Netanyahou face à l’ultimatum de Bennett

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Marc – JForum

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le chef du parti politique Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, signent un accord de coalition à la Knesset le 25 mai 2016 (Yonatan Sindel / FLASH90).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou (à droite) et le chef du parti politique Israël Bétenou, Avigdor Lieberman, signent un accord de coalition à la Knesset le 25 mai 2016 (Yonatan Sindel / FLASH90).

 

La question de savoir si le Premier ministre Netanyahou souhaitait aller aux urnes était le facteur déterminant pour savoir si les crises récentes de la coalition allait faire tomber la coalition et imposer de nouvelles élections.

La démission mercredi d’Avigdor Liberman du poste de ministre de la Défense, aussi dramatique qu’elle puisse être, n’a pas changé la donne. Israël Bétenou de Lieberman ne disposant que de cinq des 120 sièges à la Knesset, il ne retirera pas le parti de la coalition, mais le laissera plutôt avec sa maigre majorité à peine 61.

Mais contrairement aux cas précédents de luttes internes au sein de la coalition, la décision de convoquer des élections, bien que toujours entre les mains du Premier ministre, n’est certainement pas conforme aux conditions que pourrait espérer Netanyahou.

Depuis que son Likoud a maintenu une avance quasi incontestée et sans cesse croissante dans les sondages depuis la victoire à la Knesset de 30 sièges en 2015, les rivaux de Netanyahou, appartenant ou non à la coalition, se sont régulièrement opposés à l’idée d’élections anticipées. Même si certains ont parfois opté pour lui imposer des ultimatums sur des points contestés de ses orientations politiques, il a souvent été en mesure d’affronter ses adversaires dans un jeu politique, les laissant ainsi devoir attendre sa décision de faire demi-tour et changer d’avis à la dernière minute.

Le parti de Lieberman a souffert dans les sondages récents, certains prédisant qu’il pourrait même avoir du mal à obtenir suffisamment de voix pour franchir le seuil électoral et conserver des sièges à la Knesset. Sa démission, cependant, après avoir vivement critiqué la réaction trop modérée du gouvernement à l’intensification de l’escalade de Gaza cette semaine, cherche à le positionner à la droite de Netanyahu et à mobiliser un soutien via la colère publique, visible à Sderot notamment.

Lieberman a déclaré mercredi que sa décision de quitter le gouvernement avait été prise à la lumière du cessez-le-feu qui aurait été convenu mardi entre Israël et des groupes terroristes palestiniens à Gaza, à la suite d’un tir de barrage sans précédent de plus de 400 roquettes lancées par le Hamas et d’autres groupes terroristes sur Israël.

«Ce qui est arrivé hier, le cessez-le-feu, ainsi que l’accord avec le Hamas, est une capitulation devant la terreur. Il n’y a pas d’autre moyen de l’expliquer », a accusé Lieberman, affirmant qu’il n’était pas d’accord avec la décision du Premier ministre d’accepter la trêve et avait plaidé pour une réponse plus ferme.

Au cours d’une séance de questions-réponses ultérieure, il a même prédit que les électeurs de droite «verraient toute l’hypocrisie des autres partis» et récompenseraient son parti, Israël Bétenou, de 20 sièges à la Knesset.

Mardi soir, des centaines de personnes ont manifesté contre le cessez-le-feu à l’entrée de la ville de Sdérot, en bloquant les routes et brûlant des pneus. Certaines personnes ont scandé «Bibi go home», en utilisant le surnom de Netanyahu.

Le Premier ministre n’appréciera pas la perspective que ces électeurs de droite d’un bastion du Likoud considèrent Lieberman comme leur sauveur, à sa place.

La ministre de l’Education, Naftali Bennett, prend la parole lors d’une réunion du parti Foyer Juif à la Knesset, le 5 novembre 2018. (Miriam Alster / Flash90)

Et si la démission de Lieberman laisse Netanyahu les bras ballants, l’ultimatum du Foyer juif à Netanyahu – donner au leader Naftali Bennett le portefeuille vacant de la défense ou faire face à sa propre sortie du gouvernement – lui fait potentiellement perdre pied.

“C’est soit le ministère de la Défense, soit nous sortons”, ont déclaré mercredi des responsables du parti. “C’est notre ultimatum pour rester au gouvernement.”

Il est de notoriété publique que l’on peut reculer devant un ultimatum, à condition de ne pas utiliser le mot ultimatum. Le parti national-religieux ne peut pas renoncer facilement à cet ultimatum audacieux.

Cela laisse deux options à Netanyahu, et il n’en aimera aucune : aller aux élections selon les conditions de Liberman ou maintenir la coalition selon celles de Bennett.

Au-delà des intérêts partisans et de “cuisine politique”, la question reste entière de savoir ce que Naftali Bennett pourrait bien faire de ce poste de Ministre de la Défense, et de la question cruciale de Gaza dans le contexte géopolitique mouvementé, au Liban et en Syrie, en un laps de temps aussi court, soit la dernière année restante avant l’échéance officielle des élections. Au-delà, cette demande n’augure pas d’une coalition anti-Bibi, reformant une droite plus radicale Yisrael Beïtenu/Habaït Hayehudi, pour détrôner l’indéracinable. A moins que, cette fois, Netanyahu ait définitivement perdu sn titre de “Monsieur Sécurité” pour devenir le maître incontesté de l’indécision et de l’irrésolution de questions cruciales pour au moins le tiers sudiste de la population.

JForum avec agences

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