Attention, la propagande anti-israélienne peut s’avérer parfois subtile et branchée. Elle n’en est pas moins vénéneuse.
« Inch’allah peut-être » en est l’exemple parfait.
Cette web-série est constitué de neuf épisodes scénarisés, à mi-chemin entre le reportage et la télé-réalité, décrivant la vie de jeunes Palestiniens étudiant le français dans des universités de Ramallah, Jéricho, Hébron…
Ils sont branchés, occidentalisés, pas islamistes pour un dinar. Ils écoutent de la musique, sympathisent sur les campus, participent aux repas en famille ou prennent un verre à la terrasse d’un café.
Déchirés entre leur identité palestinienne et leur envie de tenter leur chance en Europe, ils réfléchissent à leurs projets d’avenir.
Tout est sympathique et séduisant dans cette série novatrice. Tout est fait pour que le public français s’identifie et entre en empathie avec ces jeunes Palestiniens. Nous sommes très loin des grosses ficelles habituelles de la propagande.
Mais le message anti-israélien – diffusé à doses homéopathiques et à chaque épisode – est bien présent.
Décryptage :
Le pitch de la web-série est ainsi résumé dans le synopsis de France.tv Slash :
Partir ou rester? Diaa, Farah, Hamza, Asmahan, Dana et Lourd doivent décider. Palestiniens, ils se sont rencontrés en licence de français à l’université et forment un groupe soudé. Qu’ils soient féministes, conservateurs, timides ou exubérants, ils s’apprêtent à prendre des chemins différents.
De la Palestine à la France, la série ” Inch’Allah peut-être” les suit au quotidien dans une Palestine intime loin des idées reçues. Une immersion dans les questionnements sans tabous d’une jeunesse finalement comme les autres
Puis le dossier de presse met en exergue une citation de Diaa, l’un des étudiants, qui donne la clé du titre de la série :
« Inch’Allah peut-être, car ici on ne sait jamais combien de temps ça va prendre. Un check-point, une route fermée, alors on vit au présent. »
A cet égard et contrairement à ce qu’annonce le synopsis, la série ne s’est guère éloignée des idées reçues et des traditionnels argumentaires anti-israéliens. Les jeunes palestiniens évoquent constamment « les check-points » et « le mur » qui leur pourrissent la vie sans qu’à aucun moment la web-serie n’évoque la question du terrorisme qui a contraint les Israéliens à mettre en place ce dispositif de protection contre les attentats.
Episode 1
Il a passé un an en France pour enseigner l’arabe et est de retour au pays.
La série s’ouvre sur la vie d’un jeune « hipster » palestinien sympa et décontracté
Issu d’une famille musulmane traditionnelle de Hébron, il fréquente aussi des « copines chrétiennes » de Ramallah.
« Où est la bouffée d’air dans cette ville encerclée ? », interroge la voix off du réalisateur.
Ils discutent de leur vie, empoisonnée par les « check-points », ils se lamentent ne pas pouvoir aller se baigner à la mer…
Il retrouve ses amis à la faculté de Bir Zeit, présentée comme un modèle d’ouverture, de tolérance et de féminisme et de coexistence entre musulmans et chrétiens.
Ils ont rendez-vous avec des amies de l’université.
Elles arrivent en retard et s’excusent : elles étaient bloquées à un check-point.
Elles racontent :
Et on est resté coincé dans les bouchons…
La jeune Palestinienne, elle-même, s’est sentie menacée.
Elle montre à ses amis les images de l’incident qu’elle a filmées sur son smartphone.
En filmant, j’ai eu peur que les soldats s’en prennent à moi.
Décryptage :
Selon « Inch’allah peut-être », voilà de quoi est faite la vie de ces jeunes étudiants palestiniens sympas et inoffensifs.
Pour aller à la fac, ils doivent franchir des check-points où les israéliens tirent sur les gens.
Allez savoir pourquoi ? Sans doute par sadisme, ou pour tromper leur désoeuvrement…
Episode 2
Farah vient d’obtenir sa licence de français de l’université de Ramallah et espère trouver un travail à la hauteur de ses ambitions.
Mais en attendant, pour gagner sa vie, elle travaille le soir dans un bar de Ramallah.
L’ambiance pourrait y être sympa. Si la fête est un peu gâchée, c’est la faute aux Israéliens… Selon Farah :
Le plus compliqué dans un bar ici, je crois que ce sont les stocks. Les marchandises passent par les douanes israéliennes. Certaines sont fouillées, arrivent tard et toutes sont taxées.
Farah garde le moral. Aujourd’hui, c’est la cérémonie de remise des diplômes de français : « Promotion Jérusalem, capitale de la Palestine ».
J’ai la chair de poule, je suis tellement fière d’être dans la promotion Jérusalem, après que Trump ait proclamé Jérusalem capitale d’Israël. Ironie du sort, notre cérémonie est vraiment à l’américaine.
Après ce petit couplet anti-Trump, des amis de Farah, présents dans la salle, se lèvent pour prendre congé du groupe.
– Pourquoi partez-vous si tôt ?
– Le check-point est fermé. A cause de ce qu’il s’est passé cet après-midi. Ils ont tué quelqu’un.
Episode 3
Diaa, le fiancé de Farah, lui aussi connaît la France où il a effectué un séjour.
Il était assistant d’arabe dans un lycée à Mantes-la-Jolie puis il a préféré revenir en Palestine.
(Tous ces jeunes Palestiniens sont visiblement dans les petits papiers du Consulat général de France de Jérusalem qui semble avoir participé au casting puisqu’il est remercié pour sa « participation » dans le générique de la web-série.)
Assis sur leur banc, Diaa et Farah rêvent de Jérusalem où ils ne sont jamais allés ni l’un ni l’autre.
Diaa raconte le quotidien des Palestiniens qui ne peuvent pas aller en Israël.
La dernière fois que j’y suis allé, c’était en 2014 pour une sortie de classe. On avait une autorisation des autorités israéliennes pour aller à Haïfa. Depuis la construction du mur en 2002, c’est la seule fois où j’y suis allé;
pour un homme célibataire, c’est plus dur à obtenir.
Il évoque à nouveau « le mur », sans jamais expliquer les raisons qui ont conduit les Israéliens à le construire.
Pourtant Jérusalem est seulement à 15 km de Ramallah. Nous sommes la génération des réseaux sociaux, nous restons connectés. Avec nos écrans on peut voir derrière le mur.
Tout au long des neuf épisodes, « le mur » de séparation apparaît sans cesse. Avec ses miradors, ses tags et ses graffitis. Sans rappel historique, sans autre explication.
« Inch’allah peut-être » présente une jeunesse palestinienne pacifique enfermée de manière absurde par une soldatesque israélienne sadique et invisible qu’on ne voit jamais.
Diaa se rend ensuite à Tulkarem où il rencontre des amis dans un café.
Tout est fait pour que le téléspectateur s’identifie à ces jeunes Palestiniens francophiles.
Ils sont férus de littérature française, écoutent de la musique française et quand ils regardent le foot soutiennent l’équipe de France.
– Depuis quand tu supportes la France ?
– Depuis 2002, avec Henry, Trézéguet, Lizarazu, Sagnol, Zidane…
Il discute avec le patron du café, lui raconte le sentiment de liberté qu’il a eu à Paris.
Quand tu pars d’un endroit où les gens se font tirer dessus, où il y a des morts des blessés et des check-points, et que soudain tu peux aller où tu veux, c’est le choc !
Décryptage :
Le conflit israélo-palestinien résumé en une demi-phrase par France.tv Slash : « Les gens se font tirer dessus… »
Traduisez, les Israéliens tirent sur les gens, les gens normaux comme vous et moi.
Ils tirent surtout aux check-points. Ca doit être des sortes de stands de tir où les soldats de Tsahal se défoulent.
Après la séquence au café, Diaa, qui est un bon fils, passe voir sa mère.
Il discute avec elle de ses projets d’avenir.
Il veut apprendre d’autres langues que le français. Il voudrait être traducteur de roman.
Il envisage même d’apprendre l’hébreu.
Sa mère l’encourage.
Décryptage :
La web-série de France Télévisions ne donne la parole à aucun Israélien.
Au cas où les jeunes web-spectateurs auraient du mal à les situer dans l’action, « Inch’allah peut-être » leur donne les clés pour comprendre : les Israéliens, ce sont « les ennemis ».
Episodes 4 & 5
Pour ces deux jeunes chrétiennes de Bethléem, la vie en Palestine serait idyllique…
Leur grand plaisir, c’est la randonnée à pied…
… mais « il faut faire avec le mur », explique l’une d’entre elles (toujours en parler, ne jamais expliquer…).
Elles contemplent le paysage :
C’est mon endroit préféré. Quand j’étais petite, en famille on récoltait les olives en face. Mais notre terre a été confisquée… Maintenant, il y a du béton et une colonie dessus.
Nos deux promeneuses nous emmènent ensuite au marché palestinien. L’occasion pour France.tv Slash de relayer par leur intermédiaire un appel au boycott des produits israéliens.
Quand j’étais en France, j’ai boycotté les produits israéliens. Ca me faisait toujours mal de voir nos oranges avec des étiquettes Israël. Ici, le boycott c’est pas toujours facile à tenir. Les colonies grandissent et nos terres diminuent. On cultive encore mais on doit aussi importer. Avec ma famille on essaie d’éviter le chocolat, le café, les yaourts israéliens. Même si c’est difficile.
Décryptage :
Si vous avez mal compris le message, InfoEquitable vous le traduit : « En Palestine, nous sommes pauvres et les Israéliens nous dominent économiquement. Vous, les Français, vous pouvez plus facilement boycotter les produits israéliens. »
L’appel au boycott anti-israélien est un délit réprimé par le code pénal français. La mise en scène astucieuse du quotidien de ces jeunes Palestiniens permet à la série « Inch’allah peut-être » de faire fi de cette interdiction. Le Consulat de France à Jérusalem a donné sa bénédiction et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a posé une RTT.
Episode 6
Une jeune Palestinienne prépare sa valise. Elle s’apprête à partie en France où elle a trouvé un stage.
J’espère que le pont à la frontière jordanienne sera ouvert et que les Israéliens ne me feront pas chier comme d’habitude.
Une fois arrivée, elle envoie des messages à ses amis pour raconter son voyage et leur décrire l’ambiance surprenante qu’elle a découverte en France, dans la petite ville de Foix où elle se trouve. Encore l’occasion d’accuser les Israéliens. Même à 3.500 km de distance, elle ressent l’oppression de Tsahal.
Il y a eu une bagarre à côté de chez moi. Je me suis réveillée en pensant que c’était l’armée israélienne, puis je me suis rendue compte que je suis en France et pas en Palestine. Depuis mon départ de Jéricho j’ai galéré. A la frontière, les soldats israéliens m’ont gardée trop longtemps. J’ai dû montrer mon Whatsapp, les profils Facebook de ma famille et effacer toute la mémoire de mon téléphone.
Episode 8
Nouvelle séquence en Palestine. Cette jeune femme rend visite à une amie mère d’un petit garçon.
Elles évoquent l’avenir de l’enfant… sombre, forcément sombre.
A cause des Israéliens, bien sûr…
– Comment va-t-il grandir, étudier, trouver un travail ? Même nous, on n’a pas trouvé avec notre diplôme.
– Où il va vivre ? Où pourra-t-il aller ? On n’a rien dans ce pays. Il lui faudra un visa s’il veut voyager.
– On n’a pas pu partir à l’étranger. On n’a pas de visa à lui donner.
Le mur, les check-points reviennent en permanence dans la conversation.
Nouvelle séquence : cette jeune Palestinienne se rend à Jérusalem pour travailler.
Un soldat monte dans le bus pour des vérifications de sécurité.
Il n’a pas de visage. Juste une image inquiétante qui apparaît de façon furtive : le canon de son fusil… filmé clandestinement.
Commentaire off de la jeune femme : « L’espoir, on aimerait l’avoir, mais je n’ai jamais eu cette chance. On est la génération après Oslo. Nos parents ont cru aux accords de paix. Ils ont été déçus. Quand je suis née, ils n’y croyaient plus. »
Décryptage :
Eternelles victimes, les Palestiniens n’auraient donc aucune responsabilité dans l’échec des Accords d’Oslo ? Voilà sans doute pourquoi ils sont « déçus »… Voilà le message à peine subliminal de la série : tout est bien la faute de ces soldats israéliens, ceux-là même que l’on voit monter avec leur fusil dans les autobus pour terroriser les voyageurs.
Aucune autre tentative d’explication sur la faillite des accords de paix. Rien sur le terrorisme, rien sur les kamikazes qui se faisaient sauter dans les restaurants de Jérusalem et de Tel Aviv, pas un mot sur les milliers de civils israéliens tués lors de la seconde Intifada et sur les mesures de sécurité – le mur, les check-points, les contrôles… – visant précisément a empêcher les attentats et réduire la violence.
Arrivée à Jérusalem. Elle descend du bus et déambule dans la ville.
Elle téléphone à une amie. Elle lui montre le Dôme du Rocher tout en assortissant sa description de commentaires.
Juste derrière moi il y a le Dôme du Rocher. Il est vraiment beau, mais on ne le voit pas trop. Ils construisent des maisons en hauteur. Ca gâche la belle vue. (…) Ils construisent des colonies en hauteur. Ca rend malheureux. Je suis triste que vous ne puissiez pas venir.
Décryptage :
Après l’appel au boycott, voici le fantasme de la profanation des lieux saints musulmans. Un grand classique de la propagande palestinienne. Des « colonies » seraient donc bâties en hauteur pour « gâcher la vue » et empêcher que les fidèles puisent contempler les mosquées. Voilà les raisons du « malheur » des Palestiniens.
Dernier épisode
Nous retrouvons le jeune Palestinien du début de la série. Il a trouvé un nouveau travail. Il conduit le bibliobus de l’Institut franco-allemand.
Je découvre mon pays. Ce matin je vais à Jénine, ça me fait mal de le dire mais je réalise que si tu ne sors pas de Ramallah, tu oublies l’occupation à l’intérieur de la Cisjordanie. Depuis que je conduis le bus, je vois qu’il y a des colonies partout.
Le soir, il refait le monde avec ses amis et dresse un tableau désabusé de la situation des Palestiniens.
Nos parents nous ont élevé dans la sécurité et le confort. « Fais attention, ne jette pas de pierres. Ne t’approche pas du Mur. Ne sors pas. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. » Je leur en veux ne nous avoir mis ça dans la tête. Mon père a été prisonnier. Mon grand frère jetait des pierres et tout le monde était fier de sa résistance. Notre génération, on nous a découragés. On ne résiste plus ! Ca m’agace.
Décryptage :
La série se termine donc par cette incitation à la violence à peine voilée contre les Israéliens : il faut le savoir, pour les Palestiniens, « la résistance », c’est le terrorisme qui vise de manière indifférenciée les soldats et les civils. Les attaques à coups de pierres, mais aussi avec des cocktails molotov, des engins explosifs, les attentats souvent meurtriers. Sur France.tv Slash, on valorise tout ça, on explique qu’il y a de quoi « être fier » de ceux qui s’engagent dans la voie de la violence contre les Juifs.
Naître pendant l’Intifada, ça a changé énormément de choses pour nous. Eux, ils sont nés alors que la situation politique était stabilisée. Ca les a détruits. On est né à l’époque de l’Intifada, en 2001. A la maison, on dormait couchés par terre pour éviter les balles. Un matin, je me suis réveillé et les tanks étaient sur la voiture des voisins. Elle était écrasée. Jamais je n’oublierai.
– Aujourd’hui, chez nous, les gens remboursent leurs crédits, ils veulent rester à la maison, que les enfants aillent bien, aient tout. Ils veulent que rien ne les dérange. S’occuper uniquement de leur famille. Laissez moi, même si le pays s’enflamme.
– Même nous on commence à penser ça.
– Y’a plus l’esprit de révolution.
– On veut l’argent, s’amuser, un travail, notre vie comme les autres.
– Est-ce que c’est bien ?
Conclusion
Cette saga palestinienne distille tout au long de ces neuf épisodes un subtil message anti-israélien. La violence, l’absence de perspectives, le mur, les check-points ? Tout est la faute des Israéliens.
Selon « Inch’allah peut-être », la société palestinienne ne serait composée que de jeunes gens sympathiques, pacifiques et occidentalisés victimes de leurs voisins belliqueux et méprisants. Pas un mot sur l’éducation à la haine anti-juive (et anti-chrétienne), le refus d’accepter un Etat juif, le poids des islamistes, l’absence de démocratie dans une société palestinienne où les libertés publiques n’existent pas.
Plus grave encore, la web-série de France.tv Slash porte un regard complaisant sur la violence palestinienne et relaye les appels au boycott anti-israélien qui constituent un délit au regard de la loi française.
Des entorses flagrantes aux principes éthiques et déontologiques édictés par la charte de France Télévisions et son cahier des charges.