« Joseph demeura en Égypte, lui avec la maison de son père. Il vit naître à Éphraïm des enfants de la troisième génération » (Beréchith 50 ,22-23)
J’ai reçu le jour du jeûne du 10 Tévet la visite d’une jeune fille qui a fréquenté un établissement public ici à New York. Elle m’a demandé une berakha pour se marier avec le conjoint qu’elle avait trouvé, et qu’il soit accepté et intégré dans sa famille le mieux possible. Lorsqu’on lui demanda de qui il s’agissait, elle répondit innocemment qu’il s’agissait d’un non-Juif musulman.
Cette histoire terrible nous indique à quel point l’ignorance en matière de judaïsme conduit des jeunes filles juives qui ne sont pas initiées au judaïsme, à s’imaginer recevoir une berakha d’un rav juif pour réussir dans leur mariage mixte, que D’ préserve. Cet état de fait se dégrade d’année en année, en particulier récemment, où l’assimilation augmente de manière effarante, au point qu’on peut la décrire comme une Shoah spirituelle.
La source de ce phénomène a commencé immédiatement à l’issue de la Shoah en Europe, lorsque beaucoup de jeunes juifs, immigrés aux Etats-Unis et autres pays occidentaux, ont abandonné la tradition de leurs ancêtres, et n’ont pas envoyé leurs fils, ni leurs filles dans des écoles juives, et ces derniers ont grandi avec une ignorance totale en Tora et Mitsvoth.
Ces enfants-là avaient quelques notions du judaïsme pour en avoir entendu parler par leurs parents, mais leurs petits-enfants, de la quatrième génération ne savent plus rien et ne sont pas intéressés par la signification de la vie juive, et certains d’entre eux ne savent même plus qu’ils sont juifs. De ce fait, à notre époque, ces jeunes gens arrivés à l’âge du mariage s’assimilent en grand nombre.
Cette difficulté se retrouve surtout chez les jeunes filles, car même des Juifs respectueux de la Tora et des Mitsvoth qui envoient leurs enfants dans des écoles juives jugent parfois qu’il n’est pas indispensable de payer de leur poche une éducation juive à leurs filles, estimant que les filles n’ont pas particulièrement besoin d’une telle éducation. Mais en vérité, il est essentiel que les filles étudient aussi à l’école les matières juives qui les concernent. Sans cela, elles s’exposent à l’assimilation.
Malheureusement, j’ai remarqué qu’il existe également des écoles qui se prétendent juives, mais qui ne conçoivent pas que pour être juif, il faut étudier toutes les matières juives. Il y a quelques années, j’ai visité une école juive en Hongrie où la majorité des élèves étaient non-juifs. J’ai demandé à une élève juive si elle respectait le Chabbath, et elle m’a répondu, outrée : « C’est quoi les Juifs ?! Ils ont été jetés au feu ! » Cette jeune juive n’avait rien appris sur le judaïsme dans son cadre scolaire, au point d’ignorer ce qu’est le respect du Chabbath, et ne connaissait pas la différence entre Israël et les nations ; la seule chose qu’elle savait des Juifs, c’est que les Goyim les avaient jetés au feu, comme elle l’avait appris dans ses cours d’histoire.
On raconte à ce sujet que rabbi Méir Shapira de Lublin zatsal, lorsqu’il sillonnait le pays pour récolter des dons en faveur des écoles de filles, rapportait cette parole de Pharaon sur les filles d’Israël : « Chaque fille vivra ». En effet, Pharaon estimait que les Egyptiens parviendraient facilement à assimiler les filles, et donc ne craignaient pas qu’elles désirent un jour se marier avec des garçons juifs sauvés des eaux par les anges. Ainsi, raisonnait-il, n’aspirant pas à une descendance juive, le peuple juif disparaîtrait naturellement, que D’ préserve. De ce fait, le rav de Lublin soulignait qu’il convenait de soutenir également les écoles de filles, et non seulement les Yechivoth.
Dans le traité Sota, nos Sages nous enseignent que grâce aux femmes vertueuses de cette génération, le peuple juif a été libéré d’Egypte. Ces femmes tsadkanioth s’efforçaient d’enseigner à leurs filles toutes les lois liées au judaïsme qui les concernaient, et les éduquaient à se conduire selon la tradition de nos matriarches, sans modifier leur langue, leur nom ni leur tenue. En conséquence, même si une jeune juive avait la possibilité de fuir, aucune jeune fille, parmi les millions de Juives, n’a succombé à l’assimilation, mais toutes continuèrent à endurer la souffrance de l’exil égyptien et à mettre au monde des générations de justes, selon la tradition de la Torah.
A la tête de ces femmes vertueuses se trouvait Bila, épouse de Ya’akov avinou, qui vécut longtemps et descendit en Egypte avec son époux, comme nous le voyons dans le rêve de Yossef Hatsadik où il aperçoit le soleil et la lune – son père et sa mère – se prosterner devant lui. Rachi (Beréchith 57,10) explique que le rêve s’est réalisé : en Egypte, Bila se prosterna devant lui. Elle l’avait élevé après le décès de sa mère, et était ainsi considérée comme sa propre mère.
Nous pouvons ainsi interpréter le verset : « Joseph Hatsadik demeura en Égypte, lui avec la maison de son père » : Yossef Hatsadik demeura en Egypte, lui avec la maison de son père, c’est-à-dire avec l’épouse de son père, comme l’affirme rabbi Yossi (Chabbath) : il n’avait jamais appelé son épouse « ma femme », mais « ma maison », car la femme est le pilier de la maison. La personne visée ici est Bila, épouse de Ya’akov, un exemple vivant de la tradition des Imahoth, les matriarches, qui éduqua les jeunes filles conformément à la tradition juive. Et ainsi : « Il vit naître à Éphraïm des enfants de la troisième génération : Yossef a eu le mérite de voir également des petits-enfants de ses fils, car il maria ses descendants à des jeunes filles vertueuses, et ainsi, ils mirent au monde des générations de justes qui n’abandonnèrent pas la voie ancestrale.
C’est un enseignement pour les générations : les parents et les directeurs doivent s’efforcer de prodiguer aux filles une éducation juive de qualité, et chaque Juif doit soutenir la fondation et l’entretien des écoles juives pour files. Par ce mérite, ils auront droit à toutes les berakhoth mentionnées dans la Tora.
Mais pour le rav de Kalov c’est mieux de rester dans la diaspora avec plus de 80% de mariages mixtes. C’est très bien pour l’assimilation. Dans 2 générations, plus de Juifs.
C’est une autre question : est-ce qu’il faut dire aux gens de venir en Terre sainte, car cela pourrait éviter l’assimilation ? Tout le monde n’est pas de cet avis, dont le rabbi, visiblement. Maintenant, d’abord il n’y a pas 80% d’assimilation aux Etats Unis, et en France non plus, et puis sur ce point précis, tout de même, l’évolution dans les deux pays qui nous concernent est franchement positive, avec des communautés en plein développement et tout même une grande diminution de ce fléau.