Suis-je le gardien de mon âme ?
Cette semaine notre paracha fait suite au don de la Tora. En effet, la semaine dernière on a reçu les 10 commandements avec les Tables de la Loi, cette fois il s’agit de l’enseignement d’autres nombreuses lois. La section parle en particulier des lois qui touchent le domaine monétaire. Comme vous le savez, la Tora ne reste pas dans le domaine de la discussion philosophique mais s’intéresse à élever l’homme vers plus de perfection et de spiritualité dans sa vie de tous les jours. Plus encore, les livres saints développent l’idée que l’homme a été créé en fonction de la Tora, c’est-à-dire que si aujourd’hui dans notre société moderne on s’accorde à dire que le vol ce n’est pas bien, c’est parce que cette loi a été donnée au Sinaï. C’est une des raisons pour lesquelles dans les Yechivoth et dans les Collelim (lieux d’études des gens mariés) on s’efforce à comprendre le comment : dans quelles conditions s’appliqueront les Mitsvoth, et non le pourquoi de la loi !
Parmi les nombreuses règles, on s’attardera sur celles du gardiennage. En effet, les versets expliquent qu’il existe 4 sortes de gardiens.
Le premier c’est le gardiennage gratuit, puis celui qui est rétribué. Il existe aussi le cas du loueur et enfin l’emprunteur (d’objet). Je n’ai pas l’intention de faire un cours en la matière mais par exemple, dans le cas où je donne ma valise à garder à un ami dans le hall de l’aéroport le temps d’une petite course, et si entre temps elle s’est faite dérober alors que son gardien (mon ami qui a simplement voulut me faire plaisir) n’a pas fait d’entorse à sa garde : il sera exempté de paiement. Par contre, si je l’avais payé un petit quelque chose, dans le même cas il serait redevable de rembourser la valise (c’est une des différences entre le gardien gratuit et payé). La Tora enseigne un ‘Hidouch dans le cas où le propriétaire aide le gardien au début de sa garde, par exemple en lui apportant un verre d’eau ou toute autre aide; la Tora déculpabilisera le gardien de la perte et du vol ! Ce qu’on nomme : « Ba’alav ‘imo » (le propriétaire qui accompagne le gardien). Puisque le propriétaire se tient auprès de son gardien, ce dernier sera exempt (les Tossafoth énoncent que c’est un décret de la Tora).
D’après cela, le saint Or Hahaim pose une intéressante question: est-ce que dans les temps futurs (après 120 ans) la loi de « Ba’alav ‘imo » (le propriétaire qui a aidé son gardien), s’appliquera-t-il ? On le sait, lorsque viendra le temps où le corps descendra sous terre, l’âme montera au ciel et devra donner des comptes à son Créateur sur toutes ses actions. Donc à la barre des accusés : l’âme à laquelle on demandera des comptes ! Or D’ était à nos côtés depuis notre conception, car c’est Lui qui nous a donné le souffle de vie à la naissance jusqu’au dernier jour. La Guemara dans Nida (30) enseigne que lorsque le bébé est encore dans le ventre de sa mère, vient un ange qui lui enseigne toute la Tora. Le texte du Talmud est saisisssant : « Une bougie est allumée sur la tête de l’embryon et il peut voir du bout du monde à l’autre… ». C’est-à-dire qu’avant même notre passage sur terre, la Thra orale nous dévoile que la période de gestion de l’enfant est très riche en expériences spirituelles ! Seulement, conclut la Guemara, avant sa sortie à l’air libre vient un ange qui frappera le bébé pour lui faire oublier tout ce qu’il a appris ! De plus, on lui fera promettre quelque chose de difficile : « Tu descendras sur terre avec une âme sainte, fais attention de la garder dans toute sa pureté au même titre que ton Créateur est saint ! » Fin du cours magistral et voici que notre bébé pourra sortir vers un monde qu’on lui souhaitera meilleur. De ce passage du Talmud, on voit que l’homme est le gardien de son âme (et pas comme on pourrait le penser que c’est notre âme qui nous garde !) ! De plus, on dit tous les matins : »Mon D’, l’âme que Tu m’as donnée est pure, c’est Toi qui l’a créée et qui me l’a insufflé… Tout le temps où elle est en moi je Te suis reconnaissant… ». Continue le Or Hachaim, l’homme qui fait des Mitsvoth dans ce bas-monde façonnera son âme au monde futur. C’est-à-dire que chaque Mitsva qui est accomplie grâce à tel ou tel membre du corps, en ricochet l’âme resplendira au même niveau du membre qui a fait la Mitsva. Par exemple un homme qui aura mis dans ce monde les Tephillines sur son bras gauche, alors son âme resplendira au niveau de sa main gauche (les choses sont profondes mais méritent d’être connues). Et l’inverse est aussi vrai ! Donc il se peut qu’un l’homme se retrouve avec une âme toute cabossée, lui manquant un membre : un bras ou une jambe; car dans ce monde-ci l’homme n’aura pas accompli certaines Mitsvoth liées avec son bras ou sa jambe ! Or, dévoile le Or Ha’haim il existe un argument de taille devant le tribunal céleste à partir de notre paracha : » Ba’alav ‘imo » ! Puisqu’Hachem était présent à nos côté depuis le premier jour où on a poussé le cri dans l’hôpital parisien ou lyonnais, jusqu’au dernier jour… donc on pourra plaider l’exemption de toutes peines ! Donc pourquoi l’enfer a-t-il été créé ?! Intéressante comme question, non ?
Plusieurs réponses sont données. La plus percutante, c’est de savoir qu’un homme pourra conditionner sa responsabilité de gardien comme il l’entend ! Un homme pourra toujours dire à son ami qu’il devienne le gardien de sa valise (gratuitement) mais en lui demandant qu’il prenne toutes les responsabilités possibles et inimaginables ! Par exemple celui du cas de force majeur. D’une manière générale le gardien non-payé n’est pas redevable, mais s’il accepte la clause, il deviendra responsable ! Dans le langage du Talmud : « Matné chomer ‘hinam lihiot ke-cho-el »/ le gardien gratuit peut accepter d’avoir le niveau de responsabilité de l’emprunteur. Or, puisque l’âme à jurer à l’ange de faire bien attention de garder toutes les lois de la Tora, même si D’ (le propriétaire) est à ses côtés au début de la garde, il reste que la promesse annule l’exemption de « Ba’alav ‘imo ».
Autre réponse plus simple, le principe de « Ba’alav ‘imo » ne rend quitte le gardien que dans le cas d’une faute involontaire. Mais un gardien ne pourra s’exempter d’une faute volontaire au seul titre que son propriétaire était à ses côtés (voir le Rambam qui considère les choses différement). A cogiter…
Les abats… et les anges !
Cette semaine on a parlé des lois de gardiennage et surtout que dans les cieux il faudra se préparer à un bon plaidoyer (et en haut il n’existera pas de bureaux d’avocats…). Dans la même verve on (re)diffusera cette très intéressante anecdote. Une fois est venu un Ba’hour Yechiva voir le Hazon Ich à Bné Brak pour lui demander un conseil judicieux pour mieux étudier la Tora. Le rav lui rapporta alors une anecdote assez impressionnante à ce sujet. Il s’agit du Ba’h, le rav Yoël Sirquach qui a vécu en Europe centrale il y a près de trois cents ans. Son gendre était aussi un grand de la Tora : le Taz, auteur d’un commentaire central du Choul’han Aroukh. Lors du mariage de la fille du Ba’h avec le Taz, il était question de la dote de mariage. Le Ba’h pris l’engagement de nourrir son gendre plusieurs années et que tous les jours il le nourrirait d’un plat de viande. Tout ça, pour permettre à son gendre d’avoir la possibilité d’étudier la Tora avec toutes ses forces physiques et intellectuelles. Et véritablement l’investissement des beaux parents portera ses fruits car avec les années il est devenu un des piliers de la loi pour tout le Clall Israël !! Seulement quelques années après son mariage, toute la communauté resta bouche bée : le gendre tsadik appelait son beau-père à comparaitre à un Din Tora !! Le Taz attaquait son beau-père sur le fait que depuis un certain temps déjà il ne lui donnait que des abats, du poumon, en guise de viande. Et donc, le Taz demandait au Beth Din de juger l’affaire, si effectivement le beau-père remplissait bien son devoir par rapport à la clause de leur mariage (de lui donner de la viande). Le Beth Din appela le rav Sirquis à la barre pour connaitre son opinion. Le débat se clôturera rapidement et preuve à l’appui du Talmud, le Beth Din tranche que le poumon s’appelle bien de la viande, nécessairement le Ba’h a bien accompli son engagement ! Fin du Din Thora. Les gens étaient tous offusqués d’un tel comportement du gendre : comment ce grand Talmid ‘Hakham (érudit) avait-il osé appeler son beau-père à la barre des accusés pour quelque chose d’aussi insignifiant ?! C’est alors que le Taz s’expliqua : « Lorsque j’ai mangé du poumon lors de mes repas, j’ai ressentie une faiblesse physique qui a entrainé que j’ai diminué mon étude de la Tora. J’avais moins d’attention et moins d’intensité… C’est alors que j’ai su (certainement dans un rêve ou d’une autre manière) que dans les Cieux il y a eu une grande accusation qui a été portée contre mes beaux-parents : ‘Comment est-ce possible que le Ba’h entraine que son gendre étudie moins bien la sainte Tora ?! J’ai compris alors que pour ANNULER l’accusation qui existait dans le Ciel, j’ai fait un DIN TORA qui a tranché en faveur de mon beau-père. De cette manière, les accusations se sont évanouies d’elles-mêmes ! Car tout ce qui est décrété en-cas par le Beth Din, c’est validé là-haut ! Fin de l’anecdote véritable du Hazon Ich !
Coin Halakha : cette semaine on commencera l’enseignement des lois de Pourim qui tombera si D’ veut le lundi soir 9 Mars et mardi en journée. Plusieurs Mitsvoth existent durant les jours de Pourim. L’une d’entre elles c’est de multiplier les repas en l’honneur du grand prodige et en particulier de faire un festin la journée du mardi. (Le repas du lundi soir après la lecture de la Meguila ne nous rendra pas quitte du festin du lendemain). On fera attention de faire le festin en journée avant la tombée de la nuit. Certains décisionnaires exigent que l’on mange du pain lors de ce repas ainsi que de la viande (d’autres sont plus flexibles). Le Michna Beroura rapporte de s’habiller en habit de Chabbath depuis le lundi soir. Avant le repas de la journée, on fera la prière de Min’ha et à la fin du festin on n’oubliera pas d’intercaler le « Al Hanisssim » (même si on a fini dans la nuit du mardi soir). Si on a oublié ce paragraphe dans le Birkat, on n’aura pas besoin de le refaire. Durant la journée de Pourim il existe une Mitsva de s’enivrer jusqu’à confondre entre « Béni soit Mordechai » et « Maudit soit Amman ». Le Rama rajoute qu’on pourra se suffire de boire un peu plus de son habitude puis de faire une sieste. Attention, l’ivresse ne nous dispensera pas de toutes les Mitsvoth du jour (comme le Netilat Yadaim, le Birkat, Min’ha, etc.). Celui qui connait sa nature et que l’excès d’alcool l’entrainera à mal se comporter sera dispenser de boire.
Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.
David Gold (pour tous renseignements depuis la France: 00 972 52 767 24 63)
On souhaitera une bénédiction de réussite et de santé à notre ami et lecteur Daniel (Zana) Ben Chlomo (Londres) ainsi que tous ces enfants grandissent dans la Tora et les Mitsvots.
Et toujours une superbe Meguila Bet Yossef (rouleau de 7 mètres écrite par une personne que vous connaissez…) est proposée au public, avis aux amateurs et connaisseurs…
Une prière pour la guérison complète de Ye’hiel Ben Moché parmi les malades du Clall Israel.