En effet, Macron se retrouve piégé par sa propension aux petites phrases off dont il est devenu le spécialiste. Et qui peut croire qu’un Conseil des ministres, qui plus est en période de quasi-cohabitation, n’est pas un lieu officiel de la parole présidentielle ! Le proche conseiller d’un ministre de droite interrogé par Le Figaro n’hésitait pas à enfoncer le clou : « Rien ne va, dans cette histoire. Les fuites du Conseil des ministres, c’est vieux comme le Conseil des ministres. L’Élysée n’a pas démenti tout de suite et le correctif est flou alors que la phrase est claire ».
Le plus grave, pour Macron, c’est qu’il apparaît complètement à contretemps, à la remorque des événements. Car l’événement, en cette fin de semaine, c’était évidemment l’élimination du chef du Hamas Sinouar par Tsahal, décryptée par Arnaud Florac. Au verbe maladroit et empêtré de notre Président, qui ne fait que traduire son absence de ligne claire, s’opposait l’acte par excellence de la guerre : l’élimination de l’ennemi en la personne de son chef sanguinaire. Sa réaction à l’événement, calquée sur celles des leaders américains, un cran en dessous pour essayer de maintenir une introuvable « politique arabe de la France », se contentait de saluer un « succès militaire pour Israël ». Rien d’autre sur le leader terroriste en question… Macron fut incapable de mentionner le sinistre CV du sieur Sinouar, là où, à Berlin, le ministre des Affaires étrangères allemand Annalena Baerbock le rappelait explicitement : « Sinouar était un assassin cruel et un terroriste qui voulait détruire Israël et son peuple. En tant qu’instigateur de la terreur du 7 octobre, il a causé la mort de milliers de personnes et une souffrance incommensurable à toute une région ». Tout comme le Premier ministre britannique. Pâle, lisant son texte, Macron était certainement conscient que le peu d’influence qu’il aurait pu avoir à ce moment-là était complètement anéanti par ses prises de distance réitérées et inopportunes avec Israël. Ne voit-il pas, non plus, qu’en pensant ménager la rue arabe chez nous, en ne rendant pas à Sinouar ce qui lui revient, il contribue à la déformation historique sur laquelle prolifèrent islamisme, extrémisme pro-palestinien et antisémitisme ?
Les années Macron auront durablement abîmé l’image et l’influence de la France sur le plan international, avec des répercussions sur les fractures françaises. L’Histoire retiendra qu’il ne fut surtout qu’un diseur, et un diseur maladroit.