Le principal parti d’opposition en Turquie a annoncé que la grande mobilisation contre l’arrestation du maire d’Istanbul se poursuivrait, appelant le président Recep Tayyip Erdoğan à avancer les élections.
« En novembre, tu affronteras notre candidat », a déclaré Özgür Özel, président du CHP (Parti républicain du peuple), sur fond des plus grandes manifestations qu’ait connues le pays depuis plus d’une décennie.
YNET
Le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, est considéré comme le principal rival politique d’Erdoğan.
« Ils n’ont pas le courage de nous affronter. Ils pensent que les divisions dans la société leur permettront de rester au pouvoir », a accusé Özel.
Ce dimanche, Özgür Özel a assuré que la mobilisation populaire se poursuivrait, et a appelé Erdoğan à convoquer des élections anticipées au plus tard en novembre.
Les manifestations massives, les plus importantes en Turquie depuis plus de 10 ans, ont commencé le 19 mars, après l’arrestation d’İmamoğlu, membre du CHP et figure très populaire, soupçonné de corruption.
Les autorités turques ont décidé qu’il resterait en détention jusqu’à l’ouverture de son procès.
L’opposition et plusieurs pays occidentaux ont condamné son arrestation, qu’ils considèrent comme une persécution politique visant à éliminer le principal adversaire d’Erdoğan.
Le gouvernement turc, lui, affirme que la justice est indépendante et non politisée.
Pendant les manifestations, Erdoğan a déclaré que les protestataires « semaient la terreur dans les rues » et détruisaient l’économie.
Une semaine plus tard, les organisateurs de la contestation ont appelé à une journée de boycott économique, où aucun achat ne serait effectué, en signe d’avertissement envers un régime qu’ils jugent de plus en plus autoritaire.
İmamoğlu, en plus d’être le maire très populaire d’Istanbul, est le candidat désigné du CHP à la prochaine élection présidentielle.
Bien que l’élection ne soit prévue que pour 2028, Erdoğan, qui est au pouvoir depuis 23 ans, devra avancer le scrutin s’il souhaite briguer un nouveau mandat, conformément à la loi.
Özgür Özel, réélu aujourd’hui à la tête du CHP, a déclaré lors d’un rassemblement à Ankara que la protestation se poursuivrait sans relâche, avec des manifestations chaque semaine dans une ville différente, et chaque mercredi à Istanbul.
« En novembre, tu seras face à notre candidat », a lancé Özel à Erdoğan.
« Notre campagne est le plus grand vote de défiance de l’histoire.
Nous te défierons avec notre candidat à nos côtés.
Nous t’invitons à consulter une nouvelle fois la volonté du peuple. »
Il a poursuivi : « Ils n’ont pas le courage de rivaliser avec nous dans le service public.
Alors, ils essaient d’intimider les autorités locales et notre opposition en utilisant les leviers du pouvoir contre leurs rivaux.
Ils pensent pouvoir rester au pouvoir en divisant le peuple et en créant de nouveaux conflits. »
Des centaines de milliers de Turcs ont participé aux manifestations à travers le pays.
Bien que la majorité des rassemblements soient restés pacifiques, près de 2 000 manifestants ont été arrêtés, dont environ 300 restent en détention jusqu’à leur procès.
Le 23 mars, quatre jours après l’arrestation d’İmamoğlu, le CHP a officiellement validé sa candidature à la présidence.
Le parti a annoncé que près de 15 millions de personnes avaient voté en sa faveur, dont plus de 13 millions de non-membres du parti, venus exprimer leur soutien au maire emprisonné.
Selon Özel, plus de 7 millions de personnes ont signé une pétition réclamant la libération d’İmamoğlu.
