Les États-Unis ont également annoncé l’envoi de nouveaux renforts au Moyen-Orient pour faire face aux «menaces iraniennes». L’Iran n’entend faire la guerre à personne, assure le président iranien.
Par Le Figaro avec AFP
L’Iran n’entend faire la guerre à personne, a déclaré mardi le président iranien Hassan Rohani dans une allocution à la télévision nationale. « Ceux qui nous font face sont un groupe de dirigeants avec une toute petite expérience », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont publié lundi de nouvelles photos présentées comme incriminant l’Iran dans les attaques contre deux pétroliers la semaine dernière dans les eaux du Golfe. Washington a également annoncé l’envoi d’environ 1000 militaires supplémentaires au Moyen-Orient dans ce contexte de tensions accrues.
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Les onze photos rendues publiques par le Pentagone montrent notamment un objet métallique circulaire de 3 centimètres de diamètre attaché à la coque du pétrolier japonais Kokuka Courageous, qui est présenté comme un des aimants ayant permis de poser la mine non explosée que Washington accuse les Iraniens d’avoir retirée après l’incident, qui s’est produit le 13 juin. Une autre photo montre la cavité provoquée par une autre mine sur la coque du même pétrolier, que le Pentagone évalue à plus d’un mètre de diamètre.
« L’Iran est responsable de cette attaque, comme le montrent les preuves vidéo et les ressources et les compétences requises pour retirer rapidement la mine aimantée non explosée », indique le Pentagone dans un communiqué. Les photos ont été prises d’un hélicoptère « Seahawk » de l’US Navy, précise l’armée américaine. Selon des experts en explosifs de l’US Navy, l’emplacement choisi pour les mines, au-dessus de la ligne de flottaison, montre que l’objectif n’était pas de couler les pétroliers.
Mais la méthode utilisée pour retirer la mine non explosée – une dizaine d’hommes à bord d’une vedette rapide, équipés de gilets de sauvetage mais pas de protections anti-explosifs – était en fait très dangereuse, selon l’un de ces experts ayant requis l’anonymat, qui a qualifié l’opération de « scénario à très haut risque ». Les Etats-Unis ont ouvert une enquête en coopération avec plusieurs autres pays qu’ils n’ont pas nommés.
«Protéger nos intérêts nationaux»
L’envoi d’Américains supplémentaires dans la région vise ainsi à « assurer la sécurité et la santé de nos militaires déployés dans la région et à protéger nos intérêts nationaux », a indiqué le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, précisant que « les Etats-Unis ne cherchent pas à entrer en conflit avec l’Iran ».
Le Pentagone a déjà envoyé mi-mai dans le Golfe un navire de guerre transportant des véhicules, notamment amphibies, et une batterie de missiles Patriot, s’ajoutant au déploiement dans la région d’un porte-avions face à des menaces d’attaques « imminentes » attribuées à l’Iran.
Fin mai, les Etats-Unis avaient déjà annoncé le déploiement de 1.500 soldats supplémentaires au Moyen-Orient, invoquant des « menaces persistantes » contre les forces américaines émanant du « plus haut niveau » du gouvernement iranien. Des appareils de reconnaissance et de surveillance et un escadron de douze avions de chasse renforçaient le dispositif.
Pékin appelle Washington et Téhéran à la retenue
Les pays membres de l’Union européenne se sont montrés lundi prudents dans l’attribution des responsabilités pour les attaques de deux pétroliers la semaine dernière dans la mer d’Oman. Les attaques perpétrées jeudi ont eu lieu au sud-est du détroit d’Ormuz, un corridor vital reliant les Etats riches en énergie du Moyen-Orient au marché mondial. L’Iran, qui dément toute implication dans ces incidents, a menacé à plusieurs reprises par le passé de bloquer le détroit.
La Chine a appelé mardi Américains et Iraniens à la retenue. « Nous appelons toutes les parties à garder la tête froide (…) et à ne pas ouvrir une boîte de Pandore », a déclaré devant la presse le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, interrogé sur les renforts américains. « Les États-Unis notamment devraient changer leur pratique de pression maximale (…). Non seulement cela ne permettra pas de résoudre le problème, mais cela aggravera la crise », a-t-il indiqué.