Mazal tov : les palestiniens comprennent enfin leur problème
Un sondage effectué au sein de la population palestinienne (en décembre 2018) a permis de montrer une évolution de son mode de pensée. Les palestiniens semblent désormais plus pragmatiques et dotés de bon sens : ils désignent la crise économique comme leur première préoccupation, et la corruption de leurs dirigeants, comme étant la seconde. La relation avec Israël n’arrive, pour sa part, qu’en troisième position. Les palestiniens aspirent à se constituer en Etat. Or, ils réalisent que le principal obstacle tient à l’absence d’institutions étatiques, de nature à structurer leur entité. Ceci résulte de ce que les dirigeants palestiniens ont les mains libres pour prendre les décisions favorisant leur enrichissement personnel et empêcher toute évolution de la société palestinienne. Ils devraient donc rapidement comprendre, comment régler leurs véritables problèmes : se débarrasser du Fatah (Olp) et du Hamas, c’est du moins ce qui résulte des réflexions contemporaines au sein de la population palestinienne.
Pour les palestiniens, les responsables l’Autorité palestinienne constituent un groupe élitiste, qui ne pense qu’à s’enrichir, au détriment des souffrances quotidiennes des palestiniens. Il n’y a toujours pas d’Etat palestinien alors que les groupes idéologiques que sont le Fatah et du Hamas (qui rêvent de la destruction d’Israël) ne parviennent toujours pas à s’entendre. Résultat, le pouvoir reste entre les mains de personnes qui entretiennent une corruption généralisée (et systématique) et qui écartent les palestiniens de toute participation aux décisions concernant leur devenir.
Dans la société palestinienne, les richesses de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de l’Autorité palestinienne sont appréhendées par une minorité, au détriment de la majorité. Le pouvoir est concentré entre les mains de réseaux clientélistes : la loyauté doit l’être à l’égard des seules personnes qui détiennent le pouvoir. Dès lors, les palestiniens ne disposent d’aucune prérogative pour demander au pouvoir de lui rendre des comptes : l’AP organise le favoritisme au détriment d’une institution démocratique et d’un système de gouvernance représentatif de la population palestinienne.
Il existe pourtant une loi fondamentale palestinienne qui prévoit l’organisation démocratique de l’Olp et de l’Autorité palestinienne. Or, non seulement l’Olp a échoué dans sa mission de libérer la Palestine du mandat Britannique mais également en tant que représentant unique du peuple palestinien. Le Conseil National Palestinien a été convoqué en mai 2018 soit… après 22 ans d’inaction. Ainsi, les représentants palestiniens se sont toujours montrés incapables de représenter les palestiniens dans les territoires contrôlés par les dirigeants palestiniens (Gaza et zone A et B de Cisjordanie) mais également, des palestiniens de la diaspora.
Par ailleurs, l’AP a excédé son rôle de gouvernement intérimaire (comme le prévoient les accord d’Oslo) et est devenu un gouvernement autoritaire. Le Hamas s’est donc saisi du pouvoir dans la Bande de Gaza, pour poursuivre l’idéologie de la destruction d’Israël, désormais sur un fondement religieux et non plus national (thèse du Fatah).
En fait, Mahmoud Abbas a repris le fonctionnement sociétal mis en place par son prédécesseur, Yasser Arafat, à savoir maintien du pouvoir par cooptation et répression politique. Comme le Conseil Législatif palestinien a été interrompu en 2007 (lors de la prise du pouvoir par le Hamas dans la Bande de Gaza), Mahmoud Abbas concentre entre ses mains, le pouvoir exécutif, législatif (par décrets présidentiels), sans instituer de pouvoir judiciaire indépendant. D’ailleurs, un projet d’amendement envisage de permettre au Président palestinien de nommer le Président du Conseil supérieur de la magistrature et le Président du comité de surveillance des juges (sic) ou d’envisager une retraite anticipée des juges (sic). Notons également la pratique palestinienne qui consiste à faire signer aux juges des lettres de démission, non datées, avant qu’ils soient assermentés (sic).
Le système clientéliste palestinien repose sur le mécanisme « inclusion, exclusion, récompense, punition » en fonction du degrés de loyauté à l’égard du pouvoir. S’agissant de la nomination aux postes publics ou l’obtention de promotions, le mérite professionnel n’a aucune incidence sur les décisions : il n’existe pas de concours pour accéder à ces postes, de descriptions de ces postes, de critères pour déterminer le niveau de rémunération, des conditions d’attribution des primes ou avantages…
A titre d’exemples, il existe une « coalition pour la responsabilité et l’intégrité » qui a décidé que les salaires des responsables d’institutions non ministériels devaient être supérieurs à celui du Président de l’AP (fixé à 10 000 dollars mensuels). De même, les terroristes palestiniens, détenus par Israël, sont nommés, lors de leur libération, au sein de la force de travail civile, pour les récompenser pour leur contribution au mouvement de Libération palestinien.
Le contrôle des fonctionnaires proches de l’AP à Gaza, s’opère de la manière suivante : il existe 50 000 salariés proches de l’AP (dans la Bande de Gaza), rémunérés par l’AP qui s’assure ainsi de sa fidélité. Les salaires y sont inférieurs à ce qui prévaut en Cisjordanie, ce qui permet d’entretenir la pression. L’AP a, également, décidé de punir collectivement les palestiniens de Gaza en limitant le paiement de la facture d’électricité livrée par Israël. Ceux-ci disposent de 4 heures d’électricité quotidiennes, afin d’exercer des pressions sur le Hamas pour qu’il cède le pouvoir.
De même, s’agissant de la relation avec Israël, les palestiniens sont exclus du processus de décision. L’AP signe seule avec Israël les accords concernant les fournitures d’énergie (électricité, eaux, systèmes de communications). Il en est ainsi du contrat signé en 2016 : la dette de 550 millions de dollars de l’AP a été payé à Israël Electric Corporation, en contrepartie du transfert, à l’AP, de la responsabilité dans la fourniture d’électricité en Cisjordanie. Les palestiniens n’ont dès lors aucune information concernant les modalités de transfert, du contrôle, ou de la distribution d’électricité. L’AP n’a pas non plus associé les palestiniens dans le processus de signature de l’accord Mer Rouge Mer Morte signé avec Israël et la Jordanie.
Les gaspillages des fonds palestiniens sont, par ailleurs, légion : Mahmoud Abbas s’est fait construire un palais présidentiel sur une parcelle de terrain de 4700 m2 (outre 4000 m2 supplémentaire pour des bâtiments auxiliaires et un héliport, pour inviter des responsables étrangers). Finalement, le complexe a été converti en bibliothèque nationale inutile, pour un coût de 17.5 millions de dollars. De plus, l’AP consacre 28% de son budget annuel à la sécurité, au détriment du secteur de la santé, l’éducation, l’agriculture. Enfin, entre 2001 et 2005, 1% du budget a été affecté à l’agriculture alors que 85 % a servi à financer les salaires du personnel…
L’UE ne cesse de promouvoir la mise en place de structures démocratiques, représentatives et transparentes au sein de l’Etat palestinien … en vain : il n’y a ni démocratie, ni principe de responsabilité personnelle, mais au contraire, une totale impunité des responsables corrompus. Les palestiniens réalisent enfin que leurs problèmes n’ont rien à voir avec Israël mais uniquement avec leur système idéologique qui les endort. Qu’ils entreprennent donc leur ménage institutionnel. Les relations pourront alors se normaliser avec Israël.
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach