Nasrallah n’a pas peur de l’escalade, étant convaincu qu’Israël évite de lancer une guerre à grande échelle, mais cela pourrait s’avérer être pour lui une erreur cruciale.
Be’hadré ‘Harédim – Méir Gilboa – Attaques au Liban Photo : porte-parole de Tsahal
Orna Mizrahi, chercheuse principale à l’Institut d’études sur la sécurité nationale, estime que même si les deux camps, Israël et le Hezbollah, ne sont pas intéressés par une guerre à grande échelle, les actions sur le terrain pourraient facilement faire dégénérer la situation sur place.
Elle décrit la chaîne des événements du week-end dernier : « Lors d’une opération de Tsahal (12 juin), le commandant de l’unité Nasser du Hezbollah, Taleb Sami Abdullah, responsable des combats contre Israël dans le secteur du sud du Liban, a été éliminé avec 3 autres membres du Hezbollah.
« Abou Taleb est le membre le plus haut placé de l’organisation tué au cours des huit mois qui se sont écoulés depuis le début de la guerre à la frontière libanaise (l’équivalent d’un général de son rang) et son importance se reflète également dans les magnifiques funérailles auxquelles il a eu droit, ainsi que l’intensification significative de la réponse du Hezbollah à son assassinat.
« Le journal Al-Akhbar, proche des éléments du Hezbollah », note-t-elle, « a qualifié cette action de Tsahal de coup dur porté à l’organisation et d’escalade dangereuse, et la dirigeante de l’organisation responsable, Tzipi Al-Din, a promis lors de ses funérailles que le Hezbollah n’hésiterait pas et augmenterait ses attaques tant en portée qu’en distance, comme cela s’est produit dans la pratique : le 12 juin, le Hezbollah a attaqué à grande échelle (environ 200 tirs qui ont causé des dégâts et des incendies) et à une distance portée plus longue qu’avant (dans la Basse Galilée jusqu’à Safed, Rosh Pina et Tibériade). »
« Malgré la recrudescence des activités de Tsahal et la réponse significative et étendue du Hezbollah, qui devrait se poursuivre dans les prochains jours, estime-t-elle, il semble que le Hezbollah soit toujours attentif à maintenir l’équation de la réponse et éviter de dégénérer de sa part en une guerre à grande échelle. »
Selon elle, « à ce stade, l’organisation adopte la stratégie de « guerre d’usure », avec l’intention de la poursuivre jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu soit obtenu à Gaza, pensant que malgré le coût élevé pour l’organisation, cela conduit à de multiples réalisations pour le Hezbollah et le « Front de résistance » dirigé par l’Iran ; il contribue à préserver la survie du Hamas et garantit la victoire et une position améliorée de l’organisation à la fin de la guerre contre Israël et au Liban. »
Elle souligne : « Il semble que Nasrallah veuille toujours éviter une guerre à grande échelle, mais il n’hésite pas à intensifier son activité militaire en partant du principe qu’Israël n’a pas l’intention de déclencher une guerre. Une hypothèse qui pourrait s’avérer fausse, compte tenu du nombre croissant de voix en Israël appelant à une action militaire de grande envergure contre le Hezbollah et le Liban. »
« Au-delà de cela », souligne-t-elle, « il est impossible d’exclure un scénario où les deux camps seraient entraînés dans une guerre de grande ampleur, même si le timing ne leur convient pas, en raison d’une perte de contrôle sur les événements ».