« Pas par amour pour Mordechaï » : Pourquoi le Hamas veut-il libérer Barghouti ?

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Il n’y a pas d’autre option que de libérer des prisonniers pour respecter l’engagement de l’État de ramener les otages. Mais la libération de Marwan Barghouti, une figure symbolique de la lutte armée, est particulièrement dangereuse.

Ma’ariv – Moché Nusselbaum

Il est interdit de libérer Marwan Barghouti. C’est un terroriste cruel, condamné à cinq peines de prison à perpétuité en 2004 pour sa responsabilité directe dans des attentats ayant causé la mort de cinq citoyens israéliens et blessé plusieurs autres. Ces derniers jours, les autorités de sécurité travaillent sur des listes de prisonniers ayant « du sang sur les mains » et ayant mené des attaques meurtrières. Barghouti figure en tête de la liste soumise par le Hamas.

Israël a annoncé qu’il ne libérerait pas entre 70 et 100 prisonniers qualifiés de « lourds », mais il est crucial de noter que dans le cadre d’un accord nécessitant la libération de Barghouti, la position d’Israël pourrait changer.

Une campagne pour soutenir Barghouti
L’épouse de Barghouti, Fadwa, a récemment rencontré des hauts responsables du monde arabe ainsi que des diplomates américains et européens pour consolider un soutien international en faveur de son mari, qu’elle envisage de voir diriger l’Autorité palestinienne après la fin du mandat du président Mahmoud Abbas. Le nom de Barghouti revient à chaque fois que l’on évoque le futur président de l’Autorité palestinienne.

Barghouti, ancien chef des Tanzim, la branche armée du Fatah, était l’un des principaux fugitifs recherchés par Israël. Certains membres de son entourage estiment qu’une élection dans les territoires palestiniens pourrait susciter une pression internationale sur Israël pour le libérer. De son côté, Barghouti a déjà déclaré qu’il ne reconnaissait pas la justice israélienne.

Un danger pour la stabilité régionale
Libérer Barghouti serait une grave atteinte au principe de justice. Condamné pour des crimes graves de meurtre et d’atteinte aux civils, purger sa peine est une obligation morale envers les victimes et leurs familles. En tant que figure charismatique et influente sur la scène palestinienne, sa libération pourrait lui permettre de soutenir, d’encourager et de diriger de nouvelles actions terroristes. L’expérience passée montre que la libération de prisonniers similaires a conduit à la reprise d’activités terroristes et à la perte de vies humaines.

Sa libération renforcerait également les éléments extrémistes dans le monde arabe et affaiblirait l’Autorité palestinienne, relativement modérée. Marwan Barghouti n’est pas un détenu ordinaire : il est une figure symbolique de la lutte violente, et sa libération pourrait nuire aux efforts pour stabiliser la région.

Les dilemmes d’Israël
Dans le passé, Israël a libéré des terroristes dans divers accords. Lors de l’accord Shalit, 1.027 prisonniers palestiniens ont été libérés, dont certains condamnés pour le meurtre de citoyens israéliens. L’équilibre entre des valeurs conflictuelles – préserver la sécurité de l’État et remplir l’engagement de ramener les otages – reste une question complexe.

Israël a adopté le principe selon lequel aucun soldat ou citoyen ne doit rester captif chez l’ennemi. La libération de terroristes est souvent le seul prix à payer pour respecter ce principe, que tous les gouvernements israéliens ont maintenu.

Pour les familles ayant perdu leurs proches, libérer les meurtriers est une décision impensable. Pour les familles des otages retenus par le Hamas, cela est perçu comme une action nécessaire pour sauver leurs êtres chers.

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