Si les hommes qui nous gouvernent aujourd’hui avaient été aux commandes il y a 80 ans, le Jour-J aurait à coup sûr été annulé. Et nous nous trouverions encore sous la botte nazie.
Parmi les divers fronts qui attendent en 2024 la France issue du 7 octobre, une France qui a choisi de tout entreprendre pour discréditer la riposte existentielle d’Israël contre un totalitarisme islamiste qui tue aussi sur son propre territoire, une France rivée à ses hypocrites injonctions contradictoires – défendez-vous, mais cessez le feu ! –, il en est un que nous n’avons guère anticipé : le front commémoratif. En effet, comment allons-nous faire pour célébrer dans l’honneur, si tant est que ce mot ait encore un sens, le 80ème anniversaire du Débarquement de juin 1944 ? Une date qui, pour les Français, symbolise à elle seule le début de la Libération et allait permettre à la patrie déchue d’être admise au banquet de la victoire au lieu de se voir imposer un protectorat honteux, comme l’Allemagne et l’Italie. Le problème s’annonce épineux.
Il me taraude à titre personnel, la guerre m’ayant surprise à Jérusalem alors que j’achevais la biographie d’un de nos superbes Compagnons de la Libération, le jeune philosophe André Zirnheld (1913-1942), un des premiers rebelles de l’an 1940. Tombé à 29 ans dans le désert de Libye, lui n’a pas pu se joindre à « la bataille suprême », comme l’appelait de Gaulle, à l’instar d’autres fils de cette France libre et debout, dont il était, et qui auront l’honneur de déferler sur les plages de Normandie pour le « choc décisif et tant espéré ». Une France combattante qui n’entendait pas déclarer la paix aux nazis, contrairement à celle de juin 1940 ou de 2023. Ou quand les cataclysmes historiques transforment des leaders jusque-là considérés comme raisonnables en pantins inconsistants. Comment publier ce livre en 2024 sans avoir le sentiment de participer à une mascarade ?
20 000, ou le nombre de victimes civiles du Jour-J
Pourquoi rapprocher juin 1944 et octobre 2023 ? Dans les deux cas, une guerre sans merci, une guerre de survie, une guerre juste contre un ennemi aussi puissant que redoutable avec lequel aucun modus vivendi n’est possible. Ici, un combat visant à libérer l’Europe de l’hydre nazie, là à se libérer d’une menace analogue, portée par une organisation terroriste et totalitaire nourrissant un objectif identique : l’extermination des Juifs et rien d’autre. Un programme d’ailleurs largement inspiré du nazisme, avec lequel les Frères musulmans s’étaient alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Un héritage toujours vivace à en juger par les exemplaires de Mein Kampf en arabe retrouvés cet automne dans les tunnels de Gaza ou encore par l’IPad de cette petite fille avec Hitler en fond d’écran, découvert à la mi-janvier. Surtout, comment fêter cette fois le Jour-J en ayant à l’esprit le terrible bilan humain induit par les raids aériens que les Alliés ont dû mener sur la Normandie à l’été 1944 – à l’instar des Israéliens en 2023 – pour assurer le succès du Débarquement ? Et pour que « derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes », réapparaisse « le soleil de notre grandeur », disait encore de Gaulle ? 20 000 victimes collatérales seront à déplorer parmi les Français. Une tragédie qui, jusque-là, ne nous avait pas empêché de célébrer le 6 juin 1944 comme un fait d’armes majeur.
Ce lourd tribut, généralement considéré comme un drame inévitable par les historiens, le fut aussi par nombre de malheureux en temps réel, qui n’hésitèrent pas à protéger leurs libérateurs une fois au sol. À l’aune des surréalistes critères appliqués à l’Etat hébreu en 2023, il faudrait cependant innover et peut-être tout repenser. Cohérence oblige. Ne conviendrait-il pas d’y voir désormais la plus grande catastrophe humanitaire que la France ait jamais connue, un carnage dû à un usage « disproportionné » de la force, bref, un massacre éhonté ? Transformer les villes normandes en champs de ruines et en « cimetières d’enfants », comme dirait le secrétaire général de l’ONU, est-ce acceptable ? Et si on requalifiait « le Jour le plus long » de jour le plus noir de notre histoire ?
Et le bilan de la guerre à Gaza ? Un « crime contre l’humanité »
Trois mois après le plus grand crime de masse commis contre des Juifs depuis la Shoah – mais à l’évidence, Auschwitz n’oblige plus grand-monde –, l’opinion occidentale n’a donc plus qu’un chiffre invérifiable, mais idéalement accusateur et presque jubilatoire à la bouche : plus de 20 000 victimes « innocentes » à Gaza, enfin selon l’estimation fournie par le Hamas. À condition bien sûr d’inclure parmi ces innocents quelque 9 000 terroristes armés jusqu’aux dents, dont des cerveaux et des assassins du 7 octobre, neutralisés au fil de féroces combats urbains. À condition aussi d’imputer à Israël les morts dus aux quelque 15 000 roquettes tirées par le Hamas, dont deux sur dix retombent dans l’enclave, soit autour de 1 500. Et à condition de faire comme si l’écrasante majorité des victimes n’était pas due à l’abjecte stratégie du Hamas qui consiste à transformer les Gazaouïs en boucliers humains en installant de façon systématique l’ensemble de ses infrastructures de guerre sous des infrastructures civiles. De fait, il n’est pas un hôpital, un dispensaire, un jardin d’enfants, une aire de jeux, une zone humanitaire sécurisée, une mosquée ni une école financée par l’UNWRA, c’est-à-dire par nos impôts, qui à Gaza n’abrite en sous-sol ou dans ses murs des batteries lance-missiles, des entrepôts d’armes et de munitions, des fabriques d’explosifs, des stocks de provision ou des QG opérationnels, les puits des tunnels débouchant en général dans les salles de classe, les halls d’immeubles et parfois même sur les parkings des hôtels où sont logés les journalistes…
De l’aveu même de terroristes arrêtés après le 7 octobre, la tactique est payante : « Nous aimons la mort, les Juifs aiment la vie et rechignent à bombarder ces sanctuaires : c’est leur point faible, nous l’exploitons et l’Occident relaie ». Une pratique qui, à cette échelle et à ce degré de cynisme, relève du jamais-vu. On feindra bien sûr d’ignorer que le Hamas interdit à sa population tout accès à ses 800 kilomètres de tunnels (soit plus que la distance qui sépare Paris de Marseille) pour s’y abriter en cas de frappes. On fera comme s’il ne s’employait pas à empêcher les familles d’évacuer, d’où ces routes de l’automne 2023 à Gaza jonchées de cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens n’ayant pas respecté la consigne. Et comme si le Hamas ne pillait pas les trois quarts de l’aide humanitaire au profit de ses combattants, revendant le reste à prix d’or sur les marchés, d’où la crise alimentaire.
La méthode est simple, assumée et elle fonctionne à tous les coups : « Le sang de nos martyrs pave la voie de la victoire », se vantent les terroristes. Plus il y a de morts, plus il y aura d’idiots utiles ou de pervers subtils de par le monde pour incriminer l’Etat juif et se faire ainsi les complices objectifs de la barbarie islamiste. Ce pourquoi Israël tente précisément de minimiser les pertes quand le Hamas s’efforce de les maximiser pour accroître la pression internationale sur leur ennemi juré. Quant à la question de savoir pour quelles obscures raisons le souci humanitaire ne se déchaîne que lorsqu’il s’agit de condamner l’Etat hébreu – les 400 000 morts dus à la rébellion des Houthis au Yémen n’ont jamais fait descendre quiconque dans la rue –, l’énigme reste entière.
Mais passons sur ces détails. 20 000 victimes, donc, sans parler des destructions matérielles : un crime contre l’humanité ! Depuis quand ne cède-t-on pas à la monstrueuse tactique des terroristes qui vise justement à saper la riposte ? « Tout vaut mieux que d’être mis hors de combat sans combattre », affirmait de Gaulle le 11 juin. Depuis quand l’armée d’un pays sauvagement attaqué et humilié, un peu comme la France en juin 1940, se permet-il de frapper son agresseur de façon intensive afin de dégager des voies d’accès à ses troupes terrestres au lieu de les envoyer à l’abattoir ? Pourquoi pas allumer des bougies, comme on sait si bien le faire en France après chaque attaque, en attendant la suivante ? Un pur scandale, à croire qu’il n’y a que les Juifs pour faire une chose pareille. De quoi les traîner devant la Cour internationale de justice de La Haye pour… « génocide », comme vient de le faire l’Afrique du Sud. Et les Européens n’ont évidemment rien dit, à l’exception de l’Allemagne et de la Hongrie. L’argument de la légitime défense ? Refusé au motif qu’Israël, qui s’étant retiré de Gaza en 2005, l’« occuperait » toujours… C’est que ce drôle d’occupant entendait contrôler les marchandises autorisées à entrer dans l’enclave. Pour désespérer ses habitants ? Non, pour éviter que le Hamas n’accumule d’immenses moyens d’attaque visant à l’anéantir. Le ciment pour la reconstruction ? Israël, dans son ignominie, l’a autorisé : il a servi à bâtir une imprenable forteresse souterraine. Les tuyaux destinés aux canalisations ? Aussitôt détournés pour fabriquer des missiles…
Normandie, été 1944 : tapis de bombes et champs de ruines
Gaza, 2023 – Normandie, 1944. Petit exercice de transposition. 20 000 Normands, dont 8 000 dans le Calvados et environ 4 000 dans la Manche, ont donc péri sous les tapis de bombes, de surcroît « amies », largués par les Alliés avant et après le D-Day. Sans parler des flots de blessés et de déplacés. En quelques jours, une dizaine de villes, autant de nœuds routiers, comme Pont-l’Evêque, Avranches ou Alençon, ne sont plus que décombres. Et sous les décombres, des femmes et des enfants. Un bain de sang. Evrecy perd un tiers de ses habitants, Caen déplore 2000 morts et Rouen 1000 pour la seule journée du 19 avril 1944. Lisieux et Falaise sont détruites à 75% ; Villers-Bocage à 88%, Vire à 95%. Plus un édifice debout. Les photos de l’époque parlent d’elles-mêmes : la Normandie ou Gaza puissance dix. Saint-Lô, surnommée la « capitale des ruines », est rasée à 95%. Et Evreux verra son centre-ville réduit en poussières dès le 13 juin. Un calvaire qui ne se terminera que début septembre avec le Havre, écrasé sous 12 000 tonnes de projectiles et rasé à 82%. Quant aux ports de l’Atlantique, comme Brest, Saint-Nazaire, Lorient ou Royan, ils seront eux aussi dévastés à plus de 80%. Des scènes d’apocalypse. Au total, les bombardements alliés sur l’Hexagone entre 1940 et 1945 ont coûté la vie à 75 000 innocents, dont 40 000 pour la seule année 1944, soit la première cause de mortalité pendant la guerre.
Il y a donc un hic. Si les hommes qui nous gouvernent aujourd’hui avaient été aux commandes il y a 80 ans, le Jour-J aurait à coup sûr été annulé. Et nous nous trouverions encore sous la botte nazie. Imaginons un instant que le président Emmanuel Macron ait été à la manœuvre lors des préparatifs du Débarquement. Il se serait insurgé : frapper les défenses adverses pour permettre aux soldats d’avancer ? Perturber les voies de communication afin d’entraver l’acheminement des renforts allemands sur les plages ? Mais à quel prix ? Vous n’y pensez pas ! se serait-il sans doute indigné. Considérer comme des cibles tout ce qui permet à Hitler de faire la guerre, y compris en zones urbaines : industries, gares, dépôts d’armements, batteries côtières, ponts, routes, voies ferrées, ateliers de réparation, installations portuaires… Et si les populations devaient en pâtir ?
« La bataille suprême » : disproportionnée et immorale !
En juin 1944, le général de Gaulle se serait-il soustrait à son plus élémentaire devoir en invitant ses Français libres, dont une centaine de pilotes, à mener la bataille « avec fureur » et à « détruire l’ennemi qui écrase et souille la patrie » ? Il conviendrait d’examiner la chose de près : cet impitoyable général n’a manifestement pas hésité à « cibler » et sacrifier des milliers de ses compatriotes. Et si on le jugeait par contumace pour « crimes d’atrocité », selon la jolie formule d’une commissaire européenne à propos de Gaza ?
Ce serait innovant : le procureur rappellerait qu’en pleine offensive terrestre – âpre, meurtrière et incertaine, comme le fut la Bataille de Normandie –, « préserver les civils constitue une nécessité non-négociable » devant primer sur toute autre considération, assénait déjà le président français lors de la conférence humanitaire de Paris, début novembre. En juin 1944, certains, dans l’entourage de Roosevelt, auraient également pu voir dans le D-Day « une réponse militaire disproportionnée, immorale et contraire au droit international ». Et, de là, appeler le Congrès à « rejeter le financement des opérations » au motif que « les contribuables américains ne sauraient être complices de la destruction de vies d’hommes, de femmes et d’enfants », ainsi que le réclamait le démocrate américain Bernie Sanders à l’encontre d’Israël ce 3 janvier 2024. On l’a échappé belle…
Serions-nous devenus plus civilisés ? À propos du rôle dévolu à l’aviation dans la plus grande opération amphibie de l’histoire, le général Eisenhower remarquait que « si ces mains s’en trouvaient à être liées, les périls d’une entreprise déjà hasardeuse en seraient fortement renforcés ». Lier les mains de l’Etat juif, surtout quand il emporte bataille sur bataille sur le terrain, tel est pourtant le vertueux objectif « humanitaire » que s’est fixé la communauté internationale à l’encontre du seul avant-poste du monde libre au Moyen Orient. En décembre déjà, les Israéliens étaient engagés sur six fronts : contre le Hamas au Sud, le Hezbollah au Nord, les terroristes de Cisjordanie à l’Est, la Syrie, le Yémen en mer Rouge et l’Irak. Plutôt que de se porter à leur côté, l’Europe a au contraire jugé bon, au fil d’un marathon onusien insensé, d’ouvrir un septième front. Et de voter une résolution réclamant l’arrêt des hostilités, autrement dit la disparition de l’Etat juif, prié de se coucher face à ses ennemis mortels.
Aux Israéliens agressés, on intime à tout bout de champ l’ordre de « cesser le combat », comme disait Pétain. Aux agresseurs islamistes, on ne demande rien. La France aurait pu faire un autre choix. Début décembre, alors que des centaines de terroristes commençaient à se constituer prisonniers, elle aurait pu dire à leurs chefs : « Rendez-vous, libérez les otages, cessez cette folie et demandez pardon ! À votre peuple d’abord, que vous entraînez dans l’abîme. À l’Occident ensuite pour avoir détourné en faveur de votre machine de guerre les milliards d’euros que nous déversons depuis près de vingt ans dans votre enclave, des sommes gigantesques censées transformer Gaza en Singapour du Moyen-Orient. Nous raisonnions à l’occidentale, comme les Israéliens, et nous nous sommes trompés car on l’a compris ce 7 octobre, vous vous moquez du développement économique et social de votre fief, seule vous important la destruction pure et simple d’Israël. Ne comptez plus sur notre complicité, elle se révèle déjà assez embarrassante ». On a trouvé plus digne de prolonger par d’autres moyens le joyeux labeur du pogrom entamé le 7 octobre, ainsi passé de local à mondial – d’où l’éclatement du tout premier pogrom planétaire de l’histoire.
Détruire l’ennemi ? Cruels libérateurs
S’en sortira-t-on en avançant, à l’avantage des Alliés, qu’à l’époque, les frappes étaient forcément moins précises ? Sauf que cet argument se trouve largement compensé par le fait que Tsahal opère sur le pire théâtre qui soit. Un cas unique dans les annales de l’histoire militaire. Car Gaza ne désigne pas un territoire où des équipements guerriers seraient disséminés par-ci par-là, mais une zone entièrement transformée en gigantesque et tentaculaire mégalopole de la terreur, en sous-sol comme en surface. Une base terroriste à l’échelle d’une province. D’où des ennemis invisibles et insaisissables, sortant de terre comme des rats pour attaquer avant de rentrer dans leurs tunnels, souvent enfouis à 20 ou 50 mètres, assez larges pour laisser passer des véhicules, dotés du confort le plus moderne (électricité, système de ventilation, ascenseurs, etc.), le tout sur plusieurs étages dûment protégés par des fortifications en chair et en os. Même les nazis n’y avaient pas pensé !
Comment les Alliés auraient-ils procédé si la Bataille de France les avait placés face à un tel défi ? Pour épargner les populations et limiter les dommages collatéraux, auraient-ils mis sur pied un régiment spécial dont l’unique vocation est de prévenir les populations en larguant des millions de tracts pour les inviter, avant les frappes, à déserter les lieux visés ? À la télévision israélienne, un présentateur du soir montrait ainsi sur une carte les zones de l’enclave devant être ciblées le lendemain, des flèches indiquant les voies à emprunter pour évacuer, des avertissements également envoyés par SMS ou par téléphone, quitte à compromettre l’effet de surprise. Une scène plutôt inédite par temps de guerre. Pour permettre aux Français, aux administratifs allemands ou aux familles des soldats d’occupation de s’éloigner avant les bombardements, on ne sache pas non plus que Churchill et Roosevelt aient songé à dépêcher des unités avec pour mission de s’interposer par les armes entre ces foules et, en face, d’éventuels tueurs SS chargés, comme à Gaza, de pilonner les colonnes pour les dissuader de se mettre à l’abri. On n’a pas non plus souvenir que des corridors à destination des civils, français ou allemands, aient été envisagés en Normandie. Et ces milliers de camions d’aide humanitaire (plus d’une centaine par jour à Gaza) à destination de l’adversaire, une aide dont la distribution est contrôlée par le Hamas et dont la portée tactique peut se révéler fatale à Tsahal ? En 1944, rien non plus de la sorte. De Gaulle n’a pas pensé à mobiliser la Croix-Rouge ni à consentir à des « trêves » de charité de façon à ce que l’ennemi, « prêt à tout faire pour échapper à son destin », se refasse une santé. Il est assez rare qu’un belligérant, qui a en principe intérêt à mettre son adversaire à genoux, accepte d’entretenir son effort de guerre en lui permettant de reconstituer quotidiennement ses stocks de carburant, de vivres et de médicaments. Force est de l’admettre, Tsahal fait comparativement beaucoup mieux que les cruels libérateurs de juin 1944.
Alors comment la France de l’après 7 octobre, c’est-à-dire de juin 1940, va-t-elle s’y prendre pour commémorer en grande pompe les 80 ans d’un débarquement en forme de « massacre », d’inadmissible « carnage » humanitaire, du moins à suivre les critères appliqués à Israël en 2023 ? Il y a trois options : se ressaisir, décréter le 6 juin 1944 jour de deuil national ou se livrer une fois de plus à une opération en trompe-l’œil relevant de l’art pour l’art. Le genre de manœuvre « à laquelle les Français attachent une importance d’autant plus grande qu’elle ne dupe personne, même pas eux-mêmes », écrivait le colonel de Larminat dans ses Chroniques irrévérencieuses. Mais quelle importance puisque les uns ne s’en apercevront pas et que les autres se tairont ?
Le Compagnon de la Libération André Zirnheld doit, lui, se retourner dans sa tombe… D’autant que sans l’extraordinaire soutien apporté par les pionniers de Palestine mandataire aux jeunes déserteurs français du Levant ayant rallié de Gaulle à l’été 1940, ces derniers auraient été tragiquement seuls. Comme Israël aujourd’hui.