Par Samuel Fitoussi – Mabatim
Mercredi 18 septembre 2024, journal de 7h00 de France Inter.
La veille les Israéliens ont fait exploser des milliers de bippers qui équipaient les membres du Hezbollah. Il y a beaucoup à dire sur cette attaque.
On peut s’intéresser au travail des services secrets, à ce procédé audacieux et sans précédent qui permet de désorganiser les communications de l’ennemi et d’éliminer un grand nombre de combattants en limitant les autres pertes humaines, inévitables quand les terroristes vivent parmi la population civile.
On peut noter que la présence parmi les victimes de l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth en dit long sur les liens entre ce pays et le Hezbollah.
France Inter ne va rien dire de tout cela.
« Mon fils est un héros. C’est un honneur qu’il soit tombé en martyre contre les plus grands oppresseurs de ce monde. »
Puisqu’on est sorti du domaine de la compassion, on aurait pu donner quelques précisions sur la nature de cette « milice chiite » qu’est le Hezbollah.
– On aurait pu préciser qu’elle est considérée par de nombreux pays comme une organisation terroriste (l’Union Européenne ne catalogue ainsi que sa branche armée, qu’elle distingue de sa branche politique, alors que le Hezbollah lui-même refuse toute distinction de ce type).
– On aurait pu ajouter que le Hezbollah est responsable des attentats en 1983 à Beyrouth contre les casques bleus de la force multinationale, qui ont tué 58 soldats français et 248 américains.
– Qu’il est également impliqué dans les attentats terroristes à Paris en 1985 et 1986 (dont celui de la rue de Rennes, devant le magasin Tati, un autre 17 septembre (1986), qui fit 7 morts et 55 blessés).
– France Inter pourrait aussi ajouter que par solidarité avec le Hamas le Hezbollah lance quotidiennement depuis le 8 octobre 2023 des dizaines de roquettes sur Israël, chassant les habitants du nord du pays et provoquant les combats actuels.
Rien de tout cela donc, France Inter reste dans la compassion et donne la parole aux victimes et à leurs proches, même si c’est pour délivrer un discours fanatique.
Le journal ne va même pas mentionner que les victimes sont des enfants.
On évoque la peur de l’escalade « après un tir de roquette sur le plateau du Golan, en territoire annexé israélien, tir imputé au Hezbollah libanais et qui a fait 12 morts. » Les faits sont expédiés en une phrase.
Ce qui est dit, et surtout ce qui n’est pas dit dans cette phrase, relèvent de choix significatifs.
On ne mentionne pas que les morts sont des enfants et on ne mentionne toujours pas que le Hezbollah est une organisation terroriste.
Mais on mentionne que le Golan est un territoire annexé israélien, sans préciser toutefois qu’il l’est depuis la guerre des six jours, en 1967, au cours de laquelle les pays arabes voisins d’Israël ont tenté de l’anéantir, et sans préciser non plus si cela justifie ou simplement explique le bombardement du Hezbollah libanais sur cet ancien territoire syrien.
Et bien sûr le tir n’est pas le fait du Hezbollah, il est simplement « imputé » au Hezbollah.
Pour ajouter au pathétique c’est à une fillette de 7 ans qu’on demande d’en parler. Pour terminer un autre témoin déclare :
« Le Hezbollah a protégé notre terre et nous lui devons la libération ».
Fin du sujet.
Le Hezbollah a tué 12 enfants mais les auditeurs de France Inter ne le sauront pas. Ils sont invités à retenir que le Golan est un territoire annexé par Israël et que le Hezbollah a libéré les Libanais.
La position anti israélienne de France Inter n’est plus à démontrer. Mais cette radio de service public pourrait l’exprimer de manière plus nuancée, sans chanter la gloire du Hezbollah à tout propos. » SF
Lire également cet excellent article :
https://le-choix-des-mots.fr/2024/09/21/lamour-de-france- inter-pour-le-hezbollah/…