Hélas, le renversement des rôles par l’inversion des valeurs est une réthorique usuelle de tous les totalitarismes qui n’ont pour objectif que la justification de l’injustifiable. Mais, ceux-là se dissimulaient derrière des écrans de fumée idéologiques, et prenaient soin de cacher, autant que possible, leurs méfaits.
La propagande nazie transformait les Einsatzgruppen en héros d’une juste guerre contre le bolchevisme et les camps de concentration en camps de “travail” (Arbeit macht frei). Les goulags staliniens comme les fermes du retour à la terre de la « révolution culturelle » maoïstes ou ceux des khmers rouges, étaient censés rééduquer les opposants récalcitrants à faire prévaloir le bien commun sur les intérêts petits bourgeois individualistes…
Hic et nunc, les bourreaux se muent en victimes par la bénédiction de l’image manipulée, par la sanctification d’une résistance autoproclamée qui absout tous les crimes avant même qu’ils ne soient commis.
Lorsqu’elles sont reconnues, les exactions sont glorifiées à visage découvert. Ne convient-il pas de se demander quelle en est la raison ?
Elle semble au moins double.
Seuls les citoyens israéliens sont légitimes à critiquer le gouvernement qu’ils ont porté au pouvoir. Mais, à l’observateur étranger, il paraît bien que la politique intérieure et frontalière menée depuis longtemps était génératrice de failles potentielles, plus orientée vers des objectifs idéologiques que vers la protection d’un peuple par la prévention des conflits, ou la détection des mensonges de l’ennemi potentiel.
Un statu quo qui semblait confortable a endormi la vigilance indispensable à la gestion d’un état de guerre latent, laissant aux terroristes de l’intérieur le temps de préparer sa revanche face à un sionisme dominant qui aurait humilié l’islam arabe. L’aveuglement des dirigeants eut pour conséquences la démobilisation des esprits face à une menace dont l’immédiateté potentielle était remisée sur des étagères empoussiérées dans une cave où la porte était fermée sans cadenas. Belle occasion pour l’ennemi intérieur de laisser croître les ferments de sa haine, et de les utiliser pour emblaver un terreau propice. Le 7 octobre, qui l’a vu venir alors que ce sont au moins 3000 terroristes qui ont passés la frontière : donc une armée, pas un commando ??? !!!
L’occasion était autant attendue que rêvée par le Hamas.
Une espèce d’accord munichois tacite qui tait son nom en vertu d’illusions assises sur une coupable bienséance.
L’humiliation de l’ennemi, d’Israël, des Juifs, devenait ainsi un impératif politique et stratégique.
C’est cette logique mortifère qui conduit à la deuxième raison qui promeut l’étalage obscène de la violence barbare.
Pour se démarquer de l’incompétente indolence de l’Autorité Palestinienne, il faut mettre en avant les exploits de ces héros, de ces esprits purs possédés par la dimension divine de leur action sacrificielle, et donc espérer faire lever des pépinières d’émules dans tout le Moyen Orient et au-delà…
Là où les pires dictatures maquillaient leurs exactions, le Hamas a besoin de les propager pour mobiliser de nouvelles troupes formatées pour accepter sans réserve l’impérieux devoir “saint” de la revanche du palestinien victime du juif oppresseur.
Ce qui est le plus grave réside dans l’aveuglement des démocraties qui entrent, justement parce qu’elles sont aveugles, dans les ténèbres de l’obscurantisme triomphant. La France, dans un état de délabrement, pour ne pas écrire de décomposition civilisationnelle avancée, en représente le plus triste exemple. L’histoire contemporaine montre que les démocraties ont triomphé des dictatures parce qu’elles étaient convaincues de la justice légitime de leur combat. Est-ce encore le cas aujourd’hui ?