affaires étrangères israélien, Yaïr Lapid.

Deux jours plus tard, un rapport de l’organisation Front Line Defenders, s’appuyant sur des analyses techniques menées par le réputé laboratoire de l’université de Toronto, spécialisé dans les logiciels espions, révélait que les appareils de plusieurs militants palestiniens des droits de l’homme avaient été infectés par Pegasus entre juillet 2020 et avril 2021. Ce 11 novembre, l’Autorité palestinienne a annoncé avoir retrouvé des traces du logiciel espion sur les téléphones de trois de ses « hauts responsables », sans préciser lesquels. Ramallah accuse directement Israël de ces piratages présumés, qualifiés dans un communiqué de « violation évidente et immorale du droit international ».

Selon les informations du New York Times, le gouvernement israélien a lancé des approches diplomatiques pour tenter de faire retirer NSO Group de la liste noire du département du commerce. Mais d’après la presse israélienne cette manœuvre de défense de l’entreprise ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement israélien.

L’ancien ambassadeur de France à Washington épinglé pour sa collaboration avec NSO Group

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a rendu publique, mercredi 10 novembre, sa délibération du 19 octobre concernant la collaboration de Gérard Araud, qui fut ambassadeur de France aux Etats-Unis, avec NSO Group.

Ancien représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York, puis ambassadeur aux Etats-Unis de septembre 2014 à avril 2019, M. Araud avait rejoint, au moment de prendre sa retraite, un groupe de conseillers de NSO Group, chargé notamment des questions éthiques, qu’il a quitté depuis.

Or, M. Araud n’avait pas sollicité d’autorisation avant d’accepter l’offre de NSO Group, comme le prévoit normalement la procédure pour les anciens hauts fonctionnaires, note la HATVP. Il ne l’avait pas non plus fait pour deux autres collaborations avec des entreprises privées, Kering et Albright Stonebridge Group. M. Araud a, depuis, régularisé sa situation en demandant une autorisation pour sa collaboration avec Albright Stonebridge Group, seule entreprise avec laquelle il est encore lié par un contrat.

Dans sa délibération, la haute autorité ne se prononce pas sur la compatibilité déontologique de la collaboration de M. Araud avec NSO Group. « Ces prestations ayant, d’après les informations dont dispose la haute autorité, cessé en septembre 2020 pour ce qui concerne NSO Group (…), il n’y a pas lieu pour celle-ci de se prononcer sur leur compatibilité avec les anciennes fonctions publiques de l’intéressé », écrit la HATVP.

Source : Reuters  &  Le Monde

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