Réflexion sur la paracha de la semaine par le rav Mordekhai Bismuth:
« Ce fut au bout de deux années de jours, Pharaon eut un rêve » (41,1).
La paracha commence par les mots « Vayéhi miket’s chenatayin yamim – Ce fut au bout de deux années de jours, Pharaon eut un rêve.»
La Guemara (Meguila 10b) nous enseigne que toute paracha qui débute par le terme « vayéhi » introduit toujours un épisode malheureux.
Il y a lieu de se demander, en quoi notre paracha qui commence par ce terme, est-il annonciateur d’une catastrophe ? Elle commence avec la libération de Yossef, sa nomination à la tête de l’Égypte, ses retrouvailles avec ses frères et son père. Tous ces événements sont des bonnes nouvelles, alors pourquoi la Tora utilise-t-elle le terme « vayéhi» ?
Le « vayéhi» fait référence aux deux années supplémentaires où Yossef est resté en prison. Une peine qui lui a été imposée pour avoir placé son espoir sur le maître échanson, car après lui avoir interprété son rêve positivement, il lui dit : « Tu te souviendras de moi … et tu me rappelleras devant Pharaon » (40;14). Pour avoir utilisé ces deux expressions, il fut puni et resta deux années de plus en prison.
Le Or Ha’haïm Hakadoch explique que ce verset annonce le début de l’exil des Bené Israël en Égypte.
Selon le Darché Agadoth, c’est parce que le jour où Yossef est sorti de prison, a eu lieu un événement douloureux : notre patriarche Yits’hak est mort, à l’âge de 180 ans.
Voici une autre interprétation, allusive, en s’interrogeant sur la formulation de notre verset.
La Tora utilise l’expression « chenatayin Yamim » qui veut dire littéralement : « Deux années de jours ». Nos Sages demandent : « Pourquoi la Tora a-t-elle rajouté le mot « Yamim-jours » ?
La notion «d’années» nous aurait suffi, car elle comprend incontestablement de nombreux jours.
Essayons de comprendre cette redondance à travers le récit suivant: on raconte qu’un grand rav vécut une expérience incroyable, lorsqu’un jour son âme quitta son corps et monta au Ciel un court instant. Arrivé en Haut, il rencontra de nombreux anges et parmi eux, un vieille homme avec une longue barbe blanche, ridé et marqué par la fatigue. Mais curieusement, tout le monde se comportait avec lui comme un enfant, on lui parlait avec des mots simples et de sujets très primaires. Là-bas, il y avait aussi un enfant et contrairement à la vieille personne, tout le monde lui parlait avec beaucoup de respect, on lui posait de nombreuses questions et ses réponses étaient d’une grande profondeur. Le rav très étonné demanda à un des anges des explications sur cet enfant et cette vieille personne. Pourquoi l’un est considérée comme un enfant et à l’inverse, pourquoi l’autre était-il traité comme un adulte respectable? L’ange lui répondit : « Il est écrit dans les Pirké Avoth (4;20) : « Al tistakel bakanekan éla bema ché-yeche bo – Ne considère pas la cruche, mais ce qu’elle renferme ». En effet, au-delà de l’apparence, la vraie grandeur d’une personne n’était pas son âge, ni sa longue barbe mais uniquement ce qu’il avait fait de son temps de vie, comment il a rempli temps durant toutes ces longues années. Parfois un enfant peut avoir plus de maturité, ou plus de bonnes actions à son actif qu’une vieille personne. » Fin du récit.
Le temps passe, les années se succèdent, et la vie défile. On vieillit certes, mais on peut malheureusement en termes de réalisation, rester encore tout jeune !
Prenons l’exemple de nos sages tel que Ari zal ou le Ram’hal qui ont quitté ce monde à un âge précoce, mais combien ils l’ont marqué ! Une multitude d’œuvres et des enseignements profonds ! Alors que d’autres, on atteint 60, 70, et parle encore de voiture et de foot ; et ne laisse derrière eux une collection de timbre et un palmarès de belote. Et nous qu’allons-nous laisser à nos enfants ?
Pourquoi la Tora utilise « vayéhi» ? Quel est cet événement malheureux ? Pourquoi la Tora a-t-elle rajouté le mot « Yamim-jours » ?
Nos Sages nous enseignent de ce verset, par rémèz/allusion, que le malheur pour un homme « vayéhi », et de se rendre compte qu’à la fin de ses jours à 120 ans, « Mikets – à la fin », que ses années de vie « chenatayim » sont vides et ne représentent en fait que quelques jours « Yamim ».
La première notion que la Tora ‘écrite’ vient nous enseigner est celle du temps comme il est écrit : « Vayéhi ‘érev vayehi boker, Et ce fut le soir et ce fut le matin, un jour ».
De la même manière la Tora ‘orale’ commence avec cette même notion du temps, comme il est dit : « Méémataï Korim ét Chema’ – à partir de quand pouvons-nous lire le Chema’ ». Enfin le Choul’han ‘Aroukh commence lui aussi son œuvre avec cette notion du temps et l’heure du lever.
Cela vient nous délivrer un message primordial que notre vie est indissociable de la notion du temps. Il est un temps pour porter le talit, mettre les téfilines, confectionner la matsa, accueillir Chabbath, lire le Chema’, allumer les lumières de ‘Hanoucca ….
Si l’on attend et que l’on n’exploite pas ces temps à temps, grand sera notre mécontentement à la fin des temps. Ne gaspillons pas notre temps et profitons-en, et remplissons-le tant qu’il est encore temps ! Comme le dissent nos Sages: « Eïn avédat keavédath hazman – Il n’y a pas de plus grande perte, que celle du temps ! »
Chabbath Chalom – Rav Mordékhai Bismuth
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