Les paroles de Golda Méir sont corroborées dans un long entretien percutant et poignant entre un « fils du Hamas », Mosab Hassan Yousef, véritable modèle d’humanité, et un psychologue clinicien canadien, Jordan B. Peterson.
Florilège de Christine Tasin.
Mosab Hassan Yousef, ex-militant palestinien, fils du Sheik Hassan Yousef, co-fondateur du Hamas, a fui en Israël en 1997 où il a travaillé comme agent secret pour le Shin Bet (le service du renseignement intérieur d’Israël jusqu’à ce qu’il parte pour les Etats-Unis en 2007. Il était surnommé le “Prince Vert” et il a permis la prévention de douzaines d’attentats et d’assassinats.
Il rappelle l’origine du conflit en Israël : la Palestine n’existe pas. Ça n’a jamais été un pays. Ce n’est pas un groupe ethnique. Ce n’est pas une religion, ce n’est pas une croyance. C’est une entité coloniale créée par les Britanniques qui y étaient depuis environ 25 ans. Et les Juifs, les Arabes, les Druzes, les Chrétiens… les sionistes étaient appelés Palestiniens, avant la fin du mandat britannique.
L’empire ottoman a duré à peu près 400 ans. Au cours de cette période ils ont nettoyé ethniquement les Juifs de leur terre, ce qui explique que les Juifs étaient partout. Après la Première Guerre mondiale, toutes les atrocités et la persécution des Juifs, ils ont éprouvé le besoin de chercher un refuge et la terre natale des Juifs étaient la meilleure solution.
En 1948 quand les Nations unies ont partagé la terre en donnant la possibilité aux Juifs et aux Arabes de construire et de créer leur propre Etat, les Juifs ont déclaré leur indépendance mais les Arabes ont déclaré la guerre contre les Juifs. Et je pense que c’est là un point très important pour comprendre qu’il n’y avait pas de Palestine. Et quand nous parlons du Mandat britannique de Palestine, ça n’a jamais été un Etat, ce n’était qu’une période de transition depuis la chute de l’empire ottoman jusqu’à la fin du Mandat britannique ; moins de 28 ans.
Pourquoi cette guerre entre Juifs et musulmans ?
Du point de vue musulman – et c’est là où ça se complique, ce dont personne ne veut parler : la dimension idéologique religieuse de cette guerre – du point de vue islamique, la mosquée Al Aqsa et les zones autour ne définissent pas les limites. Les zones environnantes pourraient être de 100 miles (160 km)… elles pourraient être de 500 miles. Il y a une croyance selon laquelle aucun leader musulman n’a autorité pour les donner à des non-musulmans. Par conséquent lorsque les Juifs sont retournés dans leur pays natal, les musulmans se sont révoltés. Et c‘est la raison la plus fondamentale et le mobile des Arabes et des musulmans de se battre contre Israël parce qu’ils considèrent ce territoire comme une terre islamique.
Tout ça à cause de la mosquée qui a été construite, délibérément, sur le Mont du Temple il y a à peu près 1300 ans… au-dessus du Temple juif qui est beaucoup plus ancien.
Les Juifs ont les preuves irréfutables des artefacts et de l’archéologie qui témoignent de leur existence au cours des siècles, des millénaires. Mais pas les musulmans. Il n’y a aucune monnaie, aucun livre, aucune Bible. Il n’y a qu’une construction de 1300 ans. C’est pourquoi les Juifs n’ont aucun problème de principe de coexistence avec d’autres groupes ethniques comme (inaudible) même le mouvement sioniste n’a pas de problème avec la solution de deux Etats tandis que les musulmans refusent complètement l’existence juive sur cette terre. De la même manière que les non-musulmans ne sont pas autorisés à entrer dans La Mecque, ni de la traverser en voiture, ils veulent qu’il y ait la même situation à Jérusalem.
En 1978. J’avais une pensée critique depuis le début de ma vie quand les mollah ont dit à la foule lors de funérailles que les anges du ciel allaient revenir et s’intégrer au défunt dans la tombe, qu’ils allaient ramener son âme, qu’ils allaient le torturer et que s’il ne donnait pas la bonne réponse à la question l’enfer s’ouvrirait.
En gros, dans la foi islamique il existe quelque chose qu’on nomme le supplice de la tombe. Il s’agit d’une disposition qu’utilisent les autorités religieuses pour contrôler la population musulmane. Quand quelqu’un meurt, il y a soi-disant torture dans la tombe et un interrogatoire. Si la personne ignore qui est son D’, qui est Son prophète, si elle n‘a pas répondu aux questions relatives à la religion, elle va être terriblement torturée… Que Mahomet ait dit cela ou pas, c’est ce qu’on croit largement dans la religion islamique. Et beaucoup de gens ont peur. Quand j’étais très jeune, j’ai demandé à tous mes amis de revenir avec moi au cimetière. Aucun n’était d’accord. Quand j’y suis retourné j’étais terrorisé. Finalement je n’ai entendu aucun hurlement, aucune torture et j’ai mis l’oreille sur le sol pour essayer d’entendre…
En tant qu’enfant, je n’avais pas la faculté de discernement pour voir une vérité supérieure. Comment le pouvais-je ? C’est pareil maintenant avec les enfants à Gaza. Ils subissent les conséquences de la guerre mais ils ne réalisent pas ou ne comprennent pas comment la guerre est née. Dans ce contexte j’ai été traumatisé par la première intifada palestinienne (de 1987 à 1992) et tous les souvenirs restent en moi. C’est ce qui me donne la force de continuer. “Intifada” signifie “le chaos de Palestine” !
Après qu’ils ont été chassés de Jordanie, du Liban et pour finir d’Indonésie, à environ 2 000 miles, ils sont venus présenter l’idée de concevoir l’intifada. Ils voulaient de l’agitation mais de l’intérieur. Ils savaient que ce serait bien plus efficace que de détruire Israël de l’extérieur. Et ils ont envoyé mourir des enfants ! C’était leur dispositif, leur stratégie. C’est une partie fondamentale de cette culture. Il faut comprendre cela. D’abord c’était la dimension idéologique dont je vous ai parlé. Ensuite le sacrifice des enfants, ce n’est pas quelque chose dont ils se sentent coupables ; dans cette culture c’est acceptable.
Arafat a fini sa vie avec une sacrée fortune semblable à une fortune insensée et je sais qu’il se produit la même chose, mais comment est-ce que c’est monnayable ? Est-ce que c’est la douleur des enfants qui produit un flot d’aide de l’étranger qui est finalement empoché ?
La communauté internationale ne connaît pas à 100 % la réalité sur le terrain. Ils ne comprennent pas ce jeu. Même jusqu’à présent alors qu’ils voient le Hamas utiliser les enfants comme boucliers humains.
Ce que je vois arriver en Palestine – vous pouvez dissiper toute fausse idée de ma part – c’est ce que je pense depuis des décennies, c’est que les Palestiniens sont des victimes expiatoires des puissances étrangères qui veulent délégitimer Israël et peu importe combien de Palestiniens meurent parce qu’ils sont essentiellement jetables.
Note de l’intervieweur : Et je soupçonne que ce qui s’est produit le 7 octobre, c’était directement commandé – n’hésitez pas à exprimer votre désaccord – mais il me semble que les Iraniens ont décidé de remuer la marmite et ils ont causé ce massacre et ils espéraient provoquer Israël dans sa réaction, exactement de la façon dont Israël a réagi en prenant la menace très au sérieux, qu’ils interviendraient et que leur victoire militaire monterait l’opinion publique contre eux. Cela désintégrerait les accord d‘Abraham. Je pense que c’était leur plan.
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