par Khaled Abu Toameh – Gatestone
- « Il n’y a pas de place pour l’ennemi [israélien] sur la carte » – Ismail Haniyeh, dirigeant du Hamas, 29 octobre 2018.
- Un certain nombre de hauts responsables du Fatah, dont Munir al-Jaghoob et Mohammed Shtayyeh, ont condamné Oman pour avoir reçu Netanyahou. Ils ont également condamné les Emirats pour avoir autorisé des athlètes israéliens aux compétitions de judo.
- Ainsi, le Fatah et le Hamas n’acceptent pas de payer leurs salariés, se disputent sur la production d’électricité dans la bande de Gaza et sont incapables d’aboutir à un accord pour alimenter régulièrement les hôpitaux en matériel médical. En revanche, ils sont unanimement d’accord pour infliger d’incommensurables peines et dommages à leur peuple. Le jour viendra où les Palestiniens découvriront que leurs amis et frères sont en réalité leurs pires ennemis.
Le Hamas et le Fatah ont fermement condamné la « précipitation » des pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël avant la résolution du conflit israélo-palestinien. Photo: le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu serre la main du sultan d’Oman Qaboos bin Said lors de la visite officielle de M. Netanyahou à Oman, le 26 octobre 2018. (Source de l’image: Bureau du Premier ministre israélien) |
Depuis maintenant plus de 10 ans, le Hamas et l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas (chef du mouvement Fatah), sont en guerre. Toutes les tentatives de leurs frères arabes -Égypte, Arabie saoudite, Qatar – d’aider à résoudre ce conflit de pouvoir entre rivaux palestiniens ont et n’ont d’ailleurs, aucune chance d’aboutir dans un avenir proche. Le fossé entre le Hamas et le Fatah demeure plus profond que jamais et les deux partis se méprisent souverainement. Le Fatah veut retourner dans la bande de Gaza ce que le Hamas refuse catégoriquement. Le Fatah exige que le Hamas désarme et cède le contrôle de la bande de Gaza ce que le Hamas refuse tout aussi nettement.
Les deux parties ne mettent leurs différents de côté et ne s’entendent que sur un point : Israël. Sur ce sujet, impossible d’établir une distinction entre une position du Fatah et une déclaration publique du Hamas.
Sur tout ce qui touche à Israël, à la politique d’Israël et aux décisions du gouvernement israélien, les deux parties utilisent le même langage dur et sans ambages. Les condamnations d’Israël émises au quotidien par le Hamas et le Fatah se recoupent à l’iota près. Les deux n’évoquent Israël que comme « un Etat d’occupation », et les deux incitent les Palestiniens et le reste du monde à la haine, accusant Israël de multiplier les crimes de guerre contre les Palestiniens et les « violations du droit international ».
Les attaques quotidiennes du Hamas et du Fatah contre Israël ont radicalisé les Palestiniens au point que la majorité de la population palestinienne n’envisage aujourd’hui aucune forme de compromis.
Très récemment, les rivaux palestiniens se sont à nouveau retrouvés d’accord pour condamner ce qu’ils estiment être une normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes.
Ils ont ainsi stigmatisé la récente visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à Oman, un pays arabe sans relations diplomatiques avec Israël. Mais ils ont également ciblé la participation d’athlètes israéliens à une compétition internationale de judo organisée aux Émirats arabes unis, un autre pays arabe n’entretenant aucune relations diplomatiques avec Israël.
Dans des communiqués séparés, Hamas et Fatah ont fermement condamné la « précipitation » de certains pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël avant la résolution du conflit israélo-palestinien. Leurs déclarations sont étonnamment similaires dans la forme comme sur le fond.
Concernant le rapprochement apparent entre Israël et certains pays arabes, Ismaïl Haniyeh, a ainsi déclaré le 29 octobre :
« Aucune tentative de normalisation ne changera la réalité. Il n’y a pas de place pour l’ennemi [israélien] sur la carte. Le peuple envoie un message de colère à tous ceux qui se rapprochent [d’Israël]. »
Dans une autre déclaration, Ismaïl Haniyeh a déclaré que tout effort de normalisation est « un couteau planté dans le dos des Palestiniens ». Il a ajouté que toute forme de dialogue entre les Arabes et Israël « n’est qu’un abandon des Palestiniens et de leur juste cause ».
Pour le Hamas, tout dirigeant arabe qui établit une relation quelconque avec Israël est un traître à la cause des Palestiniens. Haniyeh est brutalement honnête sur son opposition à une quelconque normalisation : Israël n’a « pas sa place » sur la carte. Israël n’a pas le droit d’exister et doit être remplacé par un État islamique au sein duquel les juifs seront les bienvenus en tant que minorité.
Au Fatah, rival du Hamas, le réchauffement des relations entre Israël et certains pays arabes a suscité la même réaction épidermique. Munir al-Jaghoob et Mohammed Shtayyeh, hauts responsables du Fatah, ont condamné Oman pour avoir reçu Netanyahu. Tout comme ils ont condamné la présence d’athlètes israéliens à une compétition de judo qui se tenait aux Emirats Arabes Unis.
« Le Fatah condamne la normalisation publique d’Israël avec certains pays arabes », a déclaré al-Jaghoub. Il a ajouté que la visite de Netanyahou à Oman, fait partie du plan non-encore rendu public du président américain Donald Trump d’établir la paix au Moyen-Orient. Pour les Palestiniens, ce plan de Trump que personne au Moyen-Orient n’a encore vu, inverserait les priorités et chercherait à établir des traités de paix entre Israël et les pays arabes avant une quelconque résolution du conflit entre Israël et les Palestiniens.
Le Hamas et le Fatah sont d’autant plus opposés à une quelconque normalisation entre Israël et les pays arabes qu’ils craignent un abandon de leurs frères arabes. Les deux rivaux palestiniens prévoient qu’une fois la paix signée entre Israël et les pays Arabes, ces derniers oublieront les Palestiniens et consacreront leurs efforts à la prospérité et la stabilité de leurs pays.
Les Palestiniens veulent continuer de garder le monde arabe en otage de leurs propres demandes irréalistes. Ils ne souhaitent pas que les pays arabes progressent et construisent un meilleur avenir pour leur peuple. Cette tactique, qui a fonctionné sept décennies durant, tend à l’obsolescence car un pays arabe après l’autre ouvre ses portes aux dirigeants, aux hommes politiques et aux athlètes israéliens.
Le Hamas et le Fatah eux, semblent décidés à jouer la carte de la victimisation jusqu’au bout. Depuis toujours, ils se posent en victimes d’Israël. Ils cherchent désormais à convaincre le monde que les Palestiniens sont victimes d’une sorte de complot de la paix israélo-américain. Dans le monde des Palestiniens, la paix entre Israël et les pays arabes équivaut à une trahison, une conspiration concoctée par Israël et l’administration américaine.
Au lieu d’accueillir le réchauffement des relations entre Israël et certains pays arabes comme un développement positif porteur d’espoir et d’optimisme pour l’ensemble du Moyen-Orient, les dirigeants du Hamas et du Fatah ne se préoccupent que de condamner et d’inciter les Arabes qui « collaborent » avec Israël. Ces condamnations et incitations palestiniennes sonnent comme des menaces à l’encontre des chefs d’État et de gouvernements arabes qui souhaitent entrer en relation d’affaires avec Israël. Nul doute que ces menaces seront perçues pour ce qu’elles sont par certains pays arabes, à savoir un chantage exercé par les Palestiniens sur le monde arabe.
Quand le Hamas et le Fatah appellent la « rue arabe » à s’opposer aux bribes de normalisation avec Israël, ils exhortent en réalité les populations arabes à se révolter contre leurs dirigeants et leurs gouvernements. On imagine mal un dirigeant arabe demeurer indifférent à ces menaces et dénonciations palestiniennes.
Une fois de plus, les Palestiniens agissent contre leurs propres intérêts en s’aliénant la bonne volonté de pays riches et puissants comme les Émirats arabes unis et Oman. Le Hamas et le Fatah n’ont qu’un but : isoler leur peuple et le projeter sur un chemin toujours plus extrémiste. La situation est telle aujourd’hui que le Fatah et le Hamas se disputent sur le règlement du salaire de leurs fonctionnaires, jugent impossible d’aboutir à un accord sur une fourniture régulière d’électricité aux résidents de Gaza, ou de trouver une solution pour alimenter normalement les hôpitaux de Gaza en fournitures médicales. En revanche, ils sont d’accord pour infliger toujours plus de souffrances et de dommages à leur peuple.
Le jour viendra où les Palestiniens découvriront que leurs amis et leurs frères sont leurs plus grands ennemis.
Khaled Abu Toameh, journaliste prime, basé à Jérusalem, est Fellow du Shillman Journalism au Gatestone Institute.