Alors que les médias israéliens diffusaient le discours offensif du chef du Mossad contre l’Iran, dans lequel ce dernier affirmait qu’Israël n’hésiterait pas à frapper au cœur du territoire iranien, une information passée bien plus inaperçue montre à quel point l’Iran a réussi, sans tambour ni trompettes, à pénétrer au cœur de la société civile et de la politique israélienne. Un photomontage du commandant de la région centre, Yehuda Fuchs, arborant un brassard nazi et une moustache à la Hitler, a été diffusé sur un compte Twitter israélien. Après vérification, il s’avère que ce compte Twitter était celui d’un « Bot » – un robot activé par les services secrets iraniens.
Mais cette
révélation faite par le Shin-Beth – les services de sécurité intérieure israéliens – est arrivée trop tard: le chef de l’opposition Yair Lapid avait déjà relayé le photomontage, en accusant le gouvernement d’incitation à la haine, accusation reprise par la 12e chaîne de télévision en « Une » de son journal télévisé… Cette affaire emblématique montre au moins deux choses. La première est l’imprudence et la négligence coupable avec laquelle Yair Lapid – qui est devenu pour l’occasion un pion des puissances étrangères – et la 12e chaîne ont relayé la manipulation iranienne, sans attendre que l’identité du propriétaire du compte Twitter soit vérifiée. Le second aspect, bien plus inquiétant, est celui des manipulations politiques étrangères en Israël.
Dans le cas de l’Iran, la manipulation a été dévoilée au grand jour au bout de 24 heures, grâce à l’efficacité du Shin-Beth. Le mal était certes fait, mais il a été circonscrit. Toutefois, l’Iran n’est pas le seul à tenter – avec succès – de manipuler le débat politique intérieur israélien. D’autres pays s’y emploient depuis longtemps, avec un succès encore plus grand. Les manifestations incessantes auxquelles on assiste depuis l’intronisation du gouvernement israélien sont en partie financées par des fonds étrangers, tout comme le sont les innombrables ONG qui déterminent l’ordre du jour du débat public, à travers leurs recours incessants devant la Cour suprême, contre des décisions de l’armée, de la Knesset ou du gouvernement.
En réalité, c’est l’ensemble de la vie politique israélienne qui est aujourd’hui placée sous influences étrangères, celle de l’Iran n’étant pas la plus néfaste. Si les grands médias israéliens n’étaient pas eux-mêmes sous influence, ils devraient enquêter d’urgence sur le « soft-power » – de moins en moins « soft » et de plus en plus brutal – qui tente de contrecarrer la politique de l’Etat israélien et de renverser son gouvernement, qu’il s’agisse de l’administration Biden, de l’Union européenne, ou d’autres acteurs hostiles à Israël et à son gouvernement. C’est aussi cette guerre d’influence qui est au cœur de l’actuel débat juridique et politique. L’enjeu de ce débat dépasse de loin les seuls aspects techniques et légaux
évoqués hier devant la Cour suprême. L’enjeu essentiel est de faire d’Israël, 75 ans après la Déclaration d’indépendance, un pays véritablement indépendant. A la veille de l’année 5784, souhaitons que la nouvelle année apporte de bonnes nouvelles pour le peuple d’Israël !