Un an et demi après le massacre du 7 octobre, des documents capturés à Gaza sont révélés pour la première fois, prouvant noir sur blanc comment Yahya Sinwar a réussi à tromper Israël. Ces documents classifiés, dévoilés ce soir dans les actualités du week-end, dressent un tableau inquiétant d’une vaste opération de désinformation stratégique ayant conduit au massacre sanglant.
La découverte de ces documents soulève de sérieuses questions sur la conception stratégique qui dominait les dirigeants israéliens.
JDN – Baroukh Shapira
Les documents révèlent comment Sinwar a utilisé la proposition d’une hudna (trêve) de long terme comme pièce maîtresse dans un jeu d’échecs stratégique contre Israël.
Dans une correspondance approfondie avec Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, Sinwar écrivait : « Il est probable que cette démarche, qui serait acceptée par la plupart des pays du monde, ne sera pas acceptée par l’occupant, ce qui accentuera son isolement et sa coupure avec l’extérieur.
Et si l’occupant décidait d’accepter, cela le déchirerait de l’intérieur et entraînerait une guerre civile. »
Ce document constitue une preuve centrale démontrant comment Sinwar avait planifié un coup gagnant dans tous les scénarios : si Israël acceptait la trêve, elle s’affaiblirait de l’intérieur ; si elle refusait, elle serait isolée au niveau international.
Les correspondances secrètes révèlent également que l’opération « Gardien des Murailles » en 2021 a été un tournant critique menant au massacre. Alors que la haute hiérarchie israélienne — le Premier ministre Netanyahou, le ministre de la Défense de l’époque Benny Gantz, et l’ex-chef d’état-major Aviv Kochavi — présentaient l’opération comme un succès éclatant, au Hamas, l’analyse était tout autre.
Haniyeh écrivait alors à Sinwar avec enthousiasme : « Nous saluons cette victoire claire. Le drapeau de notre mouvement Al-Qassam flotte désormais partout dans le monde, et des millions de personnes acclament notre cher chef de la résistance, Mohammed Deif, pour sa victoire céleste et glorieuse. »
Sinwar, dans une réponse exaltée, écrivait : « Loué soit Allah qui nous a accordé la victoire, humilié la direction de l’ennemi ; nous sommes proches de la destruction de son État. »
L’un des pires échecs du renseignement israélien
Les documents dévoilent l’un des échecs majeurs des services de renseignement israéliens : l‘attaque contre le « métro » (réseau de tunnels) — présentée en Israël comme une immense réussite — n’a en réalité pas réussi.
Lors d’une réunion avec Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, et Ismail Qaani, commandant de la Force Al-Qods iranienne, les hauts responsables du Hamas rapportaient : « Le métro n’a pas du tout été endommagé. Seule une petite partie des tunnels offensifs a été légèrement touchée et sera rapidement réparée. »
La découverte de ces documents soulève de lourdes questions sur la conception stratégique qui prévalait parmi les dirigeants israéliens. Alors que le public israélien était nourri de récits de « succès » et de « dissuasion », une réalité tout à fait différente se développait au-delà de la frontière :
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Une capacité offensive croissante,
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Une accélération de la construction souterraine,
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Et une confiance grandissante dans la capacité de vaincre Israël.
Ces documents ne révèlent pas seulement la profondeur de la tromperie du Hamas, mais mettent également en lumière l’échec du renseignement et de la perception israélienne qui ont conduit au désastre du 7 octobre. Ils constituent un témoignage glaçant : alors qu’Israël célébrait des victoires imaginaires, ses ennemis préparaient minutieusement l’attaque la plus meurtrière de son histoire.
