Le livre explosif du prisonnier Ehoud Olmert

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L’ex-premier ministre israélien souhaite bénéficier d’une libération anticipée à la suite de sa condamnation pour corruption active. Mais la rédaction, en détention, d’un livre compromettant pour les autorités israéliennes pourrait lui coûter cher.

Condamné à 18 mois de prison pour corruption active, l’ex-premier ministre israélien Ehoud Olmert (72 ans) espère toujours ne pas purger sa peine jusqu’à son terme. Ses trois avocats se sont d’ailleurs présentés dimanche matin devant la Commission des libérations de l’administration pénitentiaire afin d’obtenir une remise en liberté conditionnelle à partir du 2 juillet prochain.

Car cet organe accorde toujours une remise de peine pour autant que le demandeur ne soit pas un récidiviste, qu’il ait fait preuve de bonne conduite, et qu’il ait exprimé des remords pour ses actes passés. L’ennui, c’est que l’ex-premier ministre, qui est enfermé dans l’aile numéro 10 (réservée aux VIP) de la prison Ma’assiyahou, ne remplit pas toutes ces conditions.

Révélations «explosives»

Il a en effet mis à profit son passage derrière les barreaux pour rédiger des Mémoires présentés comme « explosives » ou « dérangeantes ». Selon son entourage, le texte contiendrait des révélations sur les dessous peu reluisants de la politique israélienne mais également sur plusieurs dossiers stratégiques. Entre autres, sur le bombardement, en septembre 2007, dans la région de Deir ez-Zor (Syrie), du chantier d’un réacteur nucléaire que la Corée du Nord construisait pour le compte du régime de Bachar el-Assad avec l’aide de l’Iran.

Certes, le fait qu’Ehoud Olmert rédige un livre n’est pas un secret. Lorsqu’il s’est lancé dans ce projet il y a un an, il a prévenu l’administration pénitentiaire et accepté de remettre régulièrement son texte au directeur de la prison afin que celui-ci le garde dans son coffre avant de le transmettre à la censure militaire pour accord.

Cellule fouillée

Cependant, il y a quelques mois, l’ex-premier ministre a cessé de transmettre ses épreuves à la censure. Et le 18 mai dernier, à l’occasion du contrôle de l’un de ses avocats qui venait de le rencontrer en cellule, les gardiens ont découvert des documents sensibles servant à alimenter le manuscrit.

Informé, le directeur de Ma’assiyahou a aussitôt ordonné la fouille de la cellule de son illustre pensionnaire où d’autres notes manuscrites cachées ont également été saisies. Le parquet, ainsi que le Shabak (la Sûreté générale) et le Melmab, un petit service secret dépendant du Ministère de la défense dont il est chargé de protéger les secrets, ont alors été prévenus.

Ehoud Olmert veut-il régler des comptes en révélant des affaires confidentielles? En tout cas, l’affaire affole l’establishment sécuritaire israélien. D’autant que celui-ci ne parvient pas à savoir ce que contiendra vraiment l’ouvrage.

Quinze ans de prison, peine maximale

Voilà pourquoi le parquet a ouvert une enquête judiciaire pour « transmission de documents confidentiels à une personne non autorisée ». Une imputation pénale grave, proche de celle d’espionnage, et qui pourrait valoir à l’ex-premier ministre une peine maximale de 15 ans de prison.

C’est d’ailleurs dans le cadre de ce nouveau dossier que l’Unité 433, l’équivalent israélien du FBI, a perquisitionné jeudi dernier au siège de Yedi’oth Books, la maison d’édition du quotidien Yedioth Aharonot, ainsi qu’au domicile de son directeur. Résultat ? Les enquêteurs ont fait chou blanc. Ce qui ne les a pas empêchés d’emporter d’autres manuscrits rédigés par des personnalités politiques et des journalistes.

Ces dernières heures, le parquet a multiplié les pressions sur la Commission des libérations pour qu’elle remette à plus tard sa séance consacrée à l’examen du « dossier Olmert » mais celle-ci a refusé, estimant que l’enquête en cours ne doit pas influer sur la remise en liberté éventuelle de l’ex-homme fort de l’Etat hébreu.

Source www.letemps.ch

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