« Prends un veau adulte pour expiatoire et un bélier pour holocauste, tous deux sans défaut, et amène-les devant l’Éternel. Quant aux enfants d’Israël, tu leur parleras ainsi : « Prenez un bouc pour expiatoire, un veau et un bouc âgés d’un an, sans défaut, pour holocauste » » (Vayikra/Lévitique 9,2-3).
Le Ramban, suivant un Midrach de nos Sages (Torath Kohanim) explique que ce sacrifice exigé des enfants d’Israël vient en expiation de deux fautes : celle du chevreau tué pour faire croire à Ya’akov que son fils Yossef avait été déchiré par une bête, et celle du veau d’or – auquel Aharon n’avait pas participé.
La présente paracha, Chemini, est consacrée à l’inauguration du Tabernacle, qui vient effectivement consacrer l’expiation de la faute du veau d’or (cf. Tan’houma 8). On comprendra en conséquence qu’en ce jour, tant Aharon que le peuple d’Israël sont invités à apporter un veau à titre de sacrifice. Mais quelle est la place de ce bouc et du souvenir de la faute commise par les frères de Yossef, dans ce jour d’inauguration du Tabernacle ?
Tentons d’expliquer cela avec ce que fait remarquer le Chem Mi-Chemuouel : la Guemara (Sanhédrin 20b) parle des trois mitsvoth que les enfants d’Israël ont reçues à leur entrée dans le pays : mettre en place un roi, effacer le souvenir de ‘Amalek et construire le Temple. Ces éléments doivent être respectés dans cet ordre : la Terre d’Israël aide à l’unité du peuple juif sur tous les plans, mais il faut, pour que ce lien se maintienne, qu’il y ait un roi qui consolide l’union entre les gens ; il faut également supprimer l’élément qui vise à introduire la dissension dans le monde, à savoir ‘Amalek – « La Main sur le trône de l’Eternel – guerre de D’ contre ‘Amalek de génération en génération » » (Chemoth/Exode 17,16), le Nom de D’ et Son trône ne seront entiers tant que ‘Amalek sera dans le monde (Rachi ad loc.) ; le troisième élément est le Temple, ce lieu qui aide à faire l’unité du peuple juif sur le plan spirituel, tous se retrouvant devant l’Eternel, et toutes les tribus oeuvrant ensemble dans cette enceinte destinée à effectuer le service divin.
Or justement, la faute des frères était d’en être arrivés au plus fort de la séparation les uns des autres, puisqu’ils avaient éprouvé envers Yossef une haine qui les avait entraînés à vouloir le tuer, puis à le vendre comme esclave.
Le Tabernacle, réunissant l’ensemble du peuple juif, permet donc d’expier la faute des frères de Yossef.
Par le rav Eliahou Murciano
Kountrass numéro 163