A Marseille, la synagogue Or Tora, près de la gare Saint-Charles (1er arrondissement), était désertée par la communauté juive de la cité phocéenne. Les Juifs algériens, à leur arrivée dans la ville, avaient été attirés par la proximité de la population arabe, dont ils comprenaient bien la langue et la mentalité. Pourtant, ce n’est pas le cas de leurs enfants, qui préfèrent quitter ce quartier, surtout quand les dispositions entre les deux peuples tendent à légèrement évoluer…
La synagogue se vidant, elle a été mise en vente. L’association musulmane Al Badr a déposé une offre d’achat – pour 400 000 euros.
La mairie doit encore donner son accord, mais dans ce cas, ce lieu de prière juif passera entre les mains musulmanes. C’est un peu gênant : « Je ne vois rien de mal, rien de négatif dans cette opération, a pourtant déclaré Tsvi Ammar, le président du Consistoire local. C’est vrai que pour les familles de fidèles, il y a un pincement au cœur, mais nous prions pour le même D’, celui de l’amour et de la fraternité. J’espère, bien sûr, qu’il y aura toujours, dans ce lieu, l’esprit de tolérance et de vivre-ensemble dont nous avons besoin ».
Les autorités civiles assurent que l’on interdira les prêches antisémites dans ce nouveau lieu de culte musulman, mais en est-on capable ? La présidente du CRIF local se veut rassurante : « Ca serait quand même un comble que, dans une mosquée qui a été précédemment une synagogue où on prêche justement la parole d’amitié et de fraternité, il puisse se dire des propos antisémites »…
Quant à l’association Or Tora, avec les 400 000 euros récoltés, elle compte ouvrir une nouvelle synagogue à Marseille, probablement dans le 6e arrondissement, non loin de la place Castellane.
En tout cas, une décision qui laisse un goût amer…