Lieberman convoque le directeur de la radio Galé Tsahal, la « radio de l’armée »
Le ministre de la Défense a demandé des éclaircissements au directeur de la radio Galé Tsahal, Yaron Dekel, à propos de l’émission diffusée sur les ondes hier où des textes du poète Mahmoud Dervich ont été lus dans le cadre d’une soirée consacrée aux « textes israéliens fondateurs ».
Galé Tsahal, radio Tsahal ou radio de l’Armée israélienne, également connue sous le nom de Galatz, est une radio nationale israélienne fondée en 1950 et appartenant à l’Armée de défense d’Israël. Elle est animée et gérée par les conscrits du service militaire obligatoire. C’est dire combien elle est censée représenter la voix officielle du pays.
Mais dans la réalité, c’est fort peu le cas. Lieberman a déclaré que « à première vue, il semble qu’il s’agisse de faits très graves, puisqu’il est question d’avoir diffusé des textes s’opposant au sionisme qui sont aujourd’hui utilisés comme combustible pour les activités terroristes contre Israël. Or, pour la radio de Tsahal, il est inconcevable qu’on puisse mettre au même niveau ce genre de textes avec des poèmes comme « Jérusalem dorée – Yerouchalaïm chel zahav » ou encore avec « Le plateau d’argent – Magach chal zahav ». »
La ministre de la Culture, Miri Reguev, s’était en effet exprimée violemment la veille contre cette émission qui avait été essentiellement dédiée au poète national palestinien Mahmoud Dervich. « Galé Tsahal a littéralement déraillé » avait-t-elle déclaré. « Une radio publique ne peut pas se permettre de magnifier et glorifier une œuvre littéraire anti-israélienne en la présentant comme s’il s’agissait d’un des « textes israéliens fondateurs ».» Selon elle, « Mahmoud Dervish n’est pas israélien, ses textes ne sont pas des textes israéliens et dans leur essence-même, ils prônent la résistance aux valeurs de la société israélienne. » Reguev avait enfin souligné qu’elle se tournerait personnellement vers le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman.
Parmi les chansons de Mahmoud Dervish diffusées sur Galé Tsahal, on a en effet pu entendre le titre : « Notez-le, je suis arabe » où le parolier écrit en particulier : «… Je ne déteste pas les gens / Et je ne suis pas gênant / Mais si la faim me prend / Ma nourriture sera l’occupant… »
La radio Galé Tsahal a vu le jour dans les années soixante-dix au sein des milieux universitaires de diffusion, elle se présentait alors comme « une plate-forme radiophonique permettant au milieu universitaire d’enrichir et de surprendre les auditeurs. » « La liberté universitaire exige de nous que nous puissions enrichir nos auditeurs » avaient alors déclaré ses fondateurs.
Le député de la Liste arabe unie, Ayman Odé a déclaré quant à lui que « le ministre de la Culture a peur de la poésie. Elle sait que si nous apprenons à connaître la culture de chacun d’entre nous, nous en arriverions sûrement un jour à pouvoir vivre ensemble dans la paix. »
D’un autre côté, quand l’hôpital commence à se moquer de la charité, c’est qu’effectivement que quelque chose ne tourne plus rond.