Parachath Terouma

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mishkan

« Et ils Me construiront un sanctuaire, pour que Je réside au milieu d’eux » (Chemoth/Exode 25,8).

Le Midrach Tan’houma (Piqoudé 11) rapporte le fait que la construction du Tabernacle a débuté en Tichri et qu’elle a duré trois mois. Cela étant, son érection n’a été réalisée qu’au début du mois de Nissan. Les parties le composant sont restées durant plusieurs mois sans utilisation. Pourquoi ?

Le Midrach s’appuie sur des versets (Tehilim/Psaumes 92,5-7) du psaume du jour du Chabbath pour en donner l’explication : « Car Tu me combles de joie, ô Eternel, par Tes hauts faits – c’est le Tabernacle ; je veux célébrer les œuvres de Tes mains – c’est le Temple, qui sera construit à l’avenir, que ce soit de nos jours. Qu’elles sont grandes Tes œuvres, ô Eternel, infiniment profondes Tes pensées ! – parce que Tu as voulu fêter ensemble deux joies, celle de la naissance de Yits’hak, et celle de l’inauguration du Tabernacle. L’homme dépourvu de sens ne peut savoir, le sot ne peut s’en rendre compte – ce sont les railleurs et les imbéciles de la génération qui n’ont pas saisi la pensée du Seigneur. »

Quel est le lien entre la naissance de Yits’hak et l’érection du Tabernacle ? Pourquoi aller à l’encontre du principe selon lequel on ne mêle pas deux réjouissances ?

Il faut tout d’abord déterminer le fondement du Tabernacle. Le verset dit : « Faites un Tabernacle, et Je résiderai parmi vous ». Les commentaires relèvent le fait qu’il n’est pas écrit que le Maître du monde résidera dans cette enceinte, mais parmi les enfants d’Israël. Il y a donc une interdépendance entre les deux ensembles : s’il est vrai que le Tabernacle représente l’endroit de résidence de la Sainteté divine, il faut aussi que le peuple juif se hisse à un niveau de sainteté adéquat.

Cette recherche d’une sainteté personnelle, individuelle, correspond exactement au travail sur soi effectué par Yits’hak, appelé par nos Sages « ‘ola temima » (Zohar III, p. 37a). Le fait est que Yits’hak, au moment de la ‘akéda, demanda à son père de le ligoter, afin de ne pas rendre son propre sacrifice inapte, par une réaction instinctive au moment de sa mise à mort. Tant Yits’hak et son père pensaient que tel était l’ordre de Hachem, jusqu’à ce qu’Il leur dise qu’il était différent, mais qu’il était pour eux une épreuve, dans laquelle ils ont réussi (Tan’houma Wayéra § 23).

C’est en cela que la pensée divine peut être décrite comme infiniment profonde, car elle va au fond des choses, et vient indiquer la nature de cette sainteté qui doit régner dans le Tabernacle, non point comme venant uniquement de Sa part, mais comme devant être également l’œuvre de l’homme, condition sine qua non de la Présence divine en cette enceinte. Et comme Yits’hak est le prototype d’une telle entreprise spirituelle sur soi, c’est à la date de sa naissance que le Tabernacle a été érigé.

Dans ce sens, ce ne sont pas deux commémorations différentes qui sont célébrées en ce même jour, mais bien le même thème, celui de l’action de l’homme en vue de sa propre sanctification.

 Par le rav Eliahou Murciano

Magazine Kountrass 162

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